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Les rois du désert

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ParEurosport

Publié 19/01/2004 à 10:00 GMT+1

Joan Roma (KTM) et Stéphane Peterhansel (Mitsubishi) ont remporté dimanche le Dakar 2004, en catégories motos et autos. Pour l'Espagnol de 31 ans, il s'agit d'une première. Pour le Français, âgé de 38 ans et six fois vainqueur motos dans les années 90, c'

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Crédit: Eurosport

Il s'était fait au fil des éditions du plus grand rallye-raid une réputation de motard émotionnellement fragile, instable, sujet aux chutes et piètre en navigation. Incapable de tenir en respect le peloton sur la distance. Malchanceux aussi. Leader, il avait abandonné à trois jours de l'arrivée sur casse moteur, en 2000.
Le directeur sportif du Dakar 2004, Patrick Zaniroli, avait eu cette remarque cinglante avant le départ : "Il y a beaucoup de pilotes qui n'ont pas les qualités de navigation, comme Juan Roma". La caravane voyait sa lutte pour le pouvoir encore mal partie au sein d'une armada KTM extrêmement concurrentielle qui armait Richard Sainct, triple vainqueur, Fabrizio Meoni, double lauréat, Cyril Després, Alfie Cox, Jean Brucy et autres Isidre Esteve.
Pendant deux semaines, les meilleurs ont tout tenté, comploté contre l'Ibère. Arriver par exemple 7 ou 8e d'une étape pour le laisser faire la route le lendemain, et tomber dans les vices du road book. De bonne guerre. A la surprise générale, et la sienne en particulier, Juan Roma a évité ces écueils. Du 1er au 18 janvier, il a été l'un des seuls à ne connaître aucun jour "sans". Sainct s'est entaillé le bras après 80 kilomètres en Afrique, Meoni a été accablé par les problèmes techniques, Esteve a cassé un moteur, Brucy terminé à l'hôpital et, pour finir, Després a cédé la tête en faisant des ronds dans le désert, complètement perdu. Gestionnaire de ses efforts, régulier comme un métronome, Roma a ainsi rallié Dakar en vainqueur, dimanche, à l'issue d'une étape 17 remportée par Després.
"Peter", une légende
En autos, l'avènement à quatre roues de Stéphane Peterhansel (Mitsubishi) a véritablement fait entrer le Français dans la grande légende de l'épreuve. Sa première victoire au classement général autos s'ajoute au six (un record) collectées sur les deux roues d'une Yamaha, en 1991, 92, 93, 95, 97 et 98. Hubert Auriol était jusqu'à présent le seul vainqueur polyvalent, couronné au guidon d'une BMW en 1981 et 83 et au volant d'une Mitsubishi en 1992
Passé à l'auto en 1999, "Peter" avait terminé 2e en 2000 sur Nissan et gagné la catégorie T1 l'année suivante. Un abandon sur incendie en 2002 avait précédé une bien plus cruelle désillusion avec Mitsubishi, en 2003. Un bris de suspension à deux jours de l'arrivée avait propulsé Hiroshi Masuoka dans le clan des vainqueurs.
"Sur la liaison ce matin, je ne pouvais m'empêcher de penser à l'année dernière", a déclaré le vainqueur au Lac Rose. "Cela a été long d'attendre un an pour cette victoire. Il y a eu beaucoup de fois où il était facile de faire une erreur. J'ai parlé à Jean-Paul (ndlr : co-pilote) quand nous avons franchi la ligne d'arrivée de la spéciale d'aujourd'hui et je l'ai remercié pour son superbe travail. Je suis heureux pour lui. C'est sa première victoire au Dakar. J'ai attendu quatre ans pour gagner en motos. Cela m'a pris six ans pour gagner en autos. C'est un sentiment complètement différent. Hiroshi a aussi fait une course parfaite mais c'était mon tour cette fois!"
"Extra-terrestre"
Cette année, Stéphane Peterhansel a resservi son pilotage d'intelligence et d'attaque, dans le crucial de la technique et la navigation. Quelques crevaisons l'ont placé au début du parcours africain derrière son équipier nippon, mais le Pajero Evolution N.201 de "Hiro" n'était pas immunisé contre les ennuis. Le Japonais a connu ce temps - une heure et demi - lors de l'étape 8, entre Atar et Tidjikja. Le temps d'une méditation, assis à attendre avec son co-pilote Gilles Picard le secours du camion d'assistance, pour procéder à la réparation de la transmission. Avec plus d'une heure d'avance sur la BMW de De Mévius, pas techniquement au niveau de la Mitsu, et une heure et 22 minutes de marge sur Masuoka, Peterhansel tenait là une marge formidable, nanti du statut "d'extra-terrestre" attribué jour après jour par l'abasourdi Jean-Louis Schlesser (Schlesser-Ford). Jugeant son compatriote "rapide sur tous les terrains", le double vainqueur a par ailleurs estimé que "trois personnes savent naviguer : Masuoka, Peterhansel et Kleinschmidt."
Profondément déçu au Dakar en 2003, touché moralement aussi par ses défaites en Coupe du monde à la Baja italienne et au Rallye de Tunisie, qu'il patronnait sans contestation, Stéphane Peterhansel avait rangé ses ambitions avec son Pajero pendant près de six mois, le temps de travailler la fiabilité. Le retour victorieux au Desert Challenge à Dubaï, en octobre, annonçait bien sa gloire renouvelée au Sénégal. - [18/01/04]
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