Jeux Sotchi 2014 - Médailles: La France est partie doucement, mais elle peut croire au record

Jusqu'à dimanche matin, le consensus publico-médiatique amenait à juger que l'équipe de France vivait des petits Jeux à Sotchi. Quatre médailles en huit journées de compétition, ce n'était pas fracassant. Mais après les deux bronzes du relais masculin en ski de fond et de Chloé Trespeuch en snowboardcross, les Tricolores virent avec six podiums au compteur à l'issue de la première semaine et une 13e place au tableau des médailles. Certains échecs majeurs jusqu'à présent (en premier lieu, le ski alpin et la 35e place de Jason Lamy-Chappuis en combiné nordique) ont pu donner, à tort, l'impression que le bilan n'était pas bon.

Mais ces couacs considérés à juste titre comme importants ont été compensés par certaines belles satisfactions. Les deux médailles dominicales, pas vraiment attendues, en sont le meilleur exemple. Du coup, entre bonnes et mauvaises surprises, la France est à peu près là où on l'attendait avant la dernière ligne droite avec ses six médailles dont deux en or. Il y a quatre ans, à Vancouver, elle totalisait huit médailles à ce stade de la quinzaine. Elle n'allait en glaner que trois de plus lors des sept derniers jours. Cette fois, la délégation tricolore peut espérer vivre une seconde semaine à peu près aussi fructueuse que la première.

Le Comité olympique français avait annoncé un objectif ambitieux de 15 médailles. Il sera difficile à atteindre même s'il n'est pas impossible que les Français justifient la gourmandise pré-olympique du CNOSF. En revanche, il est tout à fait possible que la France établisse un nouveau record de médailles aux Jeux d'hiver. Les 11 médailles de Salt Lake City (2002) et Vancouver (2010) constituent pour l'instant une référence. Avec un peu de réussite, mais sans miracles à répétition, une douzaine de podiums dont un tiers de médailles d'or apparait un horizon raisonnable. Mine de rien, cela ferait de Sotchi une campagne historique pour la France.

Il reste une grosse quinzaine d'épreuves dans lesquelles les Bleus peuvent légitimement briguer une médaille. Certaines sont moins accessibles que d'autres mais, on l'a vu ces derniers jours, les médailles ne viennent pas toujours de là où on les attend. C'est le charme des Jeux. Il suffirait qu'une toute petite moitié de ces 15 ou 16 épreuves tournent bien pour que le record de Salt Lake et Turin soit battu. Pour cela, il faudra que le biathlon continue de jouer son rôle de locomotive, ce qu'il fait admirablement depuis Vancouver. Il reste cinq courses, dont trois relais et chacune de ces disciplines apporte son lot d'espoirs.  Mais le biathlon n'est pas le seul à générer des envies de métal. Le freestyle, avec Ophélie David et Jean-Frédéric Chapuis en skicross et Kevin Rolland et Marie Martinod en ski half-pipe,  a les moyens d'être un joli moteur. , avait la bonne idée d'éviter un deuxième zéro pointé consécutif après celui de 2010, cela faciliterait également les choses…

On dit généralement que, pour avoir une idée approximative du nombre de médailles d'une délégation, il faut prendre la totalité de ses chances raisonnables de médailles et la diviser par deux. La France pourrait donc obtenir sept à huit médailles d'ici la fin des Jeux de Sotchi. Mais des mathématiques, qui plus est approximatives, à la réalité olympique, il y a parfois loin. Voici donc quatre scénarios bleus, quatre façons d'envisager la fin de ces Jeux de Sotchi.

Scénario pessimiste : 8 médailles ou moins. Une petite breloque arrachée en biathlon, éventuellement une autre ailleurs et la France se contente d'une seconde moitié de quinzaine bien maigrichonne. Huit médailles, ce serait un total identique à celui de Nagano en 1998. Mais il y a aujourd'hui davantage d'épreuves et le potentiel initial supérieur.

Scénario raisonnable : 10-11 médailles. La France se retrouverait ainsi au niveau de son record. C'est tout à fait jouable. Dans ce cas, le nombre de médailles d'or pèsera de tout son poids dans l'estimation de la réussite de ces Jeux. Pour l'instant, les Tricolores en sont à deux, comme à Vancouver. Il serait décevant que la Marseillaise ne résonne plus sur les bords de la Baltique.

Scénario optimiste : De 12 à 14 médailles. Ce serait donc un nouveau record. Cela passe, encore et toujours, par un Fourcade en fusion, le réveil de nos skieurs alpins, la solidité des leaders du snow et du freestyle. Un ou deux peuvent passer au travers, mais il faut qu'au moins la moitié tiennent leur rang durant cette dernière semaine.

Scénario rêvé : Plus de 15 médailles. Martin Fourcade continue son carton et les relais se mettent au diapason. Cette hypothèse haute n'est de toute façon réalisable qu'avec un fort apport du biathlon, au moins trois médailles de plus sur les cinq épreuves restantes. Avec deux podiums en ski alpin, deux autres en freestyle, une en snowboard, une en patinage artistique et une autre en combiné nordique, nous y voilà. Pas un carton plein, mais pas loin.