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Six Nations - Intensité et dépossession : pourquoi les Bleus se sont trompés tactiquement

Vincent Guiraud

Mis à jour 04/02/2024 à 13:19 GMT+1

Balayée 17-38 face à l'Irlande, l'équipe de France a été méconnaissable pour ouvrir ce tournoi des Six Nations 2024. Si l'expulsion de Paul Willemse en première période a joué sur le résultat vendredi, c'est d'un point de vue tactique que les Bleus se sont trompés. En privilégiant "l'intensité combattue" à "l'intensité courue", Galthié a fait fausse route. Et a emporté ses hommes dans son sillage.

Willemse, mais pas que : les raisons de la déroute

"On va essayer de comprendre dès lundi". Ce dimanche, 24h après la déroute de son équipe de France sur la pelouse du Vélodrome, Fabien Galthié doit encore avoir des maux de tête. Si le sélectionneur attendra lundi pour débriefer avec ses hommes, depuis vendredi soir, le très cérébral Galthié essaye de comprendre. Comprendre comment les Bleus ont pu être balayés de la sorte par des petits hommes verts intraitables (17-38). Comprendre pourquoi, tout au long des 80 minutes du match, l'écart de niveau entre les deux équipes a paru si abyssal. Comprendre comment l'équipe de France, si enthousiasmante dans son jeu en mouvement l'année dernière, a-t-elle pu se contenter de si peu vendredi à Marseille.
Car si l'expulsion de Paul Willemse en première période a forcément joué sur le scénario et le résultat du match, elle ne peut pas, à elle seule, expliquer la prestation proposée par les Français pour cette ouverture du Tournoi 2024. Même à 15 contre 15, les Bleus n'ont jamais semblé en mesure de prendre les commandes du match, ou à minima de bousculer une équipe d'Irlande qui jouait dans son jardin sur la Canebière. Cette expulsion a finalement été le symbole d'une équipe sans repère. Et avec un jeu millimétré digne des meilleurs horlogers suisse, le XV du Trèfle a asphyxié des Bleus qui ont semblé, dès les premières minutes, pris à la gorge et à bout de souffle.
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Galthié : "C'est une défaite avec un scénario très particulier"

Les Bleus se sont trompés de combat

"On se prépare à plaquer 200 fois, à disputer 200 rucks sans la possession" avait prévenu Fabien Galthié avant la rencontre. Si les Bleus n'ont pas plaqué 200 fois (148) ni disputé 200 rucks, ils ont eu pour consigne, tout au long du match, de laisser la possession aux Irlandais. Et en privilégiant "l'intensité combattue" à "l'intensité courue", Fabien Galthié et ses hommes se sont trompés de combat vendredi soir.
Le maître à penser des Bleus, qui avait évoqué ces différentes "intensités" dans une logorrhée rugbystique et un vocabulaire dont il a le secret quand il s'agit de parler du ballon ovale, avait délibérément choisi de subir. Mais face à l'Irlande, le XV de France a été pris à son propre piège. Si les hommes d'Andy Farrell ont bien tenu le ballon la majeure partie du temps, ils ont privilégié le mouvement pour mettre à mal une équipe de France plus préparée à répondre présente dans l'affrontement et le défi physique.
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La déception de Charles Ollivon et des Français après la défaite face à l'Irlande, vendredi 2 février 2024. / Tournoi des 6 Nations

Crédit: Imago

Sur les onze touches jouées par les visiteurs, secteur ultra dominé par l'Irlande, 8 ont donné lieu à un mouvement dynamique, avec la volonté de faire vivre rapidement le ballon pour le déplacer au centre du terrain. Les deux seuls mauls joués par les Irlandais à la suite d'une touche l'ont été dans les 5 mètres français et ont offert deux essais aux coéquipiers de Bundee Aki. En privilégiant coûte que coûte le mouvement, les Irlandais ont ainsi évité ce pour quoi le XV de France était formaté et préparé depuis deux semaines : les collisions et le combat physique.

Repossession ou dépossession ?

Si l'année dernière à l'heure de débuter le Tournoi, le sélectionneur du XV de France avait évoqué la repossession, en lieu et place de la dépossession, les Bleus avaient, en pratique, mis en place un jeu avec ballon plus ambitieux. Un tour de passe passe sémantique de Fabien Galthié qui disait autant que la volonté du XV de France de désormais tenir un peu plus le ballon. Une nouvelle donnée qui avait guidé les Bleus toute l'année 2023 jusqu'à cette Coupe du monde et ce quart de finale perdu face à l'Afrique du Sud.
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Fickou indéboulonnable… pour combien de temps ?

Pourquoi alors Galthié a-t-il, pour débuter son deuxième mandat, fait machine arrière ? Pourquoi s'est il obstiné à rendre systématiquement le ballon aux Irlandais pour cette ouverture du Tournoi 2024 ? Si vouloir rivaliser dans le jeu en mouvement avec les Irlandais aurait pu paraître présomptueux, le début de match plus que compliqué de ses hommes n'a pas rendu la tâche facile aux Bleus avec cette approche stratégique.

Lucu galère, Lowe se régale

Le pauvre Maxime Lucu, très loin du niveau attendu, a été le symbole de cette faillite tactique, ou du moins de la faiblesse technique des Français sur l'aspect du jeu au pied. D'un coup de pied de dégagement trop court à la 9e minute, d'une chandelle trop longue à la 14e ou un coup de pied contré derrière un ruck après 20 minutes de jeu, le demi de mêlée français, qui avait la lourde charge de faire oublier Antoine Dupont, titulaire samedi avec Toulouse avant de faire ses premiers pas en "Sevens", a symbolisé tout ce qui a manqué aux Bleus pour appliquer cette stratégie minimaliste de dépossession.
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Maxime Lucu (France), dépité face à l'Irlande - 02/02/2024

Crédit: Getty Images

Face à James Lowe qui possède probablement l'un des coups de pieds le plus puissant du circuit international, les hommes de Galthié se sont cassé les dents. Ils ont été incapables de s'adapter pour délaisser cette approche tactique et mettre la main sur le ballon, ce qui aurait pu convenir à Matthieu Jalibert, peu à l'aise dans le "ping-pong rugby" de vendredi.
"La performance offensive n'était pas au rendez-vous" a reconnu Galthié en conférence de presse après la défaite. Dans sept jours en Ecosse, le XV de France devra proposer autre chose s'il veut enfin lancer convenablement son Tournoi. Et le sélectionneur des Bleus, géni incompris pour les uns, savant fou pour les autres, va certainement se questionner longuement sur la stratégie à adopter face au XV du Chardon. Si les Bleus veulent conserver leur chance de victoire finale dans la compétition, Fabien Galthié n'a plus le droit à l'erreur.
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Lafond : "Si on perd en Ecosse, je ne réponds plus de rien"

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