Mondiaux 2023 - Marco Odermatt : grande confiance, grande prudence

Surdoué. Ambitieux. Calme. S'il ne fallait que trois adjectifs pour résumer Marco Odermatt, ce triptyque-là ne serait sans doute pas le plus éloigné de la réalité. Ce qui frappe le plus à la veille du super-G de ces Championnats du monde de Courchevel, grand rendez-vous de cet hiver 2023, c'est bien le troisième élément. En dépit des attentes colossales autour de sa personne, le leader suisse demeure d'une zénitude absolue.

Combien de médailles vise-t-il en Savoie, alors qu'il totalise d'ores et déjà cette saison plus de victoires (8) que sur l'ensemble de l'exercice précédent, pourtant déjà exceptionnel (7 succès en Coupe du monde en 2021-2022) ? Grand favori du super-G et du géant, il aura aussi son mot à dire en descente, au moins pour le podium. Alors, trois médailles ? Dont deux titres ? Ce serait presque le bilan "logique" au vu de ce qu'il produit semaine après semaine. Sauf que...

Sauf que ce sont les Championnats du monde. Un rendez-vous à part dans une saison, comme le sont les Jeux Olympiques. "Je ne raisonne pas de cette manière, à me demander combien je vais avoir de médailles, a-t-il confié au micro de Tina Maze, la consultante d'Eurosport, avant de se lancer dans le grand bain. Bien sûr, avec ma saison, je suis favori pour gagner des médailles, et je veux le faire, mais les Mondiaux, ce sont des courses d'un jour, il peut se passer tellement de choses. Il faut que tout s'emboite bien le Jour J."

Ce n'est pas toujours le cas, y compris pour les superstars du plateau. La reine Mikaela Shiffrin avait vécu un cauchemar aux J.O. de Pékin l'an dernier, course après course. Odermatt lui-même avait souffert en Chine. Une 7e place en descente, une sortie en super-G, avant la délivrance lors du géant dont il était sorti vainqueur. Mais rien n'avait été simple pour le natif du Nidwald. On peut aussi rappeler qu'il est toujours, pour l'heure, en quête d'une toute première médaille aux Championnats du monde. Cortina, il y a deux ans, avait constitué une grosse déception pour lui.

Mais "Odi" n'est plus le même qu'en 2021. Il faudrait une succession de catastrophes pour qu'il quitte la France sans être monté une seule fois sur la boîte. Tout est toujours possible, mais ce serait tout de même une sacrée mauvaise surprise pour lui. A Courchevel, on le sent impliqué mais serein. "Il faut être bien concentré, mais sans que cela tourne à l'obsession, détaille-t-il. Le meilleur moyen de skier vite, c'est encore d'être tranquille et de se faire plaisir."

Même son genou récalcitrant ne semble pas lui donner trop de souci. S'il concède "une petite gêne", il se veut rassurant. Touché lors de la première descente de Kitzbühel, le skieur de Hergiswil avait dû se mettre en pause. "Je n'ai pas pu m'entraîner beaucoup ces derniers temps à cause de mon genou. J'ai vraiment fait un break complet d'une semaine. C'était la bonne chose à faire pour moi, pour reposer mon corps et même au niveau mental. J'ai complètement récupéré maintenant et je me sens prêt", nous confiait-il à l'aube de ces Mondiaux.

Sa quinzaine a débuté sur une fausse note mardi matin avec sa sortie lors de la manche de super-G du combiné, à quelques portes de la fin. Pas de quoi le perturber, puisqu'il abordait cette échéance comme un entraînement grandeur nature pour le super-G. Le "vrai". Jeudi, l'enjeu sera tout autre pour Marco Odermatt. Une médaille, ou mieux encore, un titre, serait le meilleur moyen d'éradiquer toute forme de pression sur ses épaules avant les prochaines courses sur L'Éclipse, la piste de Courchevel. Et la meilleure façon de garder sa belle sérénité.