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Mathieu Faivre, le soleil après trois ans d'orage : "A aucun moment, je n'ai voulu abandonner"

François-Xavier Rallet

Mis à jour 23/10/2021 à 19:05 GMT+2

COUPE DU MONDE - Auteur d’une fin de saison en apothéose, marquée notamment par deux titres mondiaux obtenus à Cortina d’Ampezzo et un succès à Bansko en Coupe du monde, le Niçois Mathieu Faivre aborde Sölden avec le plein de confiance même si, de son propre aveu, "tout est remis à plat". Il ne veut pas non plus encore penser aux JO de Pékin où l’inconnu prime.

Mathieu Faivre, champion du monde de ski parallèle

Crédit: Eurosport

Vous avez été l'homme de 2021 : deux titres mondiaux dont celui du géant obtenu à Cortina et une fin de saison folle. Et donc, une confiance qui doit être à son maximum au moment d’aborder cette nouvelle saison ?
MATHIEU FAIVRE : Par rapport à la saison dernière, c'est une certitude qu'il y a des choses qui se sont mises en place et sur lesquelles je peux m'appuyer. Mais tout est remis à plat. Tous les compteurs sont remis à zéro. J’aimerais continuer de progresser, d’évoluer avec la volonté d’aller chercher encore plus haut pour pouvoir justement atteindre des niveaux encore plus élevés que ce que j'ai pu faire en fin de saison dernière.
On imagine que ce titre mondial obtenu en géant reste le plus beau moment de votre carrière. Etait-ce aussi le plus beau moment de votre vie ?
M.F. : (il sourit) Ça a été un moment assez incroyable, effectivement. Car ce n'était pas forcément le moment où je m'y attendais le plus. Ces émotions ont été tout bonnement incroyables. Je ne suis pas quelqu'un de très expressif, qui montre énormément ses émotions. Il y a eu un sentiment de joie, mais également de plénitude pendant quelques temps. Je me rappelle m’être dit après ces deux médailles d’or : "Voilà, tu es là où tu rêvais d’être. Tu fais désormais partie de l’histoire de ton sport." Car ce qui s’est passé en Italie restera à jamais. Et ces titres, on ne me les enlèvera pas.
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Un run en or : voici comment Mathieu Faivre a décroché la lune

Vos différents coaches ont toujours cru en vous. Quel a été leur discours au moment de faire le bilan de votre hiver ?
M.F. : En fait, il n’y a pas eu de réelle discussion entre nous. On s’est juste demandé comment on en était arrivé là. On a dressé un rapide bilan de ce qui avait marché, de ce qui n’avait pas été bon, des actes d’amélioration, mais il n’y a pas eu de longue discussion en fin de saison.
Avant ça, vous restiez sur une saison marquée principalement par des difficultés en seconde manche. Comment avez-vous redressé la barre l’hiver dernier ?
M.F. : Effectivement, il y a eu beaucoup de moments compliqués à gérer car ça ne fonctionnait pas vraiment comme je le voulais. Il y a aussi eu un enchaînement de journées d’entraînement qui s’est avéré très frustrant. Et ce constat, je l’ai fait sur les trois dernières saisons finalement. Ce fut donc trois, voire même quatre ans de frustration même s’il y a eu quelques petites parenthèses enchantées, quelques podiums, avec de rares moments où ça se passait mieux. Mais il n’y a jamais eu dans ma tête cette notion d’abandon. Je ne me suis jamais dit : "Je ne suis plus fait pour ce sport, je vais faire autre chose." En général, dans ma vie, je vais au bout des choses. Et c’est pour ça que j’ai réussi à remettre du sens dans ce que je faisais. Avec le recul, je me dis qu’il y a toujours quelque chose à apprendre de ces moments. Pour en comprendre le sens, ça peut prendre du temps parfois. Et c’est cette expérience-là qui m’a conduit aux titres mondiaux obtenus à Cortina.
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Faivre : "Ce qui s'est passé à Cortina restera à jamais"

Dimanche débute la saison avec le traditionnel géant d’ouverture de Sölden. Avez-vous la sensation de vous aligner avec un nouveau statut ?
M.F. : Avec ce titre mondial, mon statut a forcément changé. Mais je ne le ressens pas comme ça. Aujourd’hui, j’ai simplement envie d’être là, d’être le skieur que j'ai pu être sur la fin de saison dernière. Une fin de saison qui m’a permis de me retrouver en tant qu'athlète, en tant que skieur et en tant qu'homme. Quand on arrive à être honnête avec soi-même, par rapport à qui on est, par rapport à notre mode de fonctionnement, ces statuts de favoris ou d’outsider ont un peu moins d'impact. Ça reste du sport, des choses, entre guillemets, assez volatiles dans le sens où ça peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre. Notre travail est justement de réduire cette part d'inconnu au maximum. Aujourd'hui, je ne me sens pas forcément comme le favori et je ne me mets pas cette pression-là pour Sölden.
Une petite statistique amusante : vous n’avez plus manqué de seconde manche en géant depuis le 3 mars 2018, à Kranjska Gora. Et vous avez marqué des points sur les 18 derniers géants disputés. Vous êtes un monstre de régularité finalement ?
M.F. : (rires) Alors, suis-je un monstre de régularité ou cette série explique-t-elle par ma perte de confiance ? Une perte de confiance qui m’obligeait à ne pas skier à fond et qui me permettait d’arriver plus facilement en bas des manches. Je ne sais pas trop. Ce sont des statistiques flatteuses, mais je vais avoir 30 ans, j’espère qu’il me reste encore quelques belles années de carrière devant moi. Dans la démarche, je ne dois pas forcément penser à cette régularité. Ça reste du ski. Tout peut se passer en un claquement de doigts et il ne faut jamais occulter ces éventuels abandons, ces possibles chutes. Après, si je peux être dans le top 5 de toutes les courses et marquer des points jusqu’à la fin de ma carrière, ça me va aussi…
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Faivre : "Je ne me mets pas la pression pour gagner à Sölden"

Disputer une seconde discipline, en l’occurrence le Super-G, vous permet de garder le rythme, l’adrénaline tout au long de la saison. Tenez-vous toujours ce discours en cette année olympique ?
M.F. : Oui. On a d’ailleurs renforcé cette idée-là. Avant, on avait cet objectif de s’aligner sur une seconde discipline, mais ma discipline forte, le géant, n’était pas installée comme je le souhaitais. C'était toujours un peu délicat de faire la balance entre les deux. Cette année, j'ai les 500 points (FIS). Je peux donc m'aligner plus facilement sur les Super-G. On a donc mis en place une planification pour y parvenir mais surtout pour être performant. D’ailleurs, je vais partir avec le groupe vitesse sur Copper Mountain début novembre pour participer, au moins, au premier des deux Super-G de Beaver Creek. Ça me tient à cœur.
En février 2022, on vous souhaite de disputer les JO de Pékin. Ce seront vos troisièmes. Que pouvez-vous nous dire de la piste, de la neige ?
M.F. : Finalement, pas grand-chose. Vous avez sûrement plus d’informations que moi sur tout ça (il sourit). Cette parenthèse olympique est tellement particulière au milieu d’une saison de Coupe du monde. Il faut la planifier dans l’entraînement. Mais le meilleur moyen d’arriver en pleine forme en Chine, c’est d’être performant dès le début de l’hiver et d’arriver dans le bon état d’esprit. Les conditions à Pékin ? On verra quand on y sera. Mais ça sera comme ça pour tout le monde. On est un sport d’adaptation, on a l’habitude de changer nos plans, d’adapter notre matériel au dernier moment.
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