J0 Paris 2024 - Antoine Dupont (rugby à 7) : "On ne va pas se cacher, la prochaine étape, c'est de remporter les JO"

Les Bleus du rugby à 7 seront les premiers Français en lice dans ces Jeux Olympiques avec une compétition qui débute le mercredi 24 juillet. Championne du SVNS pour la première fois au mois de juin à Madrid, l’équipe de France fera partie des favoris. Emmenée par Antoine Dupont, le "ministre de l'Intérieur" ne cache pas ses ambitions : lui et ses coéquipiers veulent remporter la médaille d'or.

Dupont : "Le rugby à 7 est une discipline qui m'a toujours plu"

Video credit: Eurosport

Antoine, on y est ! Les JO débutent ce mercredi, vous êtes allés au village Olympique il y a quelques jours, à quoi ça ressemble et est-ce que vous avez hâte ?
Antoine Dupont : Oui bien sûr qu’on a hâte. On a pu découvrir ce village mythique où on voit les drapeaux de toutes les nationalités, cet immense réfectoire où toutes les disciplines se croisent, pouvoir échanger avec d’autres athlètes qui ont cette expérience des Jeux, qui ont beaucoup gagné, c’est très inspirant pour nous. Ça nous motive pour la suite mais une fois qu’on est rentré dans le village, on a qu’une seule hâte : c’est de commencer la compétition.
Ce sont vos premiers Jeux… Est-ce que c’était un rêve pour vous ?
A.D : Ça l’est devenu assez récemment, le rugby n’est revenu qu’en 2016 (ndlr : au programme des Jeux Olympiques, dans le format 7v7). En 2021, l’équipe de France n’était pas qualifiée à Tokyo, ça avait été une grosse désillusion. Dès que les Jeux à Paris ont été annoncés, assez tôt j’ai fait part de mon souhait de me donner les moyens de participer à cette compétition mythique dans l’ambition de la gagner. Je voyais les résultats de l’équipe de France à 7 qui performait, qui avait déjà terminé quatrième du circuit mondial l’année précédente et c’est ça qui m’a motivé à me lancer dans cette aventure.
Est-ce que vous avez des souvenirs, en tant qu’enfant, des Jeux Olympiques ?
A.D : Bien sûr, je pense qu’on en a tous. Se rassembler en famille pour la finale du 100m, des finales de natation, d’escrime… Peu importe la discipline tant qu’il y avait un Français on se mettait à les supporter dans des disciplines dont on ne connaissait rien mais on pouvait s’extasier quand on voyait un Français qui gagne. C’est ça les Jeux, c’est le sport qui nous rassemble.
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Lafond à Dupont : "Antoine, pour le rugby à 7, vas-y à fond !"

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Est-ce qu’il y a une discipline que vous allez regarder en particulier ?
A.D : Je vais essayer de rester quelques jours pour regarder d’autres disciplines. Avec les mecs de l’équipe on a commencé à regarder. Je vais essayer d’aller voir la natation avec Léon Marchand et Florent Manaudou, d’aller voir Teddy Riner au judo, où des disciplines qu’on n’a pas l’habitude de voir dans des endroits incroyables : le skate à la Concorde comme le basket 3x3, le beach-volley en bas de la tour Eiffel… Si on peut essayer de profiter de cette magie des Jeux mais avec le sentiment du devoir accompli ça sera super !
Vous ne serez pas à la cérémonie d’ouverture, est-ce que vous avez quand même envie de la regarder ?
A.D : Oui bien sûr qu’on va la regarder même si on aurait beaucoup aimé y participer évidemment mais le format de la compétition ne le permet pas. La veille d’une potentielle demi-finale et finale on se voyait très mal faire la parade. Même si ça fait partie du mythe des JO et qu’on a de la déception par rapport à ça, on la suivra à la télé avec les yeux de supporters qu’auront tous les Français.
Cette année vous avez gagné le Top 14, la Coupe d’Europe, c’est quoi la prochaine étape ?
A.D : Samedi (rires). Voilà la prochaine étape pour clore mon année de la meilleure des manières.
Donc c’est gagner les Jeux ?
A.D : Oui bien sûr, on ne va pas se cacher.
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Crédit: Getty Images

Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui est différent entre le rugby à 7 et celui à 15 ?
A.D : La première chose c’est qu’on est que 7 sur un terrain qui fait la même taille donc on peut bien deviner qu’il faut courir beaucoup plus pour pouvoir jouer. Les profils de joueurs sont différents et le format de la compétition aussi. On joue des matchs de 14 minutes, 2 matchs par jour sur 3 jours de compétitions avec des poules de 4 puis quarts, demi, finale… C’est très exigeant comme discipline avec l’enchaînement des matchs. Après il y a aussi des spécificités sur le terrain : les mêlées se font à 3 et on a que des profils très athlétiques.
Vous avez dû changer votre préparation, qu’est-ce que vous avez ajouté dans votre préparation ?
A.D : J’ai essayé de m’adapter en même temps que mes semaines d’entrainements pour le XV en faisant des petits compléments à partir de janvier, quand j’ai su que j’allais faire mes premiers tournois en février et mars. Il y a eu beaucoup de travail de vitesse et de maintien de vitesse surtout car il y a beaucoup de longues courses dans le rugby à 7 ce qui est peu le cas à 15 et surtout à mon poste. Ça a surtout été ça mais aussi sur quelques aspects techniques comme le lancer en touche que je ne pratique pas à 15. Il a fallu que je m’adapte.
(On lui montre une photo de lui en 2013, jouant au rugby à 7). On a un cliché avec nous, il vous inspire quoi ?
A.D : C’est la dernière fois que j’ai pratiqué le rugby à 7. C’était avec les moins de 18 ans à Dubaï en 2013. C’était une très belle expérience on avait gagné le tournoi même si la compétition n’était pas très relevée. Pour tous les jeunes joueurs, c’est une superbe discipline pour se développer physiquement et techniquement. On apprend beaucoup et on peut jouer des matchs de haut niveau.
Je ne savais pas ce que je valais en rugby à 7
Donc vous êtes finalement connaisseur du rugby à 7 ?
A.D : Oui je connaissais mais je n’avais pas pu le pratiquer ensuite. L’équipe de France développement faisait des tournois mais ensuite j’ai commencé à jouer avec les professionnels à Castres quand j’avais 18 ans et le club ne me lâchait pas sur ces périodes pour aller faire les tournois qui sont souvent à l’autre bout du monde. De plus, ça reste une discipline peu médiatisée. On n’y accordait pas beaucoup d’importance donc on avait du mal à laisser partir les joueurs du 15 pour aller jouer à 7. Aujourd’hui ça se fait de plus en plus car on voit que c’est bénéfique pour les joueurs d’aller se challenger sur une autre discipline.
Vous aviez déjà envie de jouer au rugby à 7 ?
A.D : Une fois que je suis passé au rugby à 15, la passerelle a été très compliquée comme je disais à l’époque. Je savais que ma priorité restait le rugby à 15. Là, les JO sont venus un peu chambouler mes objectifs mais ça a toujours été une discipline qui m’a plu.
Dans votre prépa vous avez fait des cours de danse, comment vous avez pris ça ?
A.D : (rires) Ouais c’était bizarre et surtout j’étais à la bourre sur l’apprentissage de la chorégraphie. Eux ça faisait deux ans qu’ils la répétaient et moi en une heure je devais l’apprendre car à chaque fois on passe devant tout le monde à la fin de la séance. Je me suis beaucoup concentré. Ça a été dur de m’y mettre au début mais après ça a été une chose qui nous a permis de sortir de notre zone de confort. Arriver à extérioriser et se mettre en avant sans avoir honte, ne pas avoir de jugement entre nous ça a été quelque chose de bénéfique. Ça enlevait pas mal de complexes et ça nous a fait surtout marrer pas mal de fois.
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Mourad de Toulon : "Ce n'est plus Antoine Dupont, c'est Antoine Du Viaduc"

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Comment s'est faite l'intégration ?
A.D : J’ai fait ce que je pouvais, je me suis plié à leurs règles qui existaient déjà entre eux dans le groupe. Je me suis rajouté en essayant de m’immiscer au mieux dans leur fonctionnement qui marchait déjà et ça s’est plutôt bien fait. Je pense qu’ils ont apprécié l’approche que j’avais, je suis arrivé avec beaucoup d’humilité car je ne savais pas ce que j’allais valoir en rugby à 7. C’est une discipline très différente, beaucoup de joueurs de rugby à 15 sont venus s’y frotter et ça n’a pas forcément fonctionné. Il fallait que je mette toutes les chances de mon côté pour que ça se passe bien. J’ai posé pas mal de questions et j’ai essayé d’apprendre le plus vite possible pour être performant le plus rapidement possible.
On vous a vu à Vancouver, à Los Angeles, on a l’impression que cette équipe de France est en train de monter depuis 2017, l’année dernière ils étaient sur une pente ascendante. Vous avez permis à l’équipe de gagner. Comment avez-vous perçu votre entrée dans cette équipe ?
A.D : J’ai du mal à mesurer l’importance de mon rôle dans les réussites qu’on a connu cette saison. Je pense que ça a été un concours de circonstances aussi. L’équipe commence à arriver à maturité avec des joueurs qui prennent de plus en plus d’importance, d’autres qui se sont révélés et qui ont fait de très bonnes performances. Moi je suis un de plus vieux dans l’équipe (rires), les jeunes sont en processus d’apprentissage mais apprennent très vite et ont su se mettre au niveau de l’exigence et de l’ambition de l’équipe. Ce déclic de Los Angeles nous a donné beaucoup de confiance pour la suite avec cette deuxième place à Hong Kong et ce titre à Madrid. Je suis arrivé dans une équipe qui arrivait déjà à maturité.
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