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Coupe du monde | Pas amies, plus ennemies : Brignone-Goggia, rivalité éternelle devenue saine

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 12/01/2024 à 09:37 GMT+1

Pas amies, mais concurrentes. Pas proches non plus, mais respectueuses. Entre les deux skieuses italiennes Sofia Goggia et Federica Brignone, la rivalité est grande, certes, mais jamais au point de causer de tort à l'une ou l'autre. Bien au contraire, puisque les deux, qui comptent profiter de l'absence de Mikaela Shiffrin à Altenmarkt/Zauchensee, se poussent toujours à faire mieux.

Goggia a même manqué le podium : sa descente en vidéo

La proximité de leurs deux villes de naissance. Voilà, probablement, ce qui rapproche le plus Sofia Goggia (31 ans) et Federica Brignone (33 ans). Outre le fait d'être deux immenses championnes de ski alpin, évidemment. Sinon, tout ou presque les sépare.
A commencer par leur caractère, évidemment, exubérant pour la première, plus réservé pour l'autre. Sans compter la façon de gérer l'aspect médiatique de leur carrière, avec une Goggia beaucoup plus présente ici et là, des réseaux aux journaux, et une Brignone plus calme et discrète, sans vraiment éprouver le besoin de s'épancher sur sa vie privée. Mais une fois sur les skis, tout s'efface et plus rien ne compte. Ce sera notamment le cas à Altenmarkt/Zauchensee, où les deux transalpines vont tenter de profiter de l'absence de la reine, celle qui rafle (presque) tout : Mikaela Shiffrin.
Au classement général, dominé par l'Américaine (929 pts), Brignone pointe actuellement à la troisième place, avec 697 points au compteur. Quant à Goggia, elle est trois places derrière sa compatriote (450 points). Il y aura donc bataille entre les deux, ça va sans dire. Mais avec "respect", comme l'indique souvent la native de Bergame, capable de monter sur le toit du monde en 2020.
"Tout a été monté par les médias, rien n'a jamais changé entre nous, confiait-elle récemment au média Fanpage. Sofia et moi, nous nous respectons sportivement même si nous sommes deux personnes totalement différentes. Nous avons deux façons différentes de vivre notre vie et de faire beaucoup de choses. Nous ne sommes pas amies, mais il y a un grand respect et nous sommes des grandes professionnelles. Pour moi, l'essentiel est d'arriver devant tout le monde, cela ne m'intéresse pas d'être la meilleure skieuse italienne. Je veux gagner, c'est l'unique chose qui m'intéresse."

Brignone-Goggia, quand la mère s'en mêle

Goggia-Brignone. Brignone-Goggia. Les deux n'iront pas passer leurs vacances ensemble, c'est acté. Mais chacune, à sa manière, pousse l'autre à toujours faire plus. Et mieux. Elles ne le diront pas, mais l'égo, pour deux championnes de ce calibre, reste un facteur à ne pas négliger. A l'image des grandes rivalités historiques du sport, de Prost-Senna à Ronaldo-Messi ou Federer-Nadal. Toute proportion gardée, que l'on s'entende. Avec, dans notre cas, la rivalité nationale, qui plus est. De quoi se remémorer au bon souvenir des nombreuses passes d'armes de deux autres skieuses italiennes des années 90 : Deborah Compagnoni et Isolde Kostner.
"Avoir une personne aussi forte dans ton équipe, ça te pousse à travailler encore plus pour être toujours au top, confirmait Brignone. Nous avons, toutes les deux, une grande détermination. Et nous sommes toujours focalisés sur les aspects à améliorer. Très probablement, vu que nous sommes très différentes, nous avons aider le mouvement à travailler sur certains standards et cela ne peut être que positif."
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Pas de faute, pas de rivale : Comment Brignone a survolé le super-G de Val d'Isère

C'est un secret de polichinelle en Italie : Brignone et Goggia ne s'aiment pas. Et elles ne se sont jamais aimées. Fini toutefois le temps des polémiques et des piques envoyées par médias interposés, parfois même via les familles. Février 2022 : Maria Rosaria Quario, mère de la Bergamasque et elle aussi grande ancienne skieuse, accuse la rivale de sa fille d'être "égocentrique" et d'avoir "accentuer une blessure" après sa médaille d'argent aux JO de Pékin.
"Je ne répondrai pas, c'est une polémique irrespectueuse à mon égard", lui rétorque Goggia à son retour en Italie. "Je suis prête à asumer les conséquences de ne pas être prostrée à ses pieds (... ) J'espère juste que ma fille n'en subira pas les conséquences", assumera Maria Rosaria Quario. Elle fera même mieux que ça en calmant la tempête, après avoir "parlé à sa mère" puis en "préférant s'éloigner des réseaux sociaux".
Désormais, chacun sa route, sa vie et ses choix, tout en évitant de critiquer ceux de l'autre. Au sein de la sélection italienne, le climat est serein, avec plusieurs "teams" au sein d'une même équipe. Celle de Goggia est notamment composée de Luca Agazzi, son nouveau coach depuis 2022, avec pour horizon les Jeux de Milano-Cortina en 2026. Pour Brignone, tout est dans le mot "famille", puisque son coach répond au nom de Davide Brignone, son frère, capable de lui redonner confiance après la saison tumultueuse du Covid.
Nous sommes chacune la plus grande chance de l'autre
"Nous sommes une équipe globalement très forte, et nous continuons de le démontrer", se félicitait Gianluca Rulfi, l'homme qui dirige la Nazionale. Il estime même que toute cette concurrence interne, à laquelle nous pourrions rajouter Marta Bassino, encore en retrait cette saison, est bénéfique pour tout le monde. Le frère de Federica Brignone ne partage pas totalement cet avis. "La compétition interne, c'est une arme à double tranchant, expliquait-il au Corriere della Sera en fin d'année dernière. Parfois ça te stimule, parfois non. Parce qu'elle (sa sœur, ndlr) peut peut-être regarder le chrono et si elle ne parvient pas à faire quelque chose comme les autres, elle se laisse envahir par les doutes."
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Sofia Goggia et Federica Brignone

Crédit: Eurosport

"Nous sommes chacune la plus grande chance de l'autre, estimait Goggia dans un entretien à La Repubblica début janvier. Je l'admets. Et j'en parle avec le sourire. Le moment de l'adolescence, quand tu te tires les cheveux, est passé. Nous savons avoir des rapports cordiaux. Notre duel a toujours été exagéré un peu partout, mais tant mieux pour notre mouvement."
Elle n'hésite même plus à faire des compliments à sa coéquipière, qui a une façon de skier bien différente de la sienne. "Il n'est tout simplement pas copiable, elle a un talent entre ses pieds qui est très raffiné, elle prendre les virages comme personne d'autre." "Nous ne sommes pas amies, simplement rivales sur les skis. Je ne suis pas jalouse si elle gagne et je la complimente toujours. Je la respecte comme athlète même si nos caractères et styles sont très différents. Pour moi, c'est toujours important de m'entendre avec les gens", résumait Brignone à l'hebdomadaire italien "F" en 2022. On ne dira pas que la rivalité a laissé place à l'amitié, mais presque...
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