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Philippe Croizon : "Montrer que tout est possible"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 19/10/2012 à 14:49 GMT+2

Amputé des quatre membres suite à un accident domestique en 1994, Philippe Croizon est devenu le premier handicapé à traverser la Manche à la nage en 2010. Il vient d'accomplir un nouvel exploit en reliant, toujours à la nage, les cinq continents. Interview d'un homme hors du commun, présent au colloque "Sport et résilience" ce vendredi dans les locaux de TF1 à Boulogne-Billancourt.

Philippe Croizon Sports et résilience

Crédit: AFP

Comment vous est venue l'idée de traverser la Manche ?
Philippe Croizon : Après mon accident, je ne me suis pas laissé abattre et j'ai décidé de vivre. Sur mon lit d'hôpital, j'ai vu une nageuse traverser la Manche, se battre contre les éléments. Et là, je me suis dit : 'Woaw, pourquoi pas moi ?' Alors je me suis lancé dans ce défi un peu fou que seulement 10% des valides réussissent. Ça a été un moteur pour moi et dès que j'ai pu, j'ai commencé à m'entrainer. Et en me voyant, des gens y ont cru et se sont mis à m'aider.
Pourquoi vous êtes vous lancé ce défi ?
P.C. : Je voulais montrer que tout est possible. Faire passer ce message. Dans la vie, parfois, ça ne va pas. On rencontre des difficultés. Mais on peut toujours surmonter ça. Je voulais le prouver au travers de mon défi. Après coup, j'ai reçu de très nombreux témoignages. Parfois même de simples mercis pour avoir servi d'exemple, d'avoir montré qu'on peut s'en sortir par la simple volonté.
Ça n'a pas dû être facile tous les jours ?
P.C. : Ce qui m'a soutenu dans mes entrainements, c'est l'expérience que j'ai de mon accident. Dans les centres de rééducation. Il a fallu que j'apprenne que je réapprenne à marcher avec des prothèses, à m'asseoir, à me brosser les dents seul. C'était du dépassement de soi en permanence pendant deux ans. Mon premier challenge était de pouvoir remarcher avant mon petit garçon qui est né trois mois après mon accident. On m'a dit : 'Il marchera avant toi.' Et ce n'est pas quelque chose qu'il faut me dire ! A partir ce moment-là, je savais que je remarcherai avant lui et j'ai fait mes premiers pas avant mon petit gars. C'était quelque chose de fort. J'ai profité de cette expérience. Quand je me suis lancé dans le sport, j'ai ressenti les mêmes paliers. On a réussi, comme ça, à transformer ce corps.
Après un tel exploit, pourquoi avez-vous cherché à aller encore plus loin ?
P.C. : Une fois le défi accompli, on ressent un double sentiment. D'abord un grand moment de joie, intense, car c'est le fruit de deux ans de travail où je ne vivais que pour ça. Et puis, très rapidement derrière, un moment de tristesse tout aussi puissant car on réalise que c'est fini. Que j'allais être séparé de mon équipe, des gens qui m'ont suivi. Et là, on se dit : 'je vais être tout seul ?'. Et très vite, j'ai pris une carte et j'ai vu qu'on pouvait relier les cinq continents à la nage. Et j'ai proposé ce nouveau défi.
On peut dire que votre accident a transformé votre vie...
P.C. : C'est une chance inouïe. Car si je n'avais pas eu ce handicap, jamais je n'aurais vécu ça ! Je serai resté un simple sportif 'canapé'. Là, j'ai utilisé mon handicap. Et ça m'a été utile. J'ai fait quelque chose de ma vie. Je peux partager mon expérience. Et ça me rend heureux.
Quel est votre nouveau but ?
P.C. : On vient de voir un homme franchir le mur du son en chute libre dans l'espace. Alors, je ne désespère pas d'être, un jour, le premier handicapé dans l'espace. On verra !
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