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Jusqu'où ira Cyprien Sarrazin ? "Il est dans la stratosphère mais il va falloir s'y habituer"

Martin Mosnier

Mis à jour 19/01/2024 à 19:15 GMT+1

Il gagne week-end après week-end et vient de s'offrir la plus belle d'entre toutes : la descente de Kitzbühel. En l'espace de quelques semaines, Cyprien Sarrazin a pris une place que personne ne lui aurait prédit. Comment expliquer cette explosion soudaine ? Quelles sont ses limites ? Nos consultants, Pierre-Emmanuel Dalcin et Johan Clarey, décortiquent le nouveau phénomène.

Sarrazin a volé sur la Streif : sa descente en vidéo

"Marco m'a dit à l'arrivée 'tu as combien d'avance sur moi ?'. Je lui ai répondu 'tu es encore devant moi, je crois'. On a discuté tout à l'heure, c'est une petite bataille, je le grignote petit à petit, mais on verra en fin de saison." Alors qu'il a décroché sa première victoire le 28 décembre dernier à Bormio, Cyprien Sarrazin n'en finit plus de gagner depuis. Vendredi, il a planté le drapeau français sur la Streif. Sarrazin n'est déjà plus un accident ni un coup d'un jour. Il s'installe peu à peu dans une hiérarchie qu'il a bousculée à la surprise générale. Jusqu'où ira-t-il ? Nos deux consultants Johan Clarey et Pierre-Emannuel Dalcin nous éclairent sur le phénomène et tentent d'expliquer jusqu'où il peut aller.
Comment avez-vous vécu cette victoire de Cyprien Sarrazin à Kitzbühel ?
P-E.D. : On s'attendait presque à ce qu'il gagne, c'est ça qui est devenu fou.
J.C. : Oui, on n’est pas dans une surprise de dingue, c'était quasiment le favori. Il a répondu présent. C'est fou de devenir aussi fort, aussi vite.
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Comment expliquez-vous sa soudaine prise de pouvoir ?
P-E.D. : Il a trouvé la recette, il ne se trompe plus. Il a compris comment ça fonctionnait. En skiant en-dessous, il a compris que ça marchait. Désormais, il l'applique. Tout le jeu est de ne pas aller trop loin.
J.C. : Il est plus fort que les autres en fait, c'est ça le truc de fou. Odermatt et lui sont au-dessus du lot en ce moment. Mais avec un plus pour Cyprien que je trouve un poil plus complet sur certaines portions de descente, même si Odermatt peut être meilleur sur certaines portions techniques. Je le trouve au-dessus du lot. Il n'est pas dans un moment de surchauffe : il est meilleur que les autres.
La pression est sur les épaules d'Odermatt, il a tout à perdre
Était-ce imaginable en début de saison ?
J.C. : Impossible à ce point-là. Celui qui dit le contraire est un menteur.
P-E.D. : On savait depuis des années qu'il avait un potentiel de fou mais de là à gagner tous les week-ends… Il a un ski, un physique et un mental alignés : on a une météorite devant nous. On savait qu'il avait des chevaux sous le capot et il a appris à mieux s'en servir. Il n'avait pas le bon costume quand il était en géant. Il est enfin dans celui qui lui va bien. Il a déjà eu accès à ce qui pouvait sembler inaccessible : gagner. C'était un gros plafond de verre, il ne se l'autorisait pas. Là, il a tout fait péter. Il s'y habitue, c'est dingue parce que ça a l'air facile.
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Est-ce qu'il est aujourd'hui le favori au petit globe de descente ?
J.C. : Il gagne les courses sur le bas, avec le physique. Il n'a pas de point de faible. Pour le globe, la pression est sur Odermatt. C'est un de ses gros objectifs parce que, pour un Suisse, gagner le globe de descente, ça représente quelque chose. Je pensais que ça allait être juste pour Cyprien, je ne le pense plus.
P-E.D. : Odermatt va faire les géants, il va être plus fatigué. Certaines courses conviennent mieux à Cyprien. La pression est sur les épaules d'Odermatt, il a tout à perdre.
Est-ce que cette victoire à Kitzbühel le fait entrer dans une caste à part ?
J.C. : Toujours quand tu gagnes à Kitzbühel. Il fait le doublé avec Bormio en un an, sur les deux descentes les plus dures du monde. C'est le même mec qui les gagne, il est dans une caste à part, définitivement.
P-E.D. : Cyprien m'a plus impressionné à Bormio. Ce jour-là, Odermatt était en pleine chauffe, il arrive en bas à 9 centièmes en disant qu'il a fait la course de sa vie. C'était fou. Là, c'était beaucoup plus serré.
J.C. : Oui, il a fait plein d'erreurs, sa course est loin d'être parfaite, c'est dire la marge qu'il a. Le début est compliqué, il ne saute pas très bien mais il est lucide pour en remettre en bas. Aujourd'hui, on a l'impression que rien ne peut lui arriver. Il est dans une stratosphère qu'il va falloir gérer après. Il va falloir s'y habituer aussi.
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Si ça se finit avec un globe…
Est-ce que le plus dur arrive pour lui ?
P-E.D. : Cette année non, mais ce sera plus dur l'an prochain avec la préparation. Comme pour Clément Noël qui l'a vécu.
J.C. : Si ça se finit avec un globe… On verra la suite. Mais il faut se souvenir de Luc Alphand. Il s'est mis à gagner exactement au même âge, à 29 ans, il a enchaîné trois globes et le général à la fin.
P-E.D. : Luc est tombé amoureux de sa femme et ça lui a fait gagner une seconde. Il était heureux. Et Cyprien est heureux.
J.C. : Moi, c'était pareil, j'ai rencontré ma femme et j'ai fait les quatre meilleures saisons de ma vie. Quand on est heureux, ça change tout.
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