Descente de Kitzbühel - "C'est fucking awesome !" : Sarrazin, la perfection en plus

Il y a ceux qui gagnent, et ceux qui restent au sommet. C'est ce qui distingue les très bons des champions. En vingt-quatre heures, Cyprien Sarrazin a prouvé qu'il appartenait bien à la seconde catégorie en enchaînant deux victoires sur la plus mythique des descentes du monde. Ce gars-là est un monstre, un extra-terrestre dans un état de grâce absolu et personne n'y résiste, même pas Marco Odermatt.

Ce samedi, le Suisse a été relégué à 0"91, soit le plus grand écart entre les deux hommes lors des quatre victoires de Sarrazin cette saison. Autrement dit, il y avait lui et les autres. Il n'avait que le dossard 8 mais dès qu'il a franchi la ligne, il semblait évident que personne n'irait le chercher dans les étoiles. Sa célébration sur les boudins gonflables de l’aire d'arrivée prouvait bien qu'il s'était passé quelque chose d'assez exceptionnel. "Tout s'est passé parfaitement et facilement, a-t-il réagi. J'avais dit que Wengen (trois podiums en trois jours) était une dinguerie. Kitzbühel c'est fucking awesome ! Même pas dans mes rêves, je n'imaginais pas un back to back sur la Streif en me faisant plaisir comme jamais et en faisant le run presque parfait puisque la perfection n'existe pas."

Après sa descente, il est permis de douter. "On était sidéré pendant la course, a confié notre consultant Johan Clarey, habitué des podiums à Kitzbühel. Je n'ai jamais vu une manche pareille, elle est parfaite." "Aujourd'hui, il y avait le run au-delà de la victoire, je l'ai sorti du fond du cœur, s'est extasié le héros du jour. C'était incroyable, j'ai senti qu'il y avait de la vitesse, je passe la ligne, je tourne la tête et je vois qu'il y a du vert. Comme à Bormio, j'ai senti que j'avais fait une dinguerie. Marco a fait quelques petites erreurs un peu avant le plat, c'est là où j'ai fait la différence. Faire ça, oui je suis peut être un artiste en fait. J'ai taillé des courbes, c'est ce que j'aime faire et c'est pour ça que je vis."

Le Suisse courrait après sa première victoire dans la Mecque du ski et, malgré quelques légères fautes, il a explosé de joie dans l'aire d'arrivée, conscient qu'il touchait du doigt son premier sacre sur la Streif. "J'ai pris les risques pour gagner ici, c'était mon gros objectif, a-t-il commenté chez nos confrères de RTS. Je pensais toutefois que cela suffirait pour m'imposer, malgré des erreurs en haut. Actuellement Cyprien est vraiment sur une autre planète." Un constat qui ressemble à s'y méprendre à un adoubement.

Depuis deux ans, Odermatt, qui n'a plus que 6 petits points d'avance au classement de la Coupe du monde de descente, n'a pas l'habitude de tomber sur un os mais Sarrazin est désormais un sacré rocher dans sa chaussure. Le prochain rendez-vous est fixé en France, à Chamonix et on se demande bien ce qui pourrait dérégler le Robocop Sarrazin. Vivement la suite !