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Le combiné, symbole ultime du paradoxe Pinturault

Julien Chesnais

Mis à jour 29/12/2017 à 18:29 GMT+1

BORMIO - Vainqueur à Bormio ce vendredi, Alexis Pinturault domine le combiné depuis une demi-décennie. Le Français n'y a pourtant jamais brillé lors des grands rendez-vous. Intraitable en Coupe du monde, il n'a pas décroché la moindre médaille dans la discipline aux Mondiaux ou aux JO. Il doit corriger ça à Pyeongchang.

Tout en retenue, Alexis Pinturault célèbre sa victoire lors du combiné de Bormio, en Italie, le 29 décembre 2017

Crédit: Getty Images

Bientôt cinq ans que ça dure. Depuis une demi-décennie, Alexis Pinturault est le skieur le plus prolifique en combiné. Et il l'a encore montré vendredi en s'imposant à Bormio lors du premier combiné de la saison. Les chiffres donnent le vertige. De sa première victoire dans la spécialité - à Wengen le 18 janvier 2013 - à son succès du jour, le Français étire une impressionnante série de sept victoires en douze départs en Coupe du monde. Sur ses cinq "échecs", le skieur de Courchevel compte deux deuxièmes places et d'autres strapontins plus modestes (10e, 13e et 20e). Une razzia. Ses statistiques lui ont logiquement permis de remporter les deux derniers petits globes de la discipline. Les deux seuls qui garnissent son palmarès. Il en aurait eu deux autres si la FIS n'avait pas décidé de ne pas attribuer de globes entre 2013 et 2015.
Sept victoires en combiné. Cela représente le tiers de tous ses succès en Coupe du monde (10 en géant, 2 en slalom, 1 en Super-G et 1 en City Event). Si le géant est sa discipline de prédilection, c'est sur le combiné qu'il possède le meilleur ratio (44% de victoires, contre 17% en géant). Cette discipline pèse ainsi de tout son poids dans le palmarès du Français. Et à l'inverse, le Français commence à marquer l'histoire de l'épreuve. Seuls cinq skieurs comptent plus de victoires que lui dans les disciplines combinées. Et tous sont à la retraite : l'Américain Phil Mahre (11), le Suisse Pirmin Zurbriggen (11), le Luxembourgeois Marc Girardelli (9), le Croate Ivica Kostelic (9) et le Norvégien Kjetil Andre Aamodt (8).

Zéro sur quatre lors des grands rendez-vous

Pinturault est actuellement le patron du combiné…. Mais seulement dans le cadre de la Coupe du monde. Cette discipline illustre le mieux la difficulté rencontrée par Pinturault à briller lors des grands rendez-vous. Lors des Jeux Olympiques et des Mondiaux, ça coince encore. Et c'est particulièrement le cas en combiné. Ses deux breloques internationales (bronze aux Jeux de Sotchi en 2014 puis aux Mondiaux de Vail-Beaver Creek en 2015) ont toutes été acquises en géant. En combiné, il n'a jamais réussi à accrocher le podium. Quatre opportunités se sont présentées à lui. Toutes se sont soldées par un échec. Le plus cinglant étant sans doute celui de Saint-Moritz en février dernier :
  • 6e aux Mondiaux 2013 de Schladming
  • Abandon (manche de slalom) lors des Jeux Olympiques 2014 à Sotchi
  • 5e aux Mondiaux 2015 de Vail-Beaver Creek
  • 10e aux Mondiaux 2017 de Saint-Moritz
Une éventuelle passe de cinq passerait évidemment bien mal pour Pinturault aux JO de Pyeongchang, dans quelques semaines (9-25 février). Le combiné sera sa plus belle chance de décrocher son premier titre d'envergure. Vu son palmarès et l'attention qu'il donne à cette discipline, personne d'autre que lui ne semble mériter davantage ce titre olympique.
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Alexis Pinturault lors de la reconnaissance du combiné de Bormio, le 29 décembre 2017

Crédit: Getty Images

Le syndrome Hirscher

Pinturault est toujours resté fidèle à cette discipline victime d'un désamour croissant d'année en année. D'ailleurs, cinq des six premiers au classement général n'ont pas daigné prendre le départ vendredi à Bormio (Kjetil Jansrud est l'intrus). Et la start-list ne devrait pas être bien différente à Wengen, le 12 janvier, pour le dernier combiné avant Pyeongchang. Marcel Hirscher fait partie de ces absents-là.
Une statistique exprime bien ce qui sépare encore aujourd'hui l'Autrichien du Français. Les quatre fois qu'Hirscher a disputé un combiné en coupe du monde, la victoire est toujours revenue à Pinturault (trois podiums et une disqualification pour Hirscher). C'est tout l'inverse en grand championnat. En deux occasions, Hirscher a à chaque fois devancé son rival (médaille d'or aux Mondiaux 2015, l'argent en 2017). Et il tentera de le faire à nouveau en Corée du Sud. Mettre au fond le jour J, c'est tout le défi qui attend Pinturault à Pyeongchang. Il ne doit plus être un patron en Coupe du monde. Mais devenir le patron tout court.
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