Benni a tout pris

Benjamin Raich est bien le géant du géant. Pour la deuxième année consécutive, l'Autrichien s'adjuge la Coupe du monde de la spécialité, un mois après son titre olympique à Sestrières. C'est définitivement dans cette discipline que le natif de Pitzal s'exprime le mieux, où sa technique et son toucher de neige font merveille. Quelle saison en tout cas pour Raich, lauréat pour la première fois du classement général de la Coupe du monde. Un gros globe de cristal, un autre plus petit et une médaille d'or olympique, cet hiver aura été le sien. "C'est bien que cette Coupe du monde soit terminée. Pour moi, le plus important était de n'avoir aucun regret et d'avoir tout donné aujourd'hui ", a-til confié.

Sa capacité à répondre présent le Jour J force en tout cas l'admiration. Voilà sans doute ce qui a le plus changé avec Benni. Le ski, il l'a toujours eu. Le mental, il l'a acquis au fil des ans, des victoires mais aussi des échecs. Après avoir remporté la Coupe du monde le week-end dernier à Shigakogen, Raich aurait pu décompresser. A Aare, il avait concentré son ambition sur le géant, où la lutte s'annonçait âpre. Absent de la descente, insignifiant en Super G, il a su répondre présent vendredi, au moment opportun.

Ils étaient encore cinq à pouvoir prétendre au globe de la discipline avant le rendez-vous suédois. Outre Raich, Max Blardone, Fredrik Nyberg, Davide Simoncelli et Kalle Palander lorgnaient eux aussi sur la boule transparente. Les deux derniers, partis à la faute sur le premier tracé, simplifièrent l'équation. Les trois autres larrons restaient en revanche dans un mouchoir avant la seconde manche, Blardone devançant Raich et Nyberg de 7 et 27 centièmes. A cet instant, l'Italien tenait donc la corde. En cas de victoire, il était assuré de rafler la mise et de battre Raich, même si l'Autrichien finissait deuxième.

Pas sûr qu'il ait vraiment effectué une bonne affaire sur ce coup-là, tant l'Autrichien aime aborder les deuxièmes actes dans la position du chasseur plutôt que dans celle du gibier. Une fois encore, Raich se montra exceptionnel, et le mot n'est pas usurpé, lors de la seconde manche. Précis dans ses trajectoires, engagé sans donner dans le surrégime, confiant sans être trop sûr de lui, le champion olympique a volé. Tout simplement. Personne, pas même un très bon Blardone, ne pouvait rivaliser. Le Transalpin cédait finalement pour 93 centièmes sur l'ensemble des deux courses.

Nyberg, troisième, pointait lui au-delà de la seconde. Les trois meilleurs géantistes de l'hiver occupent donc les trois marches du podium à Aare. Le tiercé, et dans l'ordre en plus. Raich signe en Suède sa septième victoire de la saison en Coupe du monde, la troisième en géant. Avec un total de 12 podiums, il a fait preuve d'une régularité incomparable. C'est l'heure de la consécration pour lui. Il achèvera son année royale l'esprit totalement libéré samedi lors du slalom, avec l'espoir de dominer Giorgio Rocca. A noter que l'Italien est d'ores et déjà assurée de s'octroyer le globe de cristal de la spécialité, Kalle Palander, son dernier rival, étant contraint de renoncer après sa chute dans le géant.

Quant aux Français, au nombre de trois au départ vendredi, ils ont plutôt fait bonne figure, à l'image de leur saison d'ailleurs. Thomas Fanara, brillant en deuxième manche, termine à une excellente huitième place. C'est la troisième fois cet hiver que le skieur de poche de Praz-sur-Arly se hisse dans le Top 10 en géant. Il a tout d'un futur grand. S'il incarne moins l'avenir, Joel Chenal, vice-champion olympique, est toujours dans le coup. Sans une grosse faute sur le premier passage, il aurait pu viser bien plus haut que sa 11e place. Mais il a eu son lot de bonheur à Turin. Pas question donc de jouer les fines bouches...