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Riner, or massif

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/08/2012 à 21:08 GMT+2

"Ça y est, je suis champion olympique !" Epuisé mais heureux, Teddy Riner a conquis le titre qui le fait changer de dimension. Pour de bon.

Judo France Riner médaille

Crédit: AFP

Teddy Riner est arrivé en zone mixte avec ce sourire qui n'appartient qu'à lui. Cette banane naturelle qui constitue l'atout charme de ce colosse. Sauf que ce sourire, désormais, est celui d'un champion olympique. Un confrère lui demande s'il se dit, "ça y est, enfin, je suis champion olympique". Il sort une réponse à la Riner: "Attends, je vais le dire là: ça y est je suis champion olympique ! Je ne me l'étais pas dit encore !" Il est encore trop tôt pour qu'il prenne la mesure que cette journée marque l'accomplissement de toute une carrière, la consécration d'années de travail. "Pour l'instant, je ne réalise pas vraiment", admet-il. Il a le temps pour ça. Attendre, Teddy Riner sait faire. Cet or, il l'a guetté pendant quatre longues années, celles qui séparent son bronze en forme d'échec à Pékin de son triomphe londonien. "Quatre ans, c'est long, c'est dur, dit-il à propos de cette Olympiade. J'ai bossé comme un dingue. Et puis qu'est-ce que j'ai fait comme remises en question !"
Quatre années pour tout jouer sur une journée. Sur cinq combats. Quelques minutes, mises bout à bout, pour changer un destin. Ne pas devenir le roi maudit du judo, intouchable maitre du monde mais incapable de gravir l'Olympe. On imagine la pression sur son dos. "Je sens mes épaules plus fluides", concède-t-il. Au final, il estime avoir plutôt bien appréhendé ce vendredi pas comme les autres. "J'ai réussi à bien le gérer, estime le Guadeloupéen. Cette journée a été longue, mais moins longue que tout ce que j'ai enduré. Toutes les nuits (à Londres), ce n'était pas facile de dormir. Ce matin, je me suis levé à 3h30, la veille à 2h30. Tu ne dors pas, tu te fais les combats. Je me suis imaginé le premier tour, je ne voulais pas perdre au premier tour". Le premier tour s'est bien passé. Puis les autres aussi. Tous selon un schéma presque identique: des combats peu spectaculaires, où ses adversaires semblaient avoir pour seule tactique l'attentisme.
"Je vais faire tout ce qui est interdit !"
En débarquant à Londres, Riner avait prévenu: "je n'ai pas besoin de briller." Il n'y avait pas de place pour le show. A ceux qui ergotent sur la manière, il renvoie à ses rivaux. "T'as beau bosser comme un dingue, explique-t-il, ça ne se passe jamais comme tu veux. J'ai bossé plein de techniques, je n'en ai fait qu'une seule je crois. Les mecs avaient les fesses en arrière, ils mettaient la tête contre mon buste. Je m'étais entraîné à faire du judo mais je suis tombé sur des mecs qui restaient en arrière. Je leur ai dit 'Vous voulez jouer à ce petit jeu là ?' Très bien, mais moi, j'ai la caisse". Symbole de cette journée, la finale, où le Russe Alexander Mikhaylin s'est montré extrêmement passif, même s'il a pesté contre les pénalités infligées par les juges. "Le Russe n'était pas content, témoigne le Français, mais je lui ai dit 'Fair-play, man'. Il n'a rien fait dans le combat, il n'a pas fait une attaque, alors que moi, j'ai essayé".
Peu importe, au fond. A Londres, seule la victoire était belle pour Teddy Riner. C'est sa victoire, son triomphe, mais il a envie de le partager, sinon avec la terre entière, au moins avec tout un pays. "Pendant toute ma préparation, assure-t-il, j'ai senti tout un peuple derrière moi, qui me tirait vers le haut." Vendredi, ce fut peut-être plus parlant encore, tant l'ExCeL a pris des allures de Bercy. Si Paris avait obtenu l'organisation des Jeux, Riner n'aurait pas été plus soutenu. "Ils m'ont aidé à me dépasser aujourd'hui. C'est magnifique, ce public de feu, dit-il encore. Je tiens à remercier ma famille, mes potes, mes partenaires, et toute la nation française ! J'ai envie de remercier toute ma famille qui s'est déplacée, tous mes proches, tous mes potes qui sont venus en voiture, en train, à pieds ! Tous les supporters français. Cette médaille, elle est vraiment pour tout le monde, pas forcément que pour moi." Mais c'est surtout le sport français qui peut le remercier de bénéficier d'un tel phénomène. Avec ses cinq titres mondiaux et, désormais, son titre olympique, Riner fait partie des géants. Cette limite que constituait sa virginité olympique n'a plus lieu d'être. Elle met fin à tout débat.
Demain, Riner repartira vers d'autres horizons. D'autres ambitions. "Je ne vais pas m'arrêter. Là, je n'ai pas encore très faim, mais ça va repartir. Je suis super fier de ce que j'ai accompli. C'est un travail de longue haleine. Là je suis fatigué." Depuis 17h30, il ne rêve plus d'or, mais de vacances. "Je suis pressé d'être avec ma famille en fait, avoue-t-il. Je suis déjà dans mes vacances. De très grandes vacances ! Minimum trois à quatre mois pour pousser à six mois. Quatre ans, ça a été long, il faut couper. J'ai envie de me la dorer au soleil, sur les plages. Le but est de s'ennuyer, de récupérer, évacuer. Je vais faire tout ce qui est interdit !" Quant à sa première nuit de champion olympique, il sait avec qui il va la passer. "Avec ma médaille", rigole-t-il. C'est beau, un sourire de champion olympique.
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