XV de France - "Ce sentiment d’iniquité" qui révolte les Bleus : "Cela ne peut pas être toujours en notre défaveur"

Dominant sur le terrain dans ce Tournoi des 6 Nations 2025 qu'il pourrait remporter samedi, le XV de France peine à l’inverse à faire entendre sa voix dans la coulisse, comme en ont attesté le cas Romain Ntamack où les citations disciplinaires rejetées après la victoire en Irlande (27-42). Un état de fait que ne digèrent pas joueurs, staff et dirigeants, qui en appellent au changement.

Par Anthony Tallieu.

Dans le calme champêtre du CNR de Marcoussis, une colère froide a germé. Alors que les Bleus se sont ouvert les portes du gain du Tournoi des 6 Nations grâce à leur récital en Irlande (27-42), une sensation désagréable est revenue les chatouiller tel un poil à gratter. Ce voile sur leurs sourires : cette conviction puissante d’être les dindons de la farce du concert international.

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29/06/2025 à 13:22

À Dublin, ils ont certes brillamment gagné, s'offrant l'opportunité de conclure samedi face à l'Ecosse. Mais ils ont perdu leur capitaine Antoine Dupont (rupture des ligaments croisés) et Pierre Louis-Barassi (commotion cérébrale), suite à des interventions irlandaises qui, ils en sont certains, auraient dû valoir à leurs auteurs la plus sévère des sanctions, sur l’instant et a posteriori.

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Une différence de traitement qui choque la FFR

Furieux de l’absence de carton rouge, Fabien Galthié annonçait même avoir "cité à comparaître" Tadhg Beirne, Andrew Porter et Calvin Nash au sortir de la rencontre. Des citations jugées à son grand dam "irrelevant" (non pertinentes en anglais) par la commission dédiée, comme elle l’a écrit noir sur blanc à l’encadrement du XV de France dans un mail laconique envoyé le lendemain à 9h42 très précises.

Une incompréhension de plus, qui venait après celle qui concernait la différence de traitement des dossiers Romain Ntamack et Gary Ringrose, le premier s’ayant vu refuser le privilège octroyé au second de pouvoir purger un de ses deux matches de suspension lors d’une journée de championnat.

Une incompréhension de trop, surtout. "Cela commence à faire beaucoup, nous confiait en milieu de semaine un membre éminent de l’encadrement des Bleus. Pour Ringrose, un simple mail d’une grande mauvaise fois envoyé par Easterby (le sélectionneur de l’Irlande, ndlr) deux jours après l’annonce de la sanction a suffi à les convaincre. Nous, pour Romain, on a envoyé un dossier de 6 pages où on expliquait notamment les détails de la convention LNR/FFR. Et cela n’a eu aucun effet."

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J’y vois une opportunité en or

Pour ce qui est des citations post Irlande - France, la FFR ne s’en est, selon nos informations, pas tenue à la réponse lapidaire des instances du 6 Nations. Elle leur a envoyé un montage vidéo des actions incriminées annotées des interprétations de l’ex-arbitre international Jérôme Garcès, aujourd’hui salarié de la fédération.

Sans se "faire d’illusion" sur une improbable inflexion de la décision de ne pas convoquer les trois Irlandais en vue d’une sanction mais dans l’optique de surfer sur l’écho médiatique de ces dissensions, dopé par la blessure d’Antoine Dupont, avec la ferme intention de faire bouger les lignes.

"J’y vois une opportunité en or à saisir, assure la même source interne à la FFR. Avec le retentissement que cela a, il faut s’engouffrer dans la brèche pour faire en sorte de changer les choses. Parce que si on ne le fait pas, on aura toujours ce sentiment d’injustice et d’iniquité."

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Le coup de pression de Ntamack

Mercredi, c’est Romain Ntamack qui est sorti de sa réserve naturelle pour mettre un coup de pression sur la direction du 6 Nations et de World Rugby. "Je pense qu’il faudra quand même s’asseoir autour d’une table pour clarifier tout ça et mettre en place un vrai règlement pour tout ce qui est jeu déloyal, a-il d’abord lancé. Que ce soit pour Antoine ou pour Pierre-Louis, si nous avions fait ces fautes, peut-être que nous aurions pris un carton rouge."

Et l’ouvreur toulousain particulièrement remonté d’ajouter sur son cas personnel : "Il y a clairement une forme d’injustice et d’incompréhension. On avait fait un dossier et on avait bien bataillé pour prouver que j’allais jouer avec mon club. Et quand on voit dix jours après le total inverse de ce qu’ils m’ont dit à la commission, cela reste assez incompréhensible. Il va falloir commencer à taper du poing sur la table car cela ne peut pas toujours être en notre défaveur." Le message est passé. Reste à savoir s’il sera, cette fois, entendu par les toutes puissantes institutions britanniques qui dirigent ce jeu.

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