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JO Pékin 2022 - Le moment de vérité pour Tessa Worley : "Il ne faut pas chercher la perfection"

Simon Farvacque

Mis à jour 06/02/2022 à 22:24 GMT+1

JEUX OLYMPIQUES D'HIVER - Elle vise une première médaille olympique. Tessa Worley fera partie des favorites du géant des JO de Pékin 2022, dans la nuit de dimanche à lundi, à partir de 2h30. Porte-drapeau de la délégation française, la skieuse de 32 ans est en confiance, au cœur d’une bonne saison. Double championne du monde de la discipline, elle mise sur sa capacité à s’engager, ne pas calculer.

Worley ne skiera pas sur la retenue : "La meilleure défense est l’attaque"

"Je ne peux pas être au top tout au long de l’hiver. Il faut que je me fasse à ça, avec mon grand âge." C’est avec un rire dans la voix que Tessa Worley résumait ainsi, en début de saison, la nécessité pour elle de bien fixer ses objectifs. Le plus grand de son année, l’un des plus grands de sa carrière, est pour dans quelques heures, avec le géant des Jeux Olympiques de Pékin 2022 dans la nuit de dimanche à lundi (première manche à 2h30, heure française). Un géant qu’elle aborde sur une bonne dynamique, forte d’une régularité remarquable sur plus d’un mois, malgré ses "fameux" 32 ans.
Depuis le 21 décembre, Worley a disputé sept épreuves en Coupe du monde, géant et super-G confondus. Elle en a gagné une et n’a jamais fait moins bien que 6e. "Je me surprends avec cette régularité, un petit peu, oui, admet celle qui a eu l’honneur d’être porte-drapeau de la délégation française, dans un entretien qu’elle nous a accordé fin janvier. Je me surprends par certains résultats, aussi. Comme à Lienz. Aller gagner une course de cette manière-là (…) ce n’était pas forcément prévu… enfin, on a toujours envie de faire ce genre de choses, mais je ne m’y attendais pas."
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"Je fais partie des favorites"

Avant le début de l’exercice 2021-2022, son palmarès faisait déjà d’elle une candidate à la consécration olympique en géant. Double championne du monde de la discipline (2013, 2017), 7e aux Jeux en 2018, Worley a donc consolidé son dossier, à coup de références plus récentes. Elle est 2e du classement de la spécialité, derrière une Sara Hector qui marche sur l’eau. "Je fais partie des favorites, en tout cas des prétendantes aux médailles, considère la Française. Mais il y a énormément de filles capables d’aller chercher ce podium (…) C’est ce qui fait que cette discipline est si intéressante."
En quête d’une première médaille aux JO, Worley n’a pas qu’une seule carte individuelle en poche. Le 16 janvier dernier à Zauchensee, elle a signé son premier "Top 5" en super-G depuis 2017. Mais ses quinze victoires en Coupe du monde ont été acquises en géant, qui reste son terrain de prédilection : "Je ne mettrais pas le super-G au même niveau que le géant, précise-t-elle. En super-G (vendredi, NDLR), je serai clairement outsider. L’attente personnelle est tout aussi importante, mais ce sont deux courses que je dois aborder différemment, parce que je ne suis pas attendu de la même façon."
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"L’intelligence" plutôt que "la stratégie"

Place donc d’abord à l’épreuve où Worley s'avance avec le plus de regards tournés vers elle. Ses rivales ? Hector, mais aussi deux lauréates du Gros Globe, avec Mikaela Shiffrin et Petra Vlhova. "Les Italiennes, Alice Robinson… et j’en oublie certainement", ajoute la skieuse du Grand-Bornand, qui cherchera à faire abstraction de la densité du plateau. "Tout le monde skie vite et a très, très envie. Il ne faudra pas réfléchir à la concurrence. Je vais devoir être concentrée sur moi, skier avec beaucoup de détermination et faire deux manches pleines", énumère-t-elle.
Une approche assez classique qu’elle ne complète pas par le poncif de la quête d’une "manche parfaite". Au contraire. "Il ne faut pas chercher la perfection, estime Worley. Il faut se libérer sur chaque manche, sur chaque courbe." Sans pour autant faire fi des points clefs du tracé : "Ce n’est pas évident, parce qu’il y a toujours des endroits où il faut être intelligent. Ce n’est pas de la stratégie, c’est de l’intelligence à avoir (…) Parfois, il y a des endroits où on va être un peu moins engagé, inconsciemment, et c’est ce qu’il faut gommer."
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"C’est impossible de gérer une manche"

De l’extérieur, l'aspect "tactique" peut pourtant sembler primordial. Quand on lui cite l’exemple du gadin de Clément Noël, aux portes d’une victoire qui lui tendait les bras à Madonna di Campiglio en slalom, Worley répond : "On a aucune idée de comment ont skié les autres, aucune idée des écarts, des intermédiaires. En fait, c’est impossible de gérer une manche. C’est presque dangereux de vouloir gérer son ski." Son credo ? "La meilleure défense, c’est l’attaque : skier de manière engagée. C’est comme ça qu’on fait le moins d’erreurs et s’il y a des erreurs, c’est comme ça qu’on les rattrape."
Tessa Worley va-t-elle parvenir à appliquer ses propres conseils ? Elle est confiante quant à sa capacité à lâcher les chevaux lors du second run (prévu à 6h45), si elle y prend part : "J’essaie de l’aborder comme une nouvelle course, peu importe ma place, les écarts (…) Iln’y a pas de question à se poser, aucune retenue, pas de stratégie, il faut tout donner !" Elle craint plus son entrée en lice : "J’éprouve un peu plus de difficultés à être dans le bon ton lors de la première manche. C’est le travail que je dois faire sur moi : être juste, dans le bon niveau d’engagement pour être aux avant-postes."
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"J’arrive à m’éclater sur les skis"

Derrière ce doute concernant sa première mise en action, une satisfaction : celle d’avoir brillé de différentes manières cette saison. Lors de son seul succès de l’hiver, à Lienz, Worley a fait la différence durant son premier passage et a "validé ce résultat lors du deuxième". Refermer le portillon victorieusement est une chose, effectuer une remontée en est une autre. A Kronplatz le 25 janvier, alors qu’elle avait appris la veille qu’elle serait porte-drapeau, son premier run a été décevant (8e), mais le second l’a propulsée sur le podium (3e).
Une pluralité de scénarios satisfaisants qui conforte Tessa Worley dans son ambition olympique : "Travailler pour arriver aux Jeux ‘prête’, c’est être prête à faire face à toutes les situations : remonter lors d’une deuxième manche, pour atteindre le podium… savoir assumer une première manche en tête etc." L’épanouissement compte aussi, après seize ans de carrière : "J’arrive à m’éclater sur les skis, à prendre les risques qu’il faut pour skier vite. C’est le même état d’esprit qu’il va falloir avoir aux Jeux (…) Techniquement, je sens que les choses sont en place." Reste à être au top le "Jour J".
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