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"Le génie dans ses œuvres" : Comment Ronnie O'Sullivan a écoeuré John Higgins

Laurent Vergne

Publié 29/04/2022 à 22:43 GMT+2

CHAMPIONNAT DU MONDE - Ronnie O'Sullivan a posé le pied sur l'accélérateur vendredi après-midi pour distancer John Higgins et mener désormais 10-6 dans cette demi-finale. Le numéro un mondial a surtout produit un effort dantesque pour arracher la toute dernière frame, où il semblait ne plus avoir aucune chance. John Higgins pourrait avoir du mal à s'en relever.

Et le Crucible explosa : O'Sullivan arrache une frame aussi cruelle que sublime

Il est encore trop tôt pour savoir si Ronnie O'Sullivan retournera en finale du Championnat du monde, la réponse sera apportée samedi, mais si tel est le cas, il y a fort à parier que cette deuxième session restera comme un des moments charnières. Mené 6-5, le numéro un mondial a enquillé cinq frames pour faire le trou face à John Higgins. Et que dire de la dernière pierre de ce quintuplé ? Une manche d'anthologie, particulièrement cruelle pour l'un, savoureuse pour l'autre.
John Higgins aura probablement passé le reste de son vendredi et peut-être une partie de sa nuit, à se demander comment cette 16e frame a pu lui glisser entre les doigts. Il a mené 58-7 et il lui suffisait d'empocher une dernière fois la noire pour se mettre à l'abri. Cette faute-là aurait pu être sans conséquence, mais la maestria de Ronnie O'Sullivan l'a transformée en une erreur fatale. Ce qu'a produit "The Rocket" durant les vingt minutes suivantes va intégrer le livre d'or, pourtant abondant, des exploits mémorables du champions anglais, qui a d'abord égalisé à 58 partout au prix d'un break inouï de virtuosité, avant de crucifier ce pauvre Higgins à la noire décisive.
Il fait des choses qui ne sont pas humaines du point de vue du snooker
"C'est sans aucun doute la frame la plus dramatique de ce Championnat du monde jusqu'ici", s'est exclamé Dave Hendon, notre confrère anglais au micro sur British Eurosport. Aucun doute là-dessus. O'Sullivan a notamment enchaîné deux coups d'anthologie, une rouge longue distance avec un replacement sur la noire dont il avait un besoin impératif. Celle-ci, collée à la rose, n'était pas dans la position idéale. L'Anglais l'a suffisamment décollée pour pouvoir tenter un empochage d'une rare subtilité et rester en vie.
Cette combinaison rouge-noire a sidéré tout le monde. "Il est tout simplement incroyable, juge Alan McManus, ancien vainqueur du Masters et consultant sur Eurosport. Ces deux coups, sur la rouge et la noire, sont parmi les plus prodigieux que j'ai pu voir au Crucible." "Ces deux coups vont être rediffusés et rediffusés pendant des années, insiste Jimmy White. Oui, il a un peu de réussite avec le kiss sur la noire mais il le mérite, parce qu'il a l'audace d'aller la chercher. C'est le génie dans ses oeuvres."
C'est en cela que Ronnie O'Sullivan est unique. "Chaque fois que l'on voit Ronnie faire ce genre de choses, on se dit : 'Non, ce n'est pas possible.' Mais il arrive encore à nous surprendre et à sortir des choses incroyables. C'est presque ridicule de voir ça. C'est pour ça que le public continue d'adorer le voir jouer, parce qu'il fait des choses qui ne sont pas humaines du point de vue du snooker, des trucs impossibles", s'enflamme McManus alors que, pour Jimmy White, "Ronnie voit des opportunités que les autres joueurs ne voient pas."

Higgins doit se mettre à scorer

Cette demi-finale peut-elle encore échapper à O'Sullivan ? En théorie, oui. Quatre frames d'écart à mi-parcours, dans une demi-finale au meilleur des 33 manches, c'est à la fois peu et beaucoup. Mark Williams, mené 7-1 puis 12-5, a prouvé face à Judd Trump que le vent pouvait vite changer de sens, et le handicap du "Wizard of Wishaw" n'est pas aussi important que ne l'était celui de son compère gallois.
Mais deux choses sont certaines : d'abord, Higgins ne devra pas traîner samedi matin lors de la troisième session. Surtout, il devra élever son niveau de jeu. Alors que Ronnie O'Sullivan a signé deux centuries et presque deux autres (breaks et 99 et 91), l'Ecossais, lui, a toutes les peines du monde à rester à la table. Son meilleur break jusqu'alors ? 58. Ce n'est pas suffisant.
"On ne peut jamais dire jamais avec John Higgins, mais il me paraît juste de dire que, sur ce qu'on a vu depuis le début de ce match, il ne score pas assez, estime Jimmy White. S'il veut revenir, il va vraiment falloir qu'il commence à scorer, sinon il n'a aucune chance, parce que O'Sullivan joue vraiment en contrôle." Et comme en prime il parvient même désormais à gagner les frames quasiment perdues, la tâche se complique vraiment pour Higgins.
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