L'antisèche de France - Ecosse : (presque) sans l'ombre d'un doute

Les hommes de Fabien Galthié le savaient, ils devaient impérativement battre l'Écosse - un adversaire qui leur a donné du fil à retordre lors de leurs trois dernières confrontations - pour remporter le Tournoi. Cette pression s'est vue en première période, avec une nervosité qui aurait pu notamment coûter cher à Peato Mauvaka, passé près de la correctionnelle pour un geste d'humeur (carton jaune à la 19e). Rejoints après avoir tiré les premiers avec un essai de Yoram Moefana (17e), les Bleus ont été proches de rentrer au vestiaire en retard au tableau d'affichage, évitant d'extrême justesse un essai refusé après arbitrage vidéo (40e).

Puis la lumière est venue en tout début de seconde période sur un contre assassin mené par Romain Ntamack et conclu par Louis Bielle-Biarrey (43e). Un essai libérateur pour les Tricolores qui, la confiance aidant, ont pu dérouler dans le deuxième acte avec deux essais de plus, de Thomas Ramos (57e) et Moefana, auteur d'un doublé (62e). Pour le plus grand plaisir du Stade de France.

En grande forme dans ce Tournoi, Yoram Moefana est resté dans la lignée de son match très réussi en Irlande malgré du déchet au plaquage. Mieux, il marqué deux essais, le deuxième scellant les espoirs écossais dans la partie. Au but, Thomas Ramos s'est montré relativement précis et s'est payé le luxe de marquer son essai personnel en seconde période (57e). Tout comme Louis Bielle-Biarrey, qui a conclu l'essai du break en seconde période (43e), a été décisif sur celui de Moefana et a montré sur l'ensemble du match une extrême générosité.

Propulsé titulaire avec la blessure d'Antoine Dupont, Maxime Lucu a, comme en Irlande, réussi une prestation de haut vol. Devant, Thibaud Flament et François Cros ont également fait tomber de l'Écossais à foison. Une réussite collective, aidée également par l'apport du banc.

Après avoir évité un essai de justesse peu avant la pause, le XV de France reprend la seconde période avec une courte avance et pas mal de pression. Celle-ci va rapidement descendre d'un cran grâce à sa fine gâchette. Sur un temps de jeu écossais, Finn Russell porte le ballon mais le perd sur un plaquage de Gaël Fickou. Romain Ntamack ramasse le ballon et file à toutes enjambées vers l'en-but.

N'ayant pas les cannes pour terminer le coup, le meneur de jeu toulousain a la présence d'esprit de remettre à l'intérieur pour l'inévitable Louis Bielle-Biarrey. La vitesse du Bordelais fait le reste, lui qui a inscrit sous les poteaux tout à la fois l'essai du break et, pour lui, du record d'essais sur un seul Tournoi des 6 Nations (8).

Thomas Ramos n'avait que six points à passer ce soir pour égaler Frédéric Michalak en tant que meilleur réalisateur de l'histoire du XV de France. Il a fait bien mieux que ça avec trois pénalités, trois transformations et un essai, soit vingt points dans la partie. Le nouveau record est porté à 450 points et nul doute que l'arrière toulousain l'amènera, dans les mois et années à venir, bien au-delà.

Le XV de France se place de nouveau sur le toit de l'Europe, trois ans après le Grand Chelem de 2022 qui était une étape-clé du premier mandat de Fabien Galthié. Cette année les Bleus ont connu une défaite dans leur parcours. Pourtant, la performance semble encore plus impressionnante. En 2022, les Bleus avaient reçu trois fois et avaient su gagner en Écosse et au pays de Galles, qui avait déjà amorcé son déclin.

En cette année impaire qui signifiait pour lui trois déplacements (la dernière victoire française dans cette configuration remontait à 2007), le XV de France a manqué le Grand Chelem pour une défaite très frustrante en Angleterre (26-25) mais a dominé assez nettement tous ses autres adversaires avec en point d'orgue, sa masterclass à Dublin contre le tenant du titre (27-42). Au final, les Bleus terminent avec une différence de points hallucinante de +125. L'illustration chiffrée d'un Tournoi phénoménal et presque parfait.