Perpignan - Pau, le vrai tournant pour le maintien ?

Sans trahir de secret, ni Perpignan ni Pau ne joueront, sauf improbable métamorphose, la phase finale en fin de saison. Leur lutte à eux se situent à l'autre extrémité du classement. En cela, leur confrontation de samedi à Aimé-Giral ne manquera pas sel. Elle marquera surtout un nouveau tournant dans cette course effrénée à la survie, qu'on pourrait élargir aux cinq moins bien classés (Clermont, dixième, compte 10 points d'avance sur la treizième place).

"C'est un match capital, plus encore pour Perpignan que pour Pau, affirme Pierre Triep-Capdeville, pilier emblématique de la Section des années 90 et resté un grand supporter du club béarnais. Si on perd, on reste quand même devant. Par contre si on gagne là-bas, on les met à 10 points et on s'assure quasiment le maintien."

Vainqueur du match de la peur lors de la dernière journée à Brive (22-24), l'USAP s'est considérablement relancée dans ce championnat des mal classés, rejoignant au nombre de points (26) son adversaire du jour. Une performance en soi pour un club qui comptait 7 points de retard sur ce dernier au soir de la quinzième journée et une défaite très frustrante à Clermont (31-20).

"Les deux victoires d'affilée contre le Stade français et Brive ont donné un nouvel élan au groupe, a assuré l'ailier catalan Lucas Dubois en début de semaine à France Bleu Roussillon. On s'est donné le droit de vivre une bonne fin de saison." Si la treizième place lui offre une carte de plus pour se sauver, comme cela avait été le cas la saison dernière avec l'access match remporté contre le Stade montois, Perpignan lorgne évidemment sur la douzième, qui lui éviterait bien des montées de stress.

En ce sens, le choc de samedi contre la Section, pour l'instant détentrice de ce précieux ticket à égalité de points avec Castres (32), s'annonce décisif. Si l'USAP l'emporte, elle reviendra au pire à trois longueurs de son concurrent, au mieux à une seule. Elle s'offrira de surcroit, en cas de victoire avec 3 points d'écart ou plus, la possibilité de terminer devant les Vert et Blanc en cas d'égalité finale. Si ce n'est pas le cas, et que la Section enchaîne à Aimé-Giral, après avoir gagné avec le bonus contre le Racing 92 (38-19), elle s'offrira un matelas assez confortable de 9 points minimum. Écart qui pourrait rester identique avec Brive, le CAB ayant un déplacement très périlleux à négocier à Paris La Défense Arena contre le Racing 92.

Tout sauf un luxe alors que se profilent pour les Béarnais des déplacements à Toulouse et Bayonne et une réception de La Rochelle. La meilleure façon aussi, pour eux, de casser la dynamique naissante des Perpignanais.

Pour Pierre Triep-Capdeville, une des clés sera la capacité pour Pau d'enchaîner deux bonnes performances, ce qui ne lui est pas souvent arrivé cette saison.

"On est capable du meilleur comme du pire. C'était bien contre le Racing mais je ne sais pas si on est capable de faire la même chose deux matches d'affilée. Je n'ai pas oublié les purges contre Toulon et Lyon. Quand devant ça va, derrière ça va plus et vice et versa. Mettre une pièce sur la Section sur cette rencontre serait risqué car Perpignan est sur une belle dynamique, quand bien même je ne crois plus trop au vieux concept de la furia catalane".

Assistera-t-on à une guerre de tranchées et un rugby minimaliste samedi à Aimé Giral ? "Si la Section se met à vouloir fermer le jeu et à balancer coup de pied sur coup de pied, elle jouera à contre-nature, prévient Triep-Capdeville. Quand on aligne Jack Maddocks, qui est pour moi un véritable facteur X et peut faire basculer un match à lui tout seul, Clément Laporte, Emilien Gailleton et Daniel Ikpefan, on sent que ces garçons ont envie de jouer au rugby. Et ce n'est pas plus mal car Pau n'est pas la meilleure équipe du championnat en conquête. Perpignan a également montré des envies de jouer ces derniers temps malgré sa situation. À voir si tout cela pourra être transposable sur ce match, qui est très important". On n'en demande pas moins.