Joubert l'a mauvaise

Brian Joubert n'en finit plus avec les polémiques. Sixième à l'issue de son programme court aux championnats du monde, le patineur français a finalement termine deuxième... mais a irrémédiablement perdu son titre, glané l'an passé à Tokyo. La faute à Jeffrey Buttle, titré selon lui sans prendre le moindre risque, et aux juges, coupables de ne pas favoriser suffisamment les sauts compliqués. Auteur d'une seconde partie de concours parfaite en expression libre à Göteborg, le Poitevin avoue ainsi ne pas arriver à se contenter de sa médaille d'argent, sa troisième décrochée en championnats du monde après Dortmund en 2004 et Calgary en 2006.

C'est des coulisses que Joubert assistait à la prestation du Canadien. Le regard noir, le Français laissait exploser son mécontentement à l'annonce du sacre de ce dernier. "Ça me fait ch...", insistait-il à chaud. Une attitude qui démontre toute la frustration du champion déchu. " Les juges ne favorisent pas la prise de risques de certains patineurs. Les quadruples sauts ne sont pas assez bien payés" . En effet, les triples bonds permettent d'obtenir 7,5 points, là où quatre pirouettes en rapportent 9. Un écart non suffisant pour le Poitevin. Avant d'ajouter : "Résultat, Buttle a préféré choisir la solution de facilité et le voilà champion du monde alors qu'il ne sait pas maîtriser les figures les plus difficiles que d'autres tentent en haut niveau."

"Je suis encore déçu car Jeffrey a fait une compétition parfaite - il n'a fait aucune faute - mais il n'a pas tenté de quadruple saut" , a dit Joubert, qui a passé un quadruple dans son programme. "Le nouveau système de notation est ainsi : il vaut mieux faire simple et propre que de tenter quelque chose. Il est nécessaire que davantage de points soient attribués pour les quadruples sauts à l'avenir."

Avec un programme libre aussi bien mené que le court, Buttle était largement, et même justement, plébiscité par les juges de 14 points de plus que le Tricolore, rétrogradant Joubert au deuxième rang. La médaille d'argent du champion en titre était pourtant loin d'être acquise. Sans avoir commis une seule faute lors du libre, le Français parvenait à rattraper son entame de compétition, durant laquelle il a chuté à la réception d'un triple lutz pendant son programme court.

Sanctionné d'un point avant le libre, en raison d'une musique non conforme, le Français avait la "rage de vaincre" avant la seconde partie de la compétition. Passé en avant-dernière position pour l'épreuve finale, Joubert terminait sa prestation avec la satisfaction du devoir accompli. Une performance que les juges ne manquaient pas de féliciter en lui accordant la première place du concours... avant le passage de Jeffrey Buttle. Brian Joubert a tout de même su rester fair-play. "Au vu des entraînements, je n'aurais pas parié sur Buttle pour le titre. Mais la compétition est la compétition. Je suis ravi pour lui."

Questionné à ce sujet, le Canadien ne cachait pas sa position : "Je mérite tout à fait cette victoire. J'ai fait deux programmes propres avec des éléments techniques forts. J'ai travaillé très dur sur tout: les sauts, les pirouettes, les transitions. Le patinage, c'est un tout, pas seulement des sauts. Avant de conclure : "On se souvient de Kurt Browning (champion du monde canadien à 4 reprises dans les années 90, NDLR) pour ses programmes, pas pour les éléments techniques." A ceci près que Browning est le premier patineur à avoir accompli un quadruple saut en boucle piquée lors des championnats du monde de Budapest en 1988... Ce qui lui a valu d'être inscrit dans le livre des Records Guinness. Buttle n'en est pas encore là.