Le Stade Français, leader énigmatique : "Soit le Top 14 a totalement régressé…"

Oyonnax, lanterne rouge du Top 14, a inscrit 449 points cette saison. Soit neuf de plus que le Stade Français, leader après 21 journées mais 13e attaque du championnat, ou encore 11e en termes de possession (48,9%). De quoi "interpeller" Mourad Boudjellal, dans sa chronique hebdomadaire pour Eurosport : "Quand tu vois jouer cette équipe et que tu vois qu'elle est largement première (six points d'avance sur Toulouse, ndlr), tu te dis que : soit le Top 14 a totalement régressé, soit il s'est passé un truc qu'on n'arrive pas à comprendre dans ce club."

"On n'est pas très 'sexy', pas très 'glamour', on ne plait pas trop aux fans de rugby qui aiment le jeu 'à la toulousaine'", a admis la semaine dernière Lucas Peyresblanques, dans un entretien accordé à l'AFP. Mais le talonneur parisien de 26 ans ne s'en formalise pas, tant que les résultats suivent : "Il y a plein de styles de jeu pour gagner. Regardez les Sud-Africains (doubles champions du monde en titre, ndlr) : ils ne font pas rêver grand monde mais leur jeu est efficace. Donc si on peut être comme eux, je ne dis pas non."

Toutes les statistiques ne sont pas infamantes pour Paris, dont la position préférentielle relèverait, le cas échéant, de la prestidigitation. Les hommes en rose présentent la défense la plus imperméable de l'Hexagone : 17 points encaissés en moyenne par match contre 22, par exemple, pour le Stade Toulousain. Reste que leur dernier succès, samedi à domicile face à Bayonne (28-24, 7-24 à la mi-temps) a semblé relever d'un miracle, plus que d'une froide domination. Témoin de lacunes rédhibitoires… ou réussite du champion ?

Avant cette victoire rocambolesque, décrochée à l'issue d'une ultime action qui a fait polémique, Laurent Labit avait pris soin de laisser le costume du favori à d'autres, dans les colonnes du Midi Olympique. "Nous ne sommes pas dupes de notre niveau, de nos capacités. Nous savons pertinemment que nous ne sommes pas encore à la hauteur du Stade Toulousain, de La Rochelle ou même de l'UBB", estime le néo-directeur du rugby parisien, ex-membre du staff des Bleus qui a débarqué avec Karim Ghezal (entraîneur) après le Mondial.

"Je pense qu'il est sincère et que c'est une remarque judicieuse, pour maintenir son groupe sous pression", analyse Jean-Baptiste Lafond. L'exercice 2023-2024 a été saucissonné par la Coupe du monde, en plus des traditionnels doublons. Cela a en partie biaisé la hiérarchie dessinée par la saison régulière… mais pas au point de voir en Paris un leader-imposteur, selon l'ancien trois-quarts du XV de France : "Cette équipe, qui manque peut-être un peu de charme pour certains, est redoutable."

Outre sur "un gros paquet d’avants", le Stade Français peut compter sur quelques flèches - Léo Barré, Sekou Macalou ou Peniasi Dakuwaqa - et sur l'avantage d'être en passe d'esquiver la case "barrage", à cinq journées de la fin. "Il est probable que les Parisiens terminent parmi les deux premiers, se projette notre consultant. Avec une semaine de repos de plus que leurs adversaires en demi-finale, ils seront durs à prendre." Et de conclure : "Je vois bien un Toulouse - Stade Français en finale."