Grand Prix de France – Après son week-end éclatant à Jerez, Fabio Quartararo confirme au Mans son retour au premier plan

À vrai dire, observer le week-end vibrant de Fabio Quartararo il y a deux semaines à Jerez n'a pas suffi à éteindre nos petits feux de doute. Car le circuit andalou a toujours sis aux qualités du Niçois et de sa Yamaha agile. Sur une piste tournante, "El Diablo" se montre sous son meilleur jour, à la bagarre avec les meilleurs. Prolonger l'ivresse d'un tel retour aux avant-postes sur le circuit Bugatti était une autre paire de manches. Et pourtant, Quartararo l'a fait. Une pole époustouflante, devant un Marc Marquez encore une fois trop sûr de lui, qui a vu le Français lui chiper le record du tour derrière sa visière fumée.

Sur le sprint de Jerez, le pilote Yamaha avait pris le parti de jouer son va-tout, gardant la tête un tour durant devant un Marquez les babines retroussées. L'attaque musclée du Catalan, poussant le Français hors-trajectoire, a précipité l'erreur et la chute du pilote numéro 20. Samedi, devant des tribunes du Mans toujours aussi bruyantes, "El Diablo" s'est tenu à un autre tempo, plus suave, à l'image de sa conduite. Le Niçois est quand même parti fort, très fort, creusant immédiatement un écart, aidé il est vrai par une entrée trop brusque de Marc Marquez dans le premier virage.

"Fabio était super rapide au début de la course et je ne pouvais pas suivre son rythme, mais ensuite, il a baissé un peu le pied, alors que moi je me sentais de mieux en mieux sur ma moto", a analysé après le sprint Marc Marquez au micro de Canal +. Une fois l'échappement de l'octuple champion du monde devant sa roue avant, Quartararo n'a pu résister longtemps aux machines Ducati. Réaliste sans se montrer fataliste, le Français n'a cette fois pas joué avec le feu ni couru avec les émotions (4e), malgré les clameurs chaudes descendues des tribunes du circuit Bugatti.

"J’ai fait une course intelligente, je savais que je ne pouvais pas me battre pour le podium, mais je voulais faire le maximum, a-t-il expliqué après la course sprint. Je me suis amusé et je pense que la quatrième place était le meilleur résultat possible aujourd’hui. Nous savons ce qu’il nous manque et ce dont on a besoin. Être un petit peu déçu sur une quatrième place en sprint, je pense que c’est positif, car l’an dernier, nous n’étions même pas dans les points. Ça fait du bien, on en veut toujours plus, mais il faut savoir rester calme aussi." 

Alors, qu'a donc besoin "El Diablo" pour tourmenter à nouveau ses adversaires ? Un indice s'est glissé sous les yeux des dizaines de milliers de personnes agglutinées au Mans. Après avoir réussi à tenir les chronos des meilleurs sur quelques tours, le rythme du Niçois a brusquement ralenti. "On a eu de la dégradation sur le pneu arrière", a confirmé Quartararo à Canal +. La chaleur y est pour quelque chose mais, bonne nouvelle, les conditions seront a priori moins chaudes dimanche pour le Grand Prix (14h) avec, pourquoi pas, quelques gouttes en invitées surprises.

L'intéressé l'espère, même si cela ne va rien changer à sa stratégie. "Dimanche, nous devons faire comme aujourd'hui, c’est-à-dire faire une course intelligente, a rappelé le Français au micro de l'organisation. Nous savons que des fois, il faut accepter une quatrième place, ça n'a aucun sens de chuter en tentant d'aller chercher une troisième place. Avoir pu mener quelques tours et sentir qu'on réduit l'écart avec la tête étaient déjà super."

À l'image de son discours, Quartararo a changé. La mine crispée et le regard las ont disparu, laissant place aux commissures et aux traits détendus. Le nouveau moteur de la marque nippone n'est pas encore suffisamment performant, mais les progrès sont évidents. "El Diablo" a maintenant une direction à suivre, n'a plus l'impression de se débattre pour rien sur sa machine. Le processus est lancé. Le Niçois y croit plus que jamais, et n'a aucunement l'intention de se précipiter, et risquer de tout gâcher.