Schlesser fait le bilan

Jean-Louis Schlesser, dans votre immense palmarès, où placez-vous ce podium?

J-L S: C'est une place particulière, parce que nous sommes la seule équipe à avoir tous nos véhicules à l'arrivée. Nous avions huit voitures au départ et tout le monde est là. Je crois que compte tenu des circonstances, de la difficulté du rallye et des moyens mis en oeuvre par l'adversaire, c'est une performance, qui n'est pas de mon fait mais de toute une équipe. Les garçons qui nous ont soutenus sont exceptionnels.

J-L S: Je vous remercie de me le rappeler, car c'est tout à fait vrai. Quinze jours avant le départ, j'ai eu un moment de blues assez conséquent. On avait travaillé neuf mois sur une nouvelle voiture, un nouveau concept, et on a pulvérisé cet auto. Moi, je ne l'ai jamais dit car je ne voulais pas inquiéter mes sponsors et tout ça, mais j'avais deux côtes cassées et j'ai préféré ne rien dire. Aujourd'hui j'ai mal mais on est à l'arrivée, c'est bien. Mais il ne fallait pas que j'en parle avant.

J-L S: J'ai pu constater, et pourtant c'était mon seizième Dakar, l'enthousiasme des gens dans tous les villages où nous avons été. Et aussi à Dakar. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de monde cette année pour venir discuter avec nous, nous féliciter... Il y a eu un enthousiasme assez incroyable.

J-L S: Il en a beaucoup, donc c'est assez long à décrire. Je crois qu'il a compris, il n'y a pas longtemps, qu'il ne suffisait pas d'aller très vite pour gagner. Donc je crois qu'il a compris qu'il fallait gérer en autos. Les motos sont beaucoup plus indestructibles, c'est une conduite différente. Aujourd'hui, il sait qu'il faut de temps en temps tempérer, et c'est pour cette raison qu'il a gagné. Il avait eu des petits problèmes les autres années, maintenant il sait comment il faut faire.

J-L S: Moi je ne demande rien, je souhaite que l'on constate l'écart. Si on prend les choses avec un peu de recul, on voit qu'il y a deux Mitsubishi qui sont loin devant. Nous, nous sommes derrière et, pour les autres équipes professionnelles, c'est la débandade parce que personne n'est là. Donc, si on veut donner du spectacle, il faut donner quelque chose aux deux roues. Pour les quatre roues, je souhaite que les autres constructeurs aillent de l'avant pour rattraper Mitsubishi. Nous, ça fait trois ans qu'on a sans arrêt été pénalisé et on s'aperçoit finalement qu'on l'a peut-être été à tort. Si vous ne m'avez pas entendu sur le rallye, ce n'est pas parce qu'on était moins bien loti, il faut rendre hommage aux vainqueurs qui ont bien travaillé, mais maintenant il faut qu'on nous donne quelque chose pour que nous puissions montrer le bout de notre nez. Pour qu'il y ait de l'intérêt dans une compétition, il faut qu'il y ait de la compétition. A vaincre sans triomphe...