L'ascension de Lagisquet

Patrice Lagisquet s'est affirmé en huit ans, entre fougue et rigueur, comme l'un des entraîneurs les plus cotés du pays. En même temps que Biarritz, il a grandi jusqu'à atteindre le sommet de l'Europe samedi à Cardiff. Portrait de celui qu'on annonce comm

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Le souvenir est celui d'un pur-sang crocheteur à l'aile du XV de France, aux vingt essais, certains sublimes, en 46 sélections (1983-1991), d'une carrière perturbée par les blessures, d'un palmarès plutôt frustrant malgré le succès dans les Tournois 1988, 1989 et la finale du Mondial 1987.
Le CV du coach paraît plus éloquent, avec un BO qui remontait juste d'Elite 2 en 1997: une Coupe de France en 2000, deux titres de champion de France en 2002 et 2005, deux demi-finales européennes en 2003 et 2004... et la finale à Cardiff ce week-end. Patrice Lagisquet, élu meilleur entraîneur la saison dernière, est l'entraîneur qui monte.
"J'ai eu la chance de pouvoir me construire sur la durée" , tempère-t-il. "Je suis arrivé à une époque où être entraîneur de rugby pro en 1re division, ce n'était pas ce que c'est aujourd'hui, c'était moins exigeant. Avec Laurent (Rodriguez, co-entraîneur jusqu'en 2003), il y avait l'évolution du BO, de ses moyens et structures, et la nôtre en même temps".
L'envie de créer
"A l'époque il y avait tant de choses à faire évoluer, mettre en place des concepts de jeu, une ambition sportive. Quand on parlait de lancements de jeu, d'organisation des mouvements sur trois temps de jeu, pour certains joueurs c'était comme parler d'aller sur la lune", sourit-il. "Cela n'a plus rien à voir" . Ce qui n'a pas changé, c'est un certain credo: "une dimension d'éducateur, plus que de metteur en scène". Et l'exigence, le souci du détail, la curiosité, qu'avait déjà le joueur. Cette force de travail, d'analyse, que démentait l'impression de facilité de l'ailier bayonnais, mais que ne manquait pas de souligner Jacques Fouroux, un de ceux qui a compté.
"Je ne me vois pas du tout comme un grand penseur ou chercheur" , proteste l'obstiné anti-héros. "Mais il y a l'envie de trouver de nouvelles idées, de créer des choses, d'entrer dans cette démarche de perpétuelle évolution: ça c'est passionnant, enrichissant". Perpétuel mouvement, aussi. Intenable en match, tour à tour intraitable, excessif ou irrésistible aux entraînements, Lagisquet a l'énergie et la passion aussi communicatives que dévorantes. Pour les autres, ou pour lui.
Le rugby comme "source de plaisir"
Entre le rugby, son cabinet d'assureur, sa militante implication pour l'enfance handicapée -il fut un des croisés obtenant au niveau national en 1999 les premiers auxiliaires d'intégration scolaire- Lagisquet, 42 ans, avoue s'être parfois "usé à mener tout de front". Il a pris du recul mais conserve, condition de son "équilibre", ce triptyque "rugby-travail-associatif" sans faire mystère que c'est ce dernier, "cette démarche plus altruiste" , qui l'épanouit le plus profondément.
Aussi, parce que le rugby "doit surtout être source de plaisir", cet incorrigible de la remise en question pensa jeter l'éponge en 2005, quand il sentit qu'il "n'arrivait plus à communiquer autour des valeurs de solidarité et générosité" au BO nouveau. Le problème fut réglé, et Lagisquet relancé. Au point d'assumer aujourd'hui qu'on accole malgré lui son nom aux spéculations sur le XV de France post-2007. Assumer, pas demander.
"Intellectuellement, c'est une démarche très sympa. Il y a plein d'idées, de choses à faire. Mais quand on pense aux aspects qui peuvent être négatifs, le contexte de pression, l'équilibre familial, le devoir de réserve ou d'expression... Je ne revendique pas du tout, ni ne me sens plus légitime qu'un autre. Je suis plutôt candidat à continuer de prendre du plaisir à Biarritz".
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