Coupe du monde de rugby 2023 - Argentine - Angleterre : une petite finale pas dénuée d'intérêt

On croyait l’Angleterre morte et enterrée après sa première moitié d’année 2023 apocalyptique, ponctuée par trois défaites durant le Tournoi dont une raclée face aux Bleus (10-53), puis un revers historique cet été à Twickenham contre les Fidji (22-30). On pensait l’Argentine moribonde après son échec initial à Marseille contre cette même Angleterre (27-10), suivi d’une bien poussive victoire contre les Samoa (19-10) à Saint-Étienne.

Au vrai, même si elles n’ont jamais impressionné dans cette compétition, ces deux-là auront été plus loin que leur niveau le laissait présager. Plus loin en tout cas que le favori désigné de ce Mondial : l’équipe de France. Parce que leur parcours respectif était moins touffu que celui des Bleus, mais un pied de nez quand même à toutes les projections d’avant Mondial.

Comme attendu, Argentins et Anglais n’ont pas pu rebattre les cartes dès lors qu’un cador s’est dressé sur leur route. En demi-finales, les premiers en ont été très loin face à la Nouvelle-Zélande (44-6), les seconds ont frôlé de tout près l’exploit contre le champion du monde en titre sud-africain (16-15). Mais si leur confrontation de vendredi n’aura pas la saveur du choc du lendemain entre Blacks et Boks, elle sera du moins leur sommet à eux. Et un match qui ne comptera certainement pas pour du beurre, avec une troisième place en jeu qu’aucun n’osait imaginer il y a encore deux mois.

"Ce n’est pas la motivation qui manque, assure le capitaine anglais Owen Farrell. On attend ce match avec impatience, ça devrait valoir le détour. Ce qu’on veut, c’est faire à nouveau la fierté de nos supporters. C’est une autre opportunité de représenter l’Angleterre, chose que les gars ont su faire avec brio au cours des dernières semaines. C’est une excellente occasion de remettre ça". Ce qui aurait pu paraître fade pour une nation déjà sacrée championne du monde (en 2003) ne l’est plus du tout après la montagne d’échecs traversée par le XV de la Rose ces derniers mois.

L’Argentine, elle, n’a jamais fait mieux que troisième en Coupe du monde. Un classement qu’elle n’a atteint qu’une fois (en 2007), déjà en France, et qu’elle n’avait pas réussi à rééditer huit ans plus tard, perdant la petite finale contre l’Afrique du Sud (24-13).

"J’étais là en 2015 et je crois qu’on ne lui avait pas accordé l’importance qu’on aurait dû, a raconté cette semaine le troisième ligne argentin Facundo Isa. On ne l’a pas considéré à sa juste valeur. On raisonne différemment aujourd’hui. Le staff nous pousse à aller de l’avant en laissant de côté la demi-finale et on va jouer ce match à fond. Aujourd’hui, avec une équipe différente et des joueurs plus expérimentés qui ont connu ce cas de figure, l’équipe est préparée à se battre. Aussi bien physiquement que mentalement, j'ai le sentiment qu’on va être à la hauteur".

Avec, en bonus, un brin d’esprit de revanche côté argentin suite au match du 9 septembre dernier où les Pumas s’étaient révélés impuissants face à des Anglais rapidement réduits à quatorze (27-10). Pas de quoi garantir un beau match de rugby, eu égard aux productions et aux ambitions de jeu des uns et des autres, mais la promesse d’un grand moment entre deux naufragés du rugby mondial.