"Il n'y a pas de vol" : Pour Frédéric Lecanu, c'est le règlement qui pose problème après l'épreuve mixte par équipes

Dimanche à Doha, la France a vécu un crève-cœur XXL lors des Mondiaux. En finale de l'épreuve mixte par équipes, les Bleus ont perdu lors du combat décisif, Margaux Pinot se faisant triplement pénaliser face au Japon de Saki Niizoe. En direct, notre consultant Frédéric Lecanu a fustigé le règlement. Il précise à froid qu'il ne critique pas l'arbitrage du jour. Le problème lui semble plus vaste.

"Il va vraiment falloir que l'on se pose des questions sur l'arbitrage." Les mots sont de Frédéric Lecanu, en direct, et ils illustrent l'immense frustration qui a dû envahir l'équipe de France ce dimanche à Doha. Les Bleus ont cru décrocher le sacre mondial dans l'épreuve mixte par équipes, mais d'un ippon annulé à une pénalité fatale, le Japon a fini par être sacré. Le coup est dur à encaisser… sans pour autant être injuste, à l'aune du règlement en vigueur, a précisé à froid notre consultant.

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"Ce qu'il faut retenir, en laissant de côté les émotions, c'est qu'il n'y a pas de vol. Aucun, analyse Lecanu, contacté en début de soirée. C'est l'application stricto sensu de la règle. Les trois pénalités que Margaux [Pinot] prend (face à Saki Niizoe, ndlr), elles y sont." Trois décisions intervenues dans le combat décisif, à 3-3 – dont les protagonistes ont été désignées par tirage au sort de leur catégorie de poids – que notre expert a décryptées.

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Je vois des réactions sur les réseaux sociaux, disant qu'on s'est fait voler la médaille d'or… Pas du tout ! Les Japonais ont gagné

"Le premier mouvement qu'elle fait, en enchainant directement sur le bras, c'est interdit. Le second mouvement, sur la projection (qui aurait pu être synonyme de ippon et donc de titre pour la délégation tricolore, ndlr), après lequel sa main traîne sur le pantalon, c'est pénalisable", égrène Frédéric Lecanu. Puis il y a eu la pénalité qui a mis un terme aux espoirs français : "Il doit y avoir une rupture entre le moment où elle jette sa jambe en tomoe-nage (planchette japonaise) et le juji gatame (clé de bras)."

"Il doit y avoir un vrai passage au sol pour pouvoir enchainer, développe notre consultant. Or Margaux (Pinot) est au sol et là, (Saki) Niizoe, qui est très forte, reste debout. Il aurait fallu qu'elles soient toutes deux au sol." Voilà pour les regrets éternels et, surtout, la mise au point : "Je vois des réactions sur les réseaux sociaux, disant qu'on s'est fait voler la médaille d'or… Pas du tout ! Les Japonais ont gagné."

Margaux Pinot contre Saki Niizoe en finale de l'épreuve par équipe mixte des championsnats du monde à Doha, le 14 mai 2023

Crédit: Getty Images

Protéger le judo et ses pratiquants sans le dénaturer

Lecanu insiste sur la teneur de son ton critique à l'antenne : cela concerne la cohérence du règlement, pas le fait de l'appliquer ce dimanche. "Là où c'est complexe, c'est que ce sont des règles appliquées par la Fédération internationale de judo dans le but de développer la pratique, nous explique-t-il. C'est par exemple interdit aujourd'hui de mettre la main sur le pantalon parce qu'il y a eu trop de défenses main au pantalon, ce qui a nui au spectacle du judo et à la pratique."

"Quand quelqu'un tombe sur la tête, il peut se faire mal aux cervicales, c'est pourquoi c'est la disqualification directe. Cela part d'un bon principe, mais sa mise en œuvre nuit parfois aux principes du judo", considère-t-il, saluant au moins la démarche pour son aspect sécuritaire.

Mais le fait de cette finale ne rentre pas dans ce cadre antisportif, juge-t-il : "Contre (Saki) Niizoe, Margaux (Pinot) n'utilise pas la main pour activer le mouvement et la faire tomber. Sa main touche le pantalon. C'est dommage, car ce mouvement n'est pas fait dans un but de nuire au judo." Et de conclure, en guise d'ultime touche de frustration : "Ce qu'elle fait sur l'action est brillant : elle repart vers l'avant alors que la Japonaise s'attend à ce qu'elle reparte vers l'arrière."

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