Jonnier passa si près

Huit dixièmes. Voilà ce qu'il a manqué à Emmanuel Jonnier pour monter sur le podium du 50km style libre, avant-dernière épreuve de ces XXe Jeux Olympiques d'hiver. Le Français, parti avec le dossard 12, échoue à la pire des places, la quatrième.

Déjà médaillé d'or avec le relais italien, Giorgio di Centa décroche le titre olympique de la plus belle épreuve du ski de fond devant le Russe Eugeni Dementiev et le vétéran autrichien de 37 ans Mikhail Botwinov. Donné parmi les favoris, Vincent Vittoz n'a pas su tenir le rythme dans le final après avoir réalisé une ultime ascension de toute beauté. Le Français, champion du monde de la poursuite, se classe 9e à près de cinq secondes du vainqueur du jour. Juste devant son compatriote Jean-Marc Gaillard, 11e (à 8 secondes). Le dernier des Tricolores engagés, Alexandre Rousselet, termine à la 26e place.

A 33 ans, et grâce à ce succès sur le 50km en skating, Giorgio di Centa écrit la plus belle page de sa carrière. Déjà victorieux du relais avec ses compatriotes Pietro Piller Cottrer, Fulvio Valbusa et Cristian Zorzi, l'Italien s'est imposé au terme de plus de deux heures de course. Dans l'ultime ligne droite, il a su d'abord lâcher ses adversaires, Vincent Vittoz en première ligne, puis résister au fulgurant retour du Russe Eugeni Dementiev, le champion olympique de la poursuite 30 km. Sur la troisième marche du podium, on retrouve le Russe, depuis naturalisé autrichien, Mikhail Botwinov.

Le début de la course a été marqué par l'offensive du Roumain Zsolt Antal au 25e kilomètre. Rattrapé quelques minutes plus tard par un peloton emmené par les Allemands et les Italiens, le Roumain baissa pavillon rapidement. Favori chez lui, le transalpin Pietro Piller Cottrer attaque après une heure et cinquante minutes d'efforts. La sélection se fait par le bas. L'Allemand Tobias Angerer est lâché. Il ne reviendra pas. Le Tchèque Magal et Vincent Vittoz font le travail pour recoller. La jonction faite, le peloton n'est composé que d'une trentaine d'athlètes. Parmi eux, trois Français : Vittoz, Jonnier et Gaillard.

Les hommes se regardent. Vittoz, qui a délibérément choisi de suivre le bonnet jaune de Piller Cottrer, décide d'imprimer son rythme dans la bosse finale. Dans la descente, le Suédois Anders Soedergren manque de faire chuter di Centa. Mais l'Italien reste sur ses skis et décide de lancer l'ultime sprint. Royal de sûreté, devant son public, il s'impose sans trembler. Malgré le retour de Dementiev. Manu Jonnier signe la meilleure place de sa carrière sur la distance. Mais également la plus grande performance d'un Français aux Jeux d'hiver. Avec les 9e et 11e places de Vittoz et Gaillard, l'équipe de France signe un tir groupé. Prometteur à quatre ans des Jeux de Vancouver où il faudra décidément compter sur cette belle brochette tricolore...