Johann Zarco, vainqueur du Grand Prix de France, un cadeau venu du ciel : "On a envie de pleurer"
Il était peut-être écrit quelque part que ce Grand Prix de France Moto GP sur le circuit du Mans devait sourire à l'Hexagone. La pole de Fabio Quartararo était déjà un événement en soi, la victoire de Johann Zarco au bout d'une journée dingue et d'un scénario qui ne l'était pas moins en est un si rare qu'il entre directement au panthéon de l'histoire du sport automobile français.
Johann Zarco, vainqueur du Grand Prix de France
Crédit: Getty Images
Il faut mesurer le nombre d'événements qui ont conduit à la victoire de Johann Zarco pour comprendre le flot d'émotions qui l'ont submergé quand il a franchi la ligne d'arrivée du Grand Prix de France ce dimanche. Parti 11e sur la grille de départ avec un pari finalement payant mais risqué, le pilote Honda a vu les dominos tomber un à un et ses adversaires avec pour aller s'offrir la deuxième victoire de sa carrière et la plus belle émotion de sa vie.
Dans la galaxie des choses incroyables qui ont gravité autour du Mans ce dimanche, la présence des parents de Zarco n'est pas la dernière. Jamais, alors que le garçon a pris plus de 280 départs en championnat du monde dont près de 150 dans la catégorie-reine, le père et la mère du double champion du monde de Moto 2 n'étaient venus sur un circuit. Dire qu'ils ont bien choisi leur jour relève de l'euphémisme quasiment ridicule.
Mon père voulait que je lui verse du champagne sur la tête
"Mon père voulait que je lui verse du champagne sur la tête depuis le podium, rigolait Johann Zarco au micro de Canal +. Je n'en avais plus. Il fallait qu'ils voient ça. Ils l'ont vu de la meilleure des manières possibles. Maintenant ils peuvent retourner tranquillement à la maison, profiter devant le canapé. C'était le bon moment pour les faire venir." La double présence parentale ajoute une sacrée dose de mysticisme tant la victoire de Zarco semblait écrite.
C'est dans une confusion totale qu'avait démarré ce Grand Prix de France sur fond d'incertitude liée à la pluie. Il était alors extrêmement difficile de savoir qui était sur quelle stratégie. Quand certains pilotes sont rentrés aux stands avant le départ pour reprendre les secs, Zarco et Honda ont eux cru en leur pari. Lui savait que la pluie allait arriver et que tôt ou tard, il serait dans les conditions optimales :
"Il a fallu patienter. Quand je vois tout ce qu'il s'est passé… Il y en a qui sont passés deux fois aux stands, qui ont fait deux "long lap" (des pénalités, comme celle infligée à Fabio Quartararo avant sa chute, ndlr). Des trucs un peu fous. Je suis resté en piste, j'essayais d'améliorer, de contrôler parce qu'on avait tendance à brûler le pneu arrière parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'eau."
Une Marseillaise superbe et un back-flip
Zarco a-t-il compris très tôt que c'était son jour ? Non, loin de là. Il aurait fallu une sacrée dose de confiance en son destin pour croire que quelque part il était écrit qu'un immense bonheur l'attendait alors qu'il était parti avec toutes les précautions du monde et qu'il avait, de fait, lâché quelques places avant de devoir aller faire un tour dans les graviers après la cohue du premier virage. C'est la chute de Jack Miller, "le meilleur dans ces conditions" dixit Zarco, qui l'a convaincu qu'il y avait "un truc à faire".
En tête, Zarco avait vu Marquez changer de pneu et le retour rapide du champion espagnol l'a un temps fait douter. Mais le pilote Honda savait qu'il avait un avantage : sa gestion des conditions intermédiaires. Marquez a tenté le coup avant d'user son pneu arrière. L'avance de Zarco a même dépassé les 20 secondes sur Marquez, preuve qu'il était bien le plus rapide, ce qui lui a permis de savourer le dernier tour. "C'était un peu interminable, soufflait-il au micro de Canal +. Quand il restait 15 tours, je me suis dit que ça allait être long. A 5 tours de la fin, je pensais qu'il en restait 3. J'ai même pu saluer le public, c'est rare, unique. J'ai hésité mais c'est si beau. J'aime l'histoire de la moto et pouvoir écrire cette ligne, c'est spécial."
Le public, immense et bruyant, fut une composante importante de son bonheur du jour. Cette Marseillaise qu'il n'avait pas eue pour son premier succès en Australie après le couac de Phillip Island, il l'a vécue cent fois plus intensément au Mans. "C'était extraordinaire. C'est incroyable ce monde, ça fait une vibration, un son vraiment particulier. Ça donne des décharges d'émotions. On a envie de pleurer". Voilà 71 ans que la France de la moto attendait un vainqueur tricolore sur son sol. Ça valait bien un backflip, marque de fabrique de Johann Zarco, définitivement un pilote pas comme les autres.
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