L'équipe de France en or par équipes face au Japon après une remontada : "On pensait vraiment qu'on allait y passer"

On dira peut-être que l'histoire ne pouvait se finir autrement, que la France à domicile dans ces JO de Paris 2024 et cette ambiance-là ne pouvait pas perdre. La vérité, c'est qu'elle a évidemment cru qu'elle allait abandonner son beau titre olympique par équipes et que l'histoire se finirait avec un goût amer dans la bouche. Les faits, têtus, disent qu'ils ont à nouveau réussi l'impossible au bout d'une finale au scénario presque irréel.

Demain il y aura des championnats du monde et après-demain, Los Angeles 2028 mais cet affrontement France-Japon à Paris ressemblait au combat ultime. Il y a trois ans, les Bleus avaient crucifié les Nippons chez eux, dans le mythique Nippon Budokan. La possibilité de la revanche était trop belle pour ces rivaux qui les ont systématiquement battus aux Mondiaux entre les JO de Tokyo et ceux de Paris. "C'était la grande équipe japonaise, qui se prépare depuis trois ans pour nous battre", notait Stéphane Nomis, le président de la Fédération française de judo extatique, devant la presse.

Si les Français ont cru tout perdre, les Japonais ont bien dû imaginer avoir tout gagné. Ils menaient 2-0 et même 3-1 quand le seul tricolore capable de s'imposer fut Teddy Riner. Lui, le guide de cette équipe qui n'a cessé de parler à tout le monde toute la journée, avait montré la marche à suivre : "A 3-1, il se passe qu'on doit se bouger les fesses. Je les avais prévenus, ça n'allait pas être facile, il fallait être prêt à mourir sur le tapis. Je leur ai dit 'ce n'est pas fini, récupérez parce que ça va être au tirage au sort. Préparez-vous.'"

Parlait-il pour lui ? Pensait-il, comme Romane Dicko, que l'histoire allait s'écrire pour lui et l'envoyer en chercheur d'or pour la France ? Ce tirage au sort restera comme l'un des moments les plus dingues de cette journée qui n'en manquent pas par ailleurs mais il aurait très bien pu ne jamais exister sans Joan-Benjamin Gaba extraordinaire.  "Le public avait l'air de dire que je les avais sauvés", concédait ce dernier du bout des lèvres, comme gêné de se voir mis en avant dans une épreuve collective. Mais "JBG" a mis au tapis Hifumi Abe, invaincu en grand championnat depuis Tokyo 2021. Le début d'une remontée au score inexorable.

"Je ne pouvais pas laisser tomber mon équipe, je ne voulais pas partir sans médaille d'or, appuyait Clarisse Agbégnénou au micro d'Eurosport en revenant sur sa victoire pour recoller à 3-3. L'équipe, c'est ça. Rattraper les erreurs des autres, s'encourager, ne rien lâcher. Il y a un moment où j'ai douté, je me suis dit, 'peut-être qu'on ne l'aura pas cette fois.' Mais je ne voulais pas que ça parte de moi même si j'avais cette pression encore sur moi, comme toujours. Je suis tellement fière d'avoir pu ramener ce point pour nous relancer et finir en beauté avec notre chef Teddy. C'est parfait."

Ce collectif a un truc en plus, une âme. Il n'a fallu pousser personne pour que les noms de ceux qui n'ont pas combattu soient cités. Quel symbole de voir ces 14 judokas sur la plus haute marche du podium… Chacun s'est nourri des bonheurs ou des douleurs de la semaine. Agbégénou évidemment mais aussi Riner et Gaba. "Je me suis rappelé la finale que j'ai perdue, je me suis dit, 'impossible que je lâche cette fois', confiait celui-ci. C'était une revanche, j'ai perdu une fois en finale, pas deux."

Au bout, il y a, pour tous, des émotions rendues plus uniques encore par ce scénario. "On pensait vraiment qu'on allait y passer, mais il y a eu cette remontada extraordinaire !", s'enflammait Sarah-Léonie Cysique. Teddy Riner, l'homme aux cinq titres olympiques désormais, était heureux de voir ses partenaires "avec des larmes, de la joie." Lui sait ce que tout ceci représente, qui plus est à la maison. Comment ne pas vibrer devant ce public en fusion ?

"Finir comme ça, c'est incroyable. On a eu un public de dingue, un public de dingue. Je ne sais pas comment ils font, moi je n'ai plus de voix", salue Teddy Riner pendant que Clarisse Agbégnénou veut qu'on les "téléporte à Los Angeles" pour les prochains Jeux Olympiques. Ils ont leur "remontada" à eux, l'une de celle qui rend les victoires plus belles et les défaites plus dures pour les battus. Le mot de la fin revient à l'un des héros du jour, Joan-Benjamin Gaba : "C'est vraiment cool et vive la France."