Six ans de hauts et de bas pour Teddy Riner, à nouveau champion du monde

A 28 ans, Teddy Riner enrichit son monumental palmarès avec une dixième couronne de champion du monde conquise en toutes catégories à Marrakech. En atteignant la symbolique "decima" (huit titres en +100 kg, deux en toutes catégories), Riner marque encore un peu plus son empreinte dans l'histoire du judo et dans celle du sport en général.

Vingt mois après son dixième sacre, Riner fait son retour d'abord au Grand Prix de Montréal puis au Grand Slam de Brasilia, poursuivant sa série d'invincibilité. Il démontre qu'il reste le patron incontesté du judo mondial. "La série continue, même si ce n'est pas l'objectif. L'objectif pour moi c'est de gagner à Tokyo", lâche-t-il.

Stupeur à l'Accor Arena de Bercy. Riner est battu pour la première fois en plus de neuf ans, dès le troisième tour du prestigieux tournoi de Paris. C'est le N.2 japonais Kokoro Kageura, par ippon en prolongation, qui met un terme à la vertigineuse série de 154 combats remportés consécutivement par le double champion olympique des poids lourds. Riner ne s'était plus incliné depuis le 13 septembre 2010.

Après un retour victorieux au Masters de Doha, Riner se présente au Jeux olympiques de Tokyo avec un troisième titre dans le viseur, mais perd son pari après sa défaite en quart de finale. Il se remobilise alors pour aller chercher la médaille de bronze, celle "du courage et de la fierté". Le lendemain, il se montre monstrueux pour contribuer à l'incroyable succès de l'équipe de France dans la nouvelle épreuve mixte face au Japon.

Un an après sa médaille de bronze olympique, Riner réussit sa rentrée en remportant le Grand Slam de Budapest. Venu dans la capitale hongroise pour "se jauger" sur la route du grand rendez-vous olympique de Paris-2024, il remporte sans grande difficulté ses quatre combats de la journée. Mais un mois plus tard, il se blesse à l'entraînement, victime d'une sévère entorse à une cheville, et doit alors renoncer aux Championnats du monde de Tachkent.

A 18 mois du grand rendez-vous des Jeux olympiques à domicile, le Guadeloupéen est encore loin de son meilleur niveau, mais il parvient à s'offrir un septième titre au Grand Slam de Paris, après sa pause forcée en raison de sa blessure. "Je n'ai pas montré un judo extraordinaire", reconnaît-il. "Mais je ne suis pas venu pour montrer quoi que ce soit, je suis juste venu pour gagner (...) Le vieux est de retour!"

Au terme d'une des journées les plus difficiles de sa carrière, Riner ajoute une onzième étoile mondiale à son kimono, à 34 ans et six ans après sa dernière apparition dans des championnats du monde. Pour s'en sortir, Riner a surtout fait appel à ses ressources psychologiques. "Pas de rythme de toute la journée, du coup, qu'est-ce qu'on utilise? Le mental, il ne reste plus que ça", dit-il. Un mental qui lui a permis de battre en quart de finale la nouvelle sensation japonaise Tatsuru Saito puis le N.1 mondial, le Tadjik Temur Rakhimov, et enfin en finale, après 7 min 42 de combat, le Russe Inal Tasoev. De bon augure à un peu plus d'un an des Jeux olympiques à domicile.