Les deux font la paire

Superman a frappé. Paré de la cape du super-héros, Massimiliano Blardone monte sur le podium. Un triomphe romain, digne du grand Alberto Tomba, qui lui a d'ailleurs remis son trophée. Mais l'Italien est plus modeste qu'il n'y parait. "Mon fan-club me l'avait offerte avant les Mondiaux de Bormio où je n'avais pas été bon, confie-t-il au sujet de sa tunique. J'avais promis de la mettre dans ma valise dès que je me sentirais prêt pour une victoire".

Huit mois plus tard, il a donc pu la ressortir du placard. Au meilleur moment, car cette victoire à la maison, dans le temple du géant, Blardone en rêvait. "C'est véritablement une libération, car je redoutais de ne jamais gagner en Italie, avoue le Piémontais. Les années précédentes, j'avais pourtant eu des opportunités pour monter sur le podium et même pour gagner. Mais l'expérience, c'est aussi apprendre à tirer profit des erreurs passées."

Ces erreurs, ce sont ces errements en seconde manche, souvent dus à la crispation, qui l'ont privé d'une victoire plus précoce. Il avait fini par se demander si on heure viendrait sur la Gran Risa. Avec le recul, il ne l'attendait pas ce week-end. "Franchement, en venant ici, je n'avais pas de grandes sensations, confesse le champion du monde juniors 1999. Sauf ces trois derniers jours, où je me suis levé chaque fois du pied gauche. C'était bon signe! "

Au-delà de sa victoire, c'est toute l'équipe d'Italie qui s'est trouvée à la fête dimanche, Davide Simoncelli ayant complété le triomphe des autochtones en assurant le doublé. Une fois vainqueur et trois fois deuxième à Alta Badia, Simoncelli a confirmé ses bonnes dispositions dans la station des Dolomites. " Mentalement, j'affronte cette piste comme les autres. Même s'il y a plus de pression qu'ailleurs, à cause de mes résultats passés ", souligne-t-il.

Au-dessus du lot en première comme en seconde manche, les deux compères se sont tiré la bourre. "Pendant la course, Davide devient un adversaire comme un autre", jure Blardone. Beau joueur, Simoncelli préférait tirer son chapeau au vainqueur. "J'ai fait une erreur dans la dernière partie de la seconde manche. Mais plus qu'un cadeau de ma part, je pense que c'est Max qui a gagné la course", estime-t-il.

A eux deux, ils donnent en tout cas des espoirs énormes au ski italien dans l'optique des Jeux de Turin, où il faudra à l'évidence être très fort pour les battre. Blardone se prend même à rêver: "Espérons que nous pourrons bien nous préparer sur la piste olympique de Sestrières. Elle est exigeante et à l'ombre, un peu comme celle d'Alta Badia." "J'espère que ce résultat va servir de déclic et faire beaucoup de bien à notre groupe composé de skieurs de talent", renchérit Simoncelli.

Heureuse Squadra, qui tient là deux médaillés en puissance, sans oublier l'intenable Giorgio Rocca, vainqueur des deux premiers slaloms de la saison. Ce dernier n'est d'ailleurs pas étranger à la dynamique positive sur laquelle surfent Blardone et Simoncelli. "Giorgio est le meilleur slalomeur du monde et, par ses résultats, par son comportement, c'est un exemple pour nous tous", confirme le second. Ce week-end, ils n'avaient pas grand chose à lui envier.