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JO 2022 / Patinage : Romain Haguenauer, l'"entraîneur dans l'âme" qui a emmené Papadakis et Cizeron au sommet

ParAFP

Publié 14/02/2022 à 15:12 GMT+1

JO PEKIN 2022 - Il explique être un "entraîneur dans l'âme". Inconnu du grand public, Romain Haguenauer est l'homme qui se cache derrière le succès de Gabriella Papadakis et Guilaume Cizeron, sacré champions olympiques de danse sur glace lundi. Une forme d'accomplissement pour le coach de 46 ans, après presque dix ans à chaperonner le couple français.

Papadakis et Cizeron soulagés après leur sacre olympique : "L'un des beaux moments de notre carrière

De Lyon à Montréal, et jusqu'aux Jeux de Pékin où ils ont décroché l'or olympique, le seul qui leur manquait, ce lundi, Romain Haguenauer, devenu entraîneur dès 20 ans, accompagne la réussite des danseurs sur glace Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron depuis dix années.
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Haguenauer : "Ils ont patiné au mieux de ce qu'ils pouvaient faire"

Comme ses protégés, il a forcément nagé dans le bonheur après l'obtention de ce Graal : "C’est une émotion particulière, j’ai eu beaucoup d’élèves avant Gabriella et Guillaume et j’en aurais sûrement après, mais quand j’ai décidé d’aller au Canada (pour les entraîner), ça a fonctionné tout de suite la première année. Là, ils sont enfin champions olympiques, c’est juste énorme", a-t-il réagi au micro d'Eurosport. La récompense ultime pour un homme qui se dit né pour diriger.
"J'ai toujours été entraîneur dans l'âme, résume Romain Haguenauer, 46 ans, à l'AFP. Quand j'étais patineur moi-même avec ma sœur, en fait je nous coachais en permanence. Ce que je n'accepte pas une seconde de mes élèves...". "J'étais infernal, ça c'est sûr, sourit-il. Mais j'avais cet œil, une vision déjà de 'Il faut faire comme ci, comme ça...', j'avais cette envie. Même gamin, j'ai toujours beaucoup admiré les entraîneurs. J'étais vraiment fait pour ça".
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Un couple en or : le programme libre qui a sacré Papadakis et Cizeron

"C'est quelqu'un qui est vraiment passionné par l'enseignement et le coaching, plus que par être athlète je pense, décrit à l'AFP Papadakis, déjà quadruple championne du monde et quintuple championne d'Europe avec Guillaume Cizeron depuis leurs débuts internationaux en 2014. Ça se sent que l'enseignement est sa passion. Et c'est super chouette parce tu sens qu'il veut vraiment ton bien".
Avant d'entraîner, Haguenauer a patiné lui-même, aux côtés de sa sœur Marianne pendant une dizaine d'années, avec laquelle il a participé aux Mondiaux juniors. Jusqu'à ce qu'elle dise stop début 1997, notamment à cause de problèmes de dos. Quelques mois plus tard, une place d'entraîneur se libère dans l'école lyonnaise de Muriel Boucher-Zazoui, devenue le centre de référence de la danse sur glace française - là où lui-même patinait.
Il a toujours eu une vision de comment on pouvait se développer. C'est quelqu'un qui a su nous guider tout au long de notre carrière d'adultes
"Je me suis dit : 'Pourquoi pas entraîner ?' Ça me tente", se souvient Haguenauer, pas encore 21 ans à l'époque. "Au début, je travaillais avec les jeunes, puis mes copains d'entraînement, mes (anciens) concurrents, comme Gwendal Peizerat (champion olympique 2002 avec Marina Anissina, ndlr), ont commencé à me dire : 'Est-ce que tu peux regarder ça ? Est-ce que tu peux nous aider là-dessus ?', explique-t-il. Et très vite, je me suis retrouvé à entraîner des couples à haut niveau. L'année d'après, j'ai commencé avec Delobel/Schoenfelder (champions du monde 2008). Ça a commencé comme ça."
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Après la joie, la reconnaissance : le podium de Papadakis et Cizeron après leur sacre olympique

Avant de s'y consacrer pleinement, pendant une année scolaire, Haguenauer, passé par la fac de sports, cumule métier d'entraîneur et de prof d'EPS dans un collège de Lyon. "J'ai donné des cours de natation, de basket... Ça me paraît une autre vie !, raconte-t-il. Je me levais à cinq heures du mat', j'entraînais de 6h à 8h30, j'allais au collège, je revenais entre midi et deux entraîner, etc. C'est un truc que tu fais quand t'as vingt ans !"
Entraîner s'impose comme une "évidence" pour lui. "Je me suis tout de suite très épanoui. Ça a été instantané, poursuit Haguenauer. Pas une seconde, je me suis dit : 'Mince, c'est dommage, j'aurais pu continuer (à patiner) un peu encore'. Ja-mais". Sa principale source d'inspiration ? Les Duchesnay, Isabelle et Paul, la sœur et le frère canadiens devenus français, médaillés d'argent olympiques à Albertville il y a trente ans.
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Romain Haguenauer (à gauche) et Marie-France Dubreuil entourent les champions olympiques Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, qui s'enlacent

Crédit: Getty Images

"J'étais très fan. Ils ont apporté cette originalité, et une approche qui touchait vraiment le public à la danse sur glace qui était très aseptisée, très propre. Ça m'a certainement poussé à chercher à être créatif en tant qu'entraîneur plus tard", estime-t-il. Avec Papadakis et Cizeron, les premiers contacts ont lieu autour de 2010 pendant des stages estivaux. Puis le duo clermontois s'installe à Lyon en 2012, et le suit à Montréal en 2014, quand il y rejoint Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon. Persuadé aussi que la pleine expression du potentiel de ses élèves passe par là.
"Il a toujours cru en nous, en nos capacités, il a toujours eu une vision de comment on pouvait se développer. C'est quelqu'un qui a su nous guider tout au long de notre carrière d'adultes", apprécie Cizeron. Après leur sacre, Haguenauer a confié : "Je ne sais pas s’ils réalisent qu’ils sont champions olympiques, je pense qu’ils sont comme moi, ils ont tellement travaillé chaque jour pour cette médaille là, j’imagine qu’ils sont sur leur nuage et qu’ils ne réalisent pas vraiment".
En huit ans, Haguenauer, Dubreuil et Lauzon ont fait de leur école montréalaise l'épicentre mondial de la danse sur glace : onze des 23 duos engagés aux JO 2022 s'y entraînent. Vingt-cinq ans de haut niveau n'ont néanmoins pas engendré de lassitude, assure l'entraîneur français. "Si Gabriella et Guillaume décident d'arrêter, c'est sûr que ça sera une grande page de ma carrière qui se tournera, reconnaît-il. Ce seront des élèves qui resteront toujours très importants pour moi. Mais j'ai toujours cette envie-là".
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