Championnats du monde - Une création à part : comment se construisent les chorégraphies

ParEurosport

Publié 23/03/2024 à 00:22 GMT+1

En patinage artistique, outre la difficulté des figures et le côté technique, une des trois composantes de la note totale est la chorégraphie. Ce côté artistique, presque aussi difficile à trouver que le côté technique, permet aux patineurs de transmettre des émotions et de transcender le public et le jury par la même occasion. Zoom sur un art créatif.

Shoma Uno

Crédit: Getty Images

"Moi c’est cela dont je me souviens quand j’étais patineur : les sourires, les petites gamines qui te font coucou ou le public qui se lève. Donc j’essaie de guider mes élèves dans la possibilité d’aller chercher ces moments-là". Ce sont les mots de Florent Amodio. Ancien triple champion d'Europe, il est aujourd'hui l’entraineur et le chorégraphe de Luc Economides, dont le programme court se fait sur "Selah" de Kanye West, loin des choix de musiques souvent plus "traditionnelles".

Suivez les championnats du monde en vous abonnant à Eurosport !

Pourtant, Amodio l'assure, ce n'est pas lui qui a choisi la musique ni le costume mais bien l'élégant Français lui-même. C'est ainsi que, dans chaque programme, le patineur essaie de faire parler sa créativité en racontant une histoire à travers une chorégraphie harmonieuse qui lui correspond. "Le point de départ c’est l’athlète, confirme Amodio. Je m’oblige à essayer de le connaitre au mieux, de comprendre sa passion, ce qu’il aime, les chanteurs, ses inspirations, comment il danse. Donc, d'abord, je les fais beaucoup danser au sol".

Championnats du Monde

Péchalat : "Les patineurs français sont reconnus comme innovants, créatifs"

00:00:45

24/03/2024 à 12:46

Tout part des patineurs

Certains coachs sont entraineurs et chorégraphes comme Florent Amodio tandis que d’autres en ont fait une spécialité, comme Benoit Richaud. Le Français est chorégraphe pour différents patineurs dont Adam Siao Him Fa ou Nina Pinzaronne. Les termes ont beau être différents, l'approche reste la même : lui aussi cherche son inspiration dans la personnalité de ses élèves.

"Le point départ ça peut être une idée, une image mais très souvent l’inspiration me vient du patineur lui-même, confirme-t-il. C’est très compliqué de pouvoir créer sans avoir vu le patineur se mouvoir. C’est vraiment leur personnalité qui va me permettre d’avoir une idée précise de ce que je veux."

On voit souvent très tôt les patineurs qui ont une sorte de talent

Visiblement, sa méthode fonctionne : Benoit Richaud a été élu meilleur chorégraphe de l’année par l’ISU en 2024 (Internationale Skating Union). L’ancien danseur sur glace choisit ainsi ses patineurs en fonction de leur projet avec une volonté de travailler dans la durée pour pouvoir réellement construire quelque chose. Il s’adapte également aux différents styles de ses élèves.

"Il y a parfois des surprises mais sinon on voit souvent très tôt les patineurs qui ont une sorte de talent, avoue-t-il. Pour la plupart, ça se voit très jeune, comme pour Adam, qu'ils ont quelque chose de spécial". A partir de là, le chorégraphe cherche à innover. Il accompagne ainsi son élève dans la composition de son programme, pour déterminer, ensemble, le meilleur programme pour le patineur.

"Pour moi un bon coach, c’est quelqu’un qui te guide vers les sommets, conclut Florent Amodio qui veut remettre au centre le rôle du patineur. C’est son histoire, c’est l’histoire du gamin que t’as devant toi et comment lui il dira plus tard, 'ah oui ça, c’était ce programme…'"

Par Muriel Pichon