CHAMPIONS CUP - 3e journée - Ce Racing 92 avait les armes, il lui manquait l’ambition

Gaël Fickou connaît trop bien le rugby pour se voiler la face. Interrogé par France 2 au sortir d’un match où son équipe venait de l’emporter après avoir récupéré la pénalité de la gagne à 12 contre 15, le capitaine du Racing et vice-capitaine des Bleus tirait une tête de six pieds de long.

"Je pense qu’on devait faire mieux, a-t-il d’abord lâché, à contre-courant d’une question qui faisait l’emphase sur le résultat. On a eu plusieurs occasions de marquer et de prendre le bonus. On est déçu car il y avait moyen de faire mieux. On n’a pas été bon. C’est un peu triste, il va falloir se réveiller car une équipe d’un autre calibre nous attend la semaine prochaine (le Leinster à l’extérieur, ndlr). C’est une victoire amère et décevante."

L’approche stratégique de l’ancien Toulousain et Parisien à des moments clés de la rencontre est pourtant une des causes de sa propre déception. Avant de se retrouver dans cette situation critique d’être mené avec un déficit de trois joueurs sur le pré, le Racing avait été dans une position bien plus favorable une vingtaine de minutes plus tôt. En supériorité numérique suite à un carton jaune reçu par l’ailier Aaron Morris (53e), les Ciel et Blanc avaient obtenu une pénalité à un peu plus de 40 mètres des poteaux. Gaël Fickou faisait alors immédiatement signe à l’arbitre de prendre les poteaux.

Une décision qui aurait été parfaitement légitime dans un autre contexte, mais qui l’était moins dans la situation du Racing. Avec un seul point pris lors de ses deux premiers matches de Champions Cup, et un dernier déplacement à prévoir chez l’ogre du Leinster, le Racing avait cruellement besoin d’une victoire bonifiée pour se faciliter la tâche avant d'aller à Dublin. À ce moment de la partie, les hommes de Laurent Travers avaient déjà inscrit trois beaux essais et n’étaient plus qu’à une réalisation du fameux bonus.

L’excuse du temps restant ne tenait plus quand, à dix minutes du terme, tandis que les Quins s’étaient épuisés à ne pas craquer à 13 puis à 14, et même à recoller au score grâce à un essai de Cadan Murley (66e), Eddy Ben Arous gratta un ballon synonyme de pénalité à 35 mètres en face des poteaux. Cette fois, pas question de prendre les points pour Finn Russell, qui montrait la touche du bras. Il n’était alors pas suivi par son capitaine, qui lui demanda une deuxième fois de tenter la pénalité. Les Anglais étaient certes à deux petits points, mais l’enjeu n’était pas là.

Avec la qualité qu’il avait démontré dans le jeu durant toute la partie, réussissant des lancements de jeu de toute beauté, notamment sur les essais de Kamikamica (34e) et de Saili (41e), le Racing avait toutes les armes pour préférer l’ambition aux calculs d’épicier pour faire exploser les troisièmes de Premiership. Il en avait de surcroît besoin pour enlever le bonus défensif à son adversaire du jour, et concurrent pour la qualification, et se donner un point de plus qui l’aurait placé dans une situation un peu moins inconfortable avant de défier une équipe du Leinster qui l’avait massacré à l’aller (10-42).

Huitièmes, les Racingmen savent désormais qu’une défaite sèche en Irlande les éliminera pratiquement à coup sûr (sauf en cas de match nul entre l’UBB et Gloucester et de défaite du Lou à domicile contre Bulls). Une perspective qui donnait bien des raisons à Gaël Fickou de faire la gueule.