Une décennie en bleu

Raphaël Ibanez fêtera samedi au pays de Galles son dixième anniversaire sous le maillot de l'équipe de France, une décennie de joies, d'émotions mais aussi de souffrances qu'il entend poursuivre jusqu'à la Coupe du monde 2007. Confidences d'un homme toujo

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Crédit: Eurosport

A l'époque, l'endroit s'appelait l'Arms Park. Déjà planté en centre-ville, à proximité des rues commerçantes et festives de Cardiff. Ce 16 mars 1996, le XV de France disputa son dernier match du Tournoi dans ce stade mythique, ensuite démoli pour laisser place au Millenium, en vue de la Coupe du monde 1999.
Ibanez, jeune talonneur prometteur, y fêta ses grands débuts internationaux, en entrant en fin de match (77e minute) à la place du troisième ligne Richard Castel. Juste devant un demi d'ouverture nommé Thomas Castaignède. "On avait perdu (16-15) , se souvient Ibanez. Surtout, je me souviens que pendant le peu de temps que j'avais passé sur le terrain, j'avais sauté à pieds joints sur Neil Jenkins, le demi d'ouverture gallois. Le soir, après le banquet officiel, les dirigeants de la fédération m'avaient dit de faire attention, de ne pas commettre à nouveau ce genre de geste. Mais surtout, je n'imaginais pas que dix ans plus tard, j'aurais la chance de revivre autant d'émotions".
Le courage de Skrela
La première "cap" de Raphaël Ibanez, 34 ans, a ouvert une carrière internationale riche, dix ans plus tard, de 77 sélections et 27 capitanats. Mais l'aventure fut peuplée de remises en question. "Il y a eu beaucoup de combats à mener. Certains ont été gagnés, d'autres perdus, qui font que l'on apprend beaucoup sur soi-même et sur les autres, et qui me serviront plus tard, dans ma vie d'homme" , philosophe-t-il.
Talonneur de talent, Ibanez s'est rapidement trouvé investi de responsabilités. Il fut notamment nommé capitaine dès sa septième sélection, en janvier 1998, chargé de l'opération reconstruction du XV de France sur les ruines d'une déroute (52-10) face à l'Afrique du Sud en novembre 1997, avec pour bagage des bribes de matches et deux titularisations face à la Roumanie.
"Je reconnais le courage de Jean-Claude Skrela (entraîneur à l'époque) qui m'a donné des responsabilités à un moment critique pour la sélection, avance-t-il. Avec le recul, même si je n'avais pas toutes les armes, je pense qu'il a décelé chez moi quelque chose que je n'étais pas capable de révéler à moi-même".
Un dernier défi
L'aventure, parfois chaotique (déroute en Nouvelle-Zélande 54-7 en juin 1999), s'acheva en finale du Mondial-1999, perdue face à l'Australie (35-12) au Millenium de Cardiff, avec au passage l'exploit face aux All Blacks, en demi-finale à Twickenham. "Je n'ai pas eu tellement le temps de profiter de l'embellie de la Coupe du monde. Il y a tout de suite eu une remise en question pour moi", se souvient-il.
Nommé entraîneur en décembre 1999, à la place du duo Skrela-Villepreux, Bernard Laporte confie le capitanat à Fabien Pelous, et le poste de talonneur à Marc Dal Maso pour le Tournoi 2000. "Il voulait peut-être marquer son territoire. Il y avait peut-être d'autres critères importants à ses yeux" , glisse-t-il.
D'abord remplaçant, Ibanez est parvenu à convaincre Bernard Laporte, à force de travail et d'abnégation. Jusqu'à la Coupe du monde 2003, après laquelle il annonça sa retraite internationale pour mieux se consacrer à ses quatre enfants.
Ibanez a finalement choisi de revenir. Il a piaffé avant de réintégrer le XV de France en novembre dernier. Avec pour objectif de participer à une troisième Coupe du monde. "En fait, je ne parle pas au passé, avance-t-il. On est dans le courant des choses. Je suis conscient que je m'attaque à l'un des défis les plus relevés. Je suis dans le coup, mais il va falloir que je sois encore plus dur envers moi-même, mais aussi envers les autres, mes proches notamment. Ce n'est qu'à ce prix que j'arriverai à quelque chose".
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