Le carnet de notes des Bleus (2/2) : La boxe première de la classe

Le très, très bon élève de la classe durant ce séjour à Rio. Avec six médailles, deux en or, deux en argent, deux en bronze, la boxe a été le sport numéro un pour la délégation française à Rio. Personne n'a ramené plus de médailles, personne n'a ramené plus de médailles d'or. C'est une cuvée historique pour un groupe très uni autour du souvenir du regretté Alexis Vastine, très bien préparé par un staff remarquable. Il y avait du talent, il y a eu aussi beaucoup d'ondes positives et de vrais coups de cœur, du couple Yoka-Mossely en passant par Sofiane Oumiha ou Sarah Ourahmoune. Merci et bravo.

Trois médailles, dont deux titres. Pas de doute, l'équitation tricolore a fait oublier le fiasco londonien, dans des proportions inespérées. Le concours complet, titré par équipes et argenté en individuelle grâce à Astier Nicolas, n'a jamais été à ce point à la fête et le titre collectif en saut d'obstacles a été la cerise sur le gâteau, surtout en l'absence du numéro 2 mondial, Simon Delestre, contraint de déclarer forfait à cause de la blessure de son cheval. Petit regret sur l'épreuve individuelle en saut d'obstacles où, après avoir été longtemps en course pour le podium, les "vestes bleues" ont finalement coincé. Mais le bilan est exceptionnel.

Comme quoi, il faut toujours attendre la fin de la foire... Après cinq jours, la France ne comptait qu'une seule médaille en dix catégories, celle de Clarisse Agbegnenou (argent). "Crise", "fiasco" ou "débâcle" étaient alors les mots plus usités. Mais les deux dernières journées ont sauvé la mise. De l'argent pour Tcheuméo, du bronze pour Maret puis ce formidable coup double en or chez les lourds en guise de bouquet final. Attendu pour Teddy Riner, beaucoup moins pour Emilie Andéol. Résultat, avec cinq médailles dont deux titres, le judo français a certes fait un tout petit peu moins bien qu'à Londres (sept médailles dont deux titres) mais combien de sports peuvent afficher un tel bilan, et encore en faisant la fine bouche ?

La quinzaine s'est terminée sur un goût d'inachevé avec les deux finales perdues, par les filles samedi et les garçons dimanche. Reste que pour perdre une finale, il faut d'abord l'atteindre. Ces Jeux ont confirmé la très belle santé du hand français et si les Experts, honte à eux (on plaisante) n'ont pas réussi à remporter leur troisième titre olympique consécutif, la première médaille des filles dans le cadre des J.O. fut une magnifique surprise. Ces deux équipes ont donné beaucoup d'émotions, il ne fallait pas être cardiaque, mais Rio restera une jolie réussite d'ensemble. Moins de médailles que d'autres sports moins bien notés, certes, mais deux médailles, ici, c'est du 100%...

Voilà un autre fiasco londonien effacé. Le zéro pointé de 2012, sans un seul tireur dans le dernier carré en individuelle, avait laissé l'escrime française en lambeaux. Pendant quatre années, le travail de remise en question et de reconstruction a été fait, et bien fait. L'or par équipes à l'épée masculine a permis aux Français de finir en beauté. Les fleurettistes avaient rapporté de l'argent et Gauthier Grumier du bronze en solo à l'épée. Au-delà de ces trois médailles de toutes les couleurs, ce qui est rassurant, c'est de voir que les Français ont pu jouer le podium dans beaucoup d'épreuves, en témoignent les quatrièmes places, certes frustrantes mais aussi prometteuses, de Lauren Rembi à l'épée et Manon Brunet au sabre.

Il y a donc une vie après Tony Estanguet. Le départ du triple champion olympique à la retraite n'a pas nui au rendement du canoé-kayak français qui, à l'instar de l'escrime, a obtenu une médaille d'or, une d'argent et une de bronze. Tout n'a pas été parfait, il y a eu des échecs et des déceptions, le canoë en ligne a été "sauvé" in extremis par Maxime Beaumont, mais le titre magistral de Denis Gargaud en K1, avec la remise de la médaille par celui à qui il a succédé au palmarès, Tony Estanguet en personne, a été un des moments forts des Jeux pour la délégation française.

Six médailles (trois en argent, trois en bronze), l'athlétisme français n'avait plus connu pareille moisson depuis 1948. Pourtant, faute de médaille d'or, la France n'apparait qu'au 21e rang au classement des nations. Mais la densité collective des Tricolores a été appréciable. L'argent de Melina Robert-Michon au disque a été une superbe surprise, et celui de Kevin Mayer au décathlon a permis au Français de devenir le 6e meilleur performeur de l'histoire. Pas vraiment une médaille au rabais. Ajoutons les quatrièmes places de Martinot-Lagarde et Bosse, et la finale de Vicaut, une première depuis 26 ans sur 100m, et la cuvée est plus que présentable. Deux gros regrets : l'absence d'or, que Lavillenie et Diniz visaient clairement, et le fiasco des relais.

Médaille d'or pour Charline Picon en planche à voile, bronze pour Pierre Le Coq, également en planche à voile et pour le duo Camille Lecointre – Hélène Defrance en 470... La voile a apporté sa contribution à la moisson tricolore à Rio. Le bilan est meilleur qu'à Londres (une seule médaille, en bronze) mais il laisse quand même un parfum de regrets car les ambitions étaient grandes, et à juste titre. Il y avait un potentiel pour cinq ou six médailles et au moins deux titres. La grande déception est pour Billy Besson et Marie Riou, quadruples champions du monde en Nacra. Mais leurs espoirs ont été ruinés par la hernie discale qui a touché Besson, empêchant le Tahitien de vraiment défendre ses chances.

Il n'y a certes "que" deux médailles, mais l'une d'elles est en or et l'aviron français attendait ça depuis Athènes en 2004. Le deux de couple poids léger, composé de Pierre Houin et son nouveau partenaire Jérémie Hazou était très attendu. Favoris de leur course, les Français ont tenu bon sous la pression. Une des belles satisfactions de ces Jeux. Le quatre sans barreur poids léger a ajouté du bronze et ces Jeux, sans être extraordinaires, sont très corrects pour les rameurs tricolores.