L'antisèche d'Italie - France : Irrésistibles à Rome, les Bleus sont prêts à défier les Irlandais

Les pigeons qui avaient prévu de passer l'après-midi tranquillement installés sur la pelouse abîmée du Stadio Olimpico ont souvent dû déployer leurs ailes. Et pour cause : d'un bout à l'autre du terrain, l'Italie et la France avaient décidé d'envoyer du jeu. Les Bleus - tout de blanc vêtus - sont restés fidèles à leurs principes, cherchant d'emblée à asphyxier leurs adversaires en imprimant un gros tempo. Ils n'ont pas tardé à trouver des solutions, tantôt grâce à la puissance de leurs avants, tantôt en comptant sur la vivacité de leurs trois-quarts. 

Les Azzurri ont certes réussi à transpercer deux fois la ligne défensive française au cours d'un premier acte décidément très rythmé. La différence de niveau était toutefois trop importante pour permettre aux locaux de semer le doute dans la tête des visiteurs. Ceux-ci se sont au contraire promenés tout au long d'une seconde période à sens unique, en s'appuyant notamment sur l'apport de leur banc en 7+1, qui a logiquement boosté le pack tricolore. Pas de doute, il y avait bien un monde d'écart entre les deux équipes. 

Forfait en début de Tournoi pour cause de commotion, Léo Barré a signé un retour tonitruant avec le XV de France. L'arrière du Stade français a réussi pratiquement tout ce qu'il a entrepris à Rome, agrémentant sa prestation de deux essais. Antoine Dupont est lui aussi allé à dame à deux reprises, en plus d'avoir été un chef d'orchestre très inspiré, comme toujours ou presque. Yoram Moefana a continué sur la lancée de sa grosse performance en Angleterre, tandis que Mickaël Guillard a indéniablement marqué des points en deuxième ligne.

Les Français se sont fait plaisir dans la Ville éternelle, empilant onze essais et se permettant quelques gestes techniques inattendus. À l'image de cette passe à une main, façon joueur de handball, de Louis Bielle-Biarrey pour Pierre-Louis Barassi.

En s'imposant avec 49 points d'avance ce dimanche, l'équipe de France a signé le plus large succès de son histoire dans le 6 Nations. Toutes époques confondues, le plus gros écart établi par les Bleus dans le Tournoi remonte à 1998, face au pays de Galles (51-0).

On ne change pas une équipe qui gagne, si l'on en croit le poncif. A fortiori, serait-on tenté d'ajouter, si ladite équipe se permet de gagner avec la manière. Deux semaines après avoir concédé un revers ô combien frustrant en Angleterre (26-25), le XV de France a offert une réaction en forme de démonstration, en éparpillant l'Italie à Rome (24-73). Une victoire fleuve impressionnante, certes, mais qui ne garantit en rien que les hommes alignés sur le pré au coup d'envoi seront les mêmes en Irlande, le 8 mars prochain.

Après la rencontre, Fabien Galthié s'est bien gardé de donner le moindre indice concernant ses plans en vue de la bataille de Dublin, qui sera décisive en vue de la victoire finale dans le Tournoi. On peut néanmoins supposer que plusieurs éléments majeurs absents au Stadio Olimpico seront de retour aux affaires. Bien qu'il ait largement répondu aux attentes, Mickaël Guillard aura ainsi du mal à garder sa place en deuxième ligne si Emmanuel Meafou, victime d'une infection pulmonaire, est de nouveau apte. Par ailleurs, Damian Penaud a beau avoir été écarté en raison d'une prestation jugée décevante à Twickenham, il serait étonnant de se priver de ses qualités face au XV du Trèfle.

Romain Ntamack, lui, ne sera plus suspendu et postulera donc logiquement à une place de titulaire en charnière, aux côtés de son compère Antoine Dupont. À vrai dire, le cas le plus épineux à trancher semble se jouer à l'arrière. Ouvreur de substitution ce dimanche, Thomas Ramos devrait, selon toute logique, retrouver le numéro 15. À moins que le staff tricolore ne lui préfère Léo Barré, qui a livré une prestation majuscule sous le soleil romain. Tout cela ressemble à des problèmes de riches, et quelle que soit l'équipe alignée contre les Irlandais, espérons simplement que ce sera la meilleure du moment.