Adelboden : Henrik Kristoffersen (Norvège) a évité le pire pour s'offrir le meilleur

Avec un géant et un slalom au programme ce week-end à Adelboden, les skieurs ont disputé au maximum quatre manches. Tous, sauf un. Henrik Kristoffersen en a couru cinq. Le Norvégien a dû s’élancer deux fois en première manche du géant samedi, bien malgré lui, après une énorme frayeur. Pourtant, il lui est resté assez de jus pour grimper jusqu’à la troisième marche du podium en slalom dimanche. L’athlète de 19 ans commence à confirmer tous les espoirs qu’il suscite depuis ses débuts.

Samedi matin, il est 11h20 lorsqu’un évènement rare et des plus improbables en 2014 intervient. Kristoffersen est dans le dernier tiers de sa course au moment où il est tout proche de percuter violemment un individu se trouvant en plein milieu de la piste. Un photographe, qui devait penser que seuls 30 athlètes s’élançaient, n’avait pas vu le dossard 31, qui a heureusement eu le réflexe adéquat. "J’étais assez énervé, nous faisons tous des erreurs mais cela ne doit pas arriver", a déclaré après coup le skieur.

Naturellement, lui a été donné le droit de repartir. Pas vraiment dans les meilleures conditions. Le natif de Lorenskog est remonté jusqu’en haut de la piste et s’est de nouveau retrouvé dans le portillon près d’une demi-heure plus tard, après 46 dossards et encore avec "beaucoup d’émotion et d’adrénaline". Sa 21e place a ainsi constitué un exploit, "quelque chose d’incroyable" pour son entraîneur national Havard Tjorhom. Son compatriote Kjetil Jansrud a commenté : "Respect !". Encore plus après une remontée jusqu’à la 13e position en seconde manche, aux alentours de 14h. De quoi être pleinement "heureux de cette journée", sans regret. "Je ne peux pas spéculer sur ce qui se serait passé sans cet évènement".

Kristoffersen ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Après une nuit de sommeil, il s’est présenté floqué du numéro 10 au départ du slalom à 10h40 et a réalisé le septième chrono, à moins d’une seconde de la tête. En plus de ces qualités techniques, il a dû faire preuve d’un solide physique malgré un gabarit léger pour bien terminer son marathon, sur une neige de printemps. Au-delà des prévisions, il a même glané quatre places pour terminer troisième. "C'était dur, mais quand vous essayez de faire les choses aussi simplement que possible, c’est généralement bon", a-t-il réagi. Kristoffersen n’a pas voulu en faire trop et a gardé tout son sang-froid quand Felix Neureuther et Mattias Hargin, les deux derniers à partir, ont commis une grosse faute qui leur a été fatale pour le doubler.

Le Norvégien a crevé l’écran ce week-end, mais ce n’est pas une surprise. Il a été champion du monde junior en 2012 (géant) et 2013 (combiné), ajoutant en plus deux médailles d’argent en slalom et combiné (2012). Son illustre compatriote Kjetil André Aamodt n’a pas hésité à le comparer à Marcel Hirscher, la référence actuellement et un modèle de polyvalence. Kristoffersen a effectué ses débuts en Coupe du monde à 17 ans, restant aux portes du top 10 la saison passée. Mais dès le slalom d’ouverture à Levi, il a signé son premier podium en faisant une grosse impression avec son dossard 20.

La confirmation est en quelque sorte intervenue ce dimanche. "Je pense que j’ai prouvé qu’à Levi, ce n’était pas un coup de chance", a-t-il déclaré en fin de journée. Des signes favorables étaient déjà apparus ces dernières semaines, avec une septième lors du dernier slalom à Bormio. En géant, il s’était aussi classé neuvième à Val d’Isère. Kristoffersen se présente désormais comme un concurrent sérieux, à seulement un mois des Jeux Olympiques. "L'objectif à terme est de gagner", a-t-il admis. "Mais pas tout de suite, j'ai probablement besoin d'un peu plus de pratique", disait le skieur de 19 ans à Levi. Il a aussi la tête sur les épaules.