La question de la semaine : la Champions Cup a-t-elle révélé une baisse de niveau du Top 14 ?

C’est ce qu’on appelle un flop. Avec huit représentants sur la grille de départ et seulement trois d’entre eux à l’étape intermédiaire des huitièmes, qui laissait tout de même la place à 8 des 12 équipes de chacun des deux groupes, le Top 14 a pris une sacrée claque ! La lecture du classement de la poule A, avec les quatre clubs français en queue peloton, est même de nature à relativiser son statut autoproclamé de meilleur championnat du monde.

Que diable s’est-il donc passé pour en arriver là ? Il était attendu que le Stade Rochelais, champion d’Europe en titre et le Stade Toulousain, recordman de l’épreuve, tirent leur épingle du jeu et ils l’ont fait avec sérieux, terminant respectivement premier et deuxième de la poule B. Les autres ? Le MHR est passé certes mais dans un trou de souris avec seulement une victoire en quatre matches, incapable qu’il fut de battre les Ospreys à l’aller comme au retour et les London Irish chez lui (21-21), deux formations pourtant pas vraiment invitées dans le gotha européen.

Le reste ? Un strapontin peu glorieux pour la Challenge Cup pour Lyon (qui n’a pas démérité), le Racing 92 et Clermont, et un simple aurevoir pour l’UBB et Castres. Si on en attendait peu du CO, en échec chronique dans cette compétition depuis des années et dont le 0 pointé trahit une nouvelle fois son réel intérêt pour tout ce qui n’est pas le Top 14, l’UBB n’a montré guère plus d’enthousiasme cette saison, battue quatre fois, fessée à Durban sur le terrain des Sharks (32-3) et mise en échec deux fois contre la bien peu frissonnante équipe de Gloucester (la même qui a pris un cinglant 57-0 au Leinster !).

En grande difficulté en championnat, l’ASMCA n’avait elle ni la tête ni les ressources pour faire une belle campagne. Le cas est encore différent pour le Racing et le LOU, dont les ambitions ont été contrecarrées par la présence respective du Leinster et des Saracens dans leur programme.

Les Ciel et Blanc, qui se revendiquaient dans le très haut du panier en début de saison, n’ont toutefois pas été à la hauteur de leur statut, en ne ramenant qu’un seul point d’Angleterre contre les Harlequins (14-10) et surtout en se faisant littéralement balayer par l’ogre irlandais "à domicile", au stade Océane du Havre (10-42). Un club qu’ils regardaient droit dans les yeux il y a encore peu de temps.

Un peu à l’image d’un Top 14 qui avait qualifié 7 clubs sur 8 l’an dernier au même stade de la compétition, puis 4 en quarts et 3 en demies, et qui se fait tout petit aujourd'hui. Pour l’ancien trois-quarts centre Maxime Mermoz, qui commente désormais la Champions Cup avec BeIN Sports, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce délitement : "Avec l’ajout des franchises sud-africaines, le niveau est plus homogène cette saison. Il semblerait aussi que les équipes britanniques aient bien travaillé.

Est-ce que le Top 14 est moins cette année ? Si on prend le cas du Racing, il est certes tombé sur un gros morceau avec le Leinster mais il joue aussi moins bien que l’an dernier. De là à généraliser… Peut-être aussi que, comme Antoine Dupont l’a récemment souligné, le nombre important de matches en Top 14, par rapport au championnat anglais ou à l’URC, fait qu’il y a une fatigue plus forte chez les clubs français, même si on voit que les locomotives que sont Toulouse et La Rochelle ont été au rendez-vous ? Pour moi, le révélateur sera le Tournoi des 6 Nations car on verra bien l’état de forme des uns et des autres et si on peut véritablement tirer des conclusions sur le niveau du Top 14." Un Tournoi qui confirmera ou infirmera la tendance actuelle, peu flatteuse pour l'élite française.