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Test-match - Angleterre, la chute sans fin

Anthony Tallieu

Mis à jour 27/08/2023 à 09:05 GMT+2

Le XV de la Rose s’est enfoncé un peu plus encore dans la crise samedi en subissant, contre les Fidji à Twickenham, la première défaite de son histoire contre une nation du Tier 2 (22-30). Une déconvenue de plus pour une équipe qui broie du noir depuis plusieurs mois et s’avance plus fébrile que jamais vers la Coupe du monde. Le pire est à craindre pour ce géant en perdition.

Pour sa 100e sélection, Courtney Lawes a connu une défaite historique contre les Fidji

Crédit: Getty Images

"Nous manquons de synonyme pour le mot ‘crise’", peut-on lire ce samedi soir sur le site du Guardian. Un cri de dépit qui résume bien le niveau de désespoir outre-Manche. D’ordinaire très inspirée au moment de commenter les défaites de son équipe nationale, la presse anglaise semble avoir basculé vers la résignation. La défaite historique du XV de la Rose contre les Fidji (22-30), à la fois la première de son histoire contre les Iliens et même la première face à une nation du Tier 2, a vraisemblablement enterré les derniers espoirs des supporters anglais de voir un sursaut pour la Coupe du monde.
Elle n’est pourtant que la suite presque logique d’une année 2023 désastreuse sur tous les plans et déjà marquée par la déculottée mémorable à Twickenham le 11 mars dernier contre la France (10-53). Et ce n’est pas la préparation physique estivale, qualifiée de "lamentable" par l’Independent qui a changé quoi que ce soit à l’affaire. Bien au contraire. Avant de sombrer face à Waisea et ses copains, l’Angleterre n’avait gagné qu’un seul de ses trois premiers matches, à domicile face à un pays de Galles lui aussi en crise (19-17). Dans la douleur, bien sûr, elle qui avait perdu une semaine plus tôt contre ces mêmes Diables Rouges à Cardiff sans pouvoir leur marquer le moindre essai (20-9).

66% de défaites depuis l’arrivée de Borthwick

Son troisième test ? Une défaite sèche et prévisible en Irlande (29-10) où les joueurs en étaient même réduits à célébrer la mise en échec d’un maul porté adverse comme un authentique exploit. Triste comme un mois d’août dans le Yorkshire. "Les dernières semaines désespérantes avaient laissé l’Angleterre dans les cordes. Avec cette défaite (contre les Fidji, ndlr), elle est carrément boutée hors du ring", glissait ainsi le Sun quelques minutes après le camouflet fidjien.
Après avoir remercié Eddie Jones fin 2022, la fédération anglaise avait confié à Steve Borthwick la mission impossible de redonner un peu d’éclat à une rose fanée. Avant d’entrer de plein pied dans la Coupe du monde, le bilan est pour le moins désastreux : 66% de défaites (6/9) dont la moitié à Twickenham. Au-delà des chiffres, le contenu est abyssal. Une défense "qui prend l’eau", dixit l’Independent, et un jeu offensif stérile et anachronique. En marquant le premier essai du XV de la Rose contre les Fidji, le revenant Jonny May, repêché in-extremis pour pallier la blessure d’Anthony Watson (forfait pour le Mondial), a brisé une inquiétante série de quatre matches de disette pour les arrières anglais. La traduction d’une équipe qui a oublié le plaisir de jouer au rugby.
Comment le finaliste de la dernière Coupe du monde en est-il arrivé là ? Le déclin rapide et brutal, amorcé en 2020 par la descente administrative en deuxième division des Saracens, où évoluait la colonne vertébrale de la sélection, n’a jamais pu être enraillé. Il a même été accéléré cette saison par la situation financière désastreuse de plusieurs écuries de Premiership, qui a conduit, pour les plus mieux lotis, à l’exil des talents (Joseph, Nowell, Simmonds) et à la disparition pure et simple pour Worcester, les Wasps et les London Irish.

La peur du chaos

Et maintenant ? En plus d’avoir perdu sur le terrain les bribes de confiance qu’elle pouvait encore conserver du dernier Mondial, l’Angleterre sort encore plus amoindrie des tests d’été. Son leader emblématique Owen Farrell s’est mis hors-jeu pour le début de la Coupe du monde, suite à un plaquage haut contre le pays de Galles dont il est coutumier, tout comme son coéquipier aux Saracens Billy Vunipola – le seul numéro 8 de métier du squad anglais – exclu contre l’Irlande et suspendu trois matches. Des pertes lourdes qui s’ajoutent à celles du demi de mêlée Jack van Poortvliet, titulaire sous l’ère Borthwick, et du dynamiteur Anthony Watson.
"À deux semaines de rencontrer l’Argentine à Marseille, les Pumas doivent bien se marrer", écrit le Sun, amer. De là à imaginer une fin de parcours prématurée au Mondial ? Si on n’en est pas encore là, eu égard au caractère peu relevé de la poule C (Argentine, Angleterre, Japon, Samoa, Chili), on ne jurerait plus de rien avec ce XV de la Rose plus près que jamais du précipice.
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