Championnat du monde de snooker : Ronnie O'Sullivan - Hossein Vafaei, la guerre des mots
Sportivement, le huitième de finale entre Ronnie O'Sullivan et Hossein Vafaei, qui débutera ce vendredi, ne manquait déjà pas d'intérêt. Mais les amabilités que les deux hommes se sont envoyées ces derniers temps ne font que pimenter leurs retrouvailles au Championnat du monde. L'Iranien avait ouvert les hostilités il y a un an. La guerre des mots a repris de plus belle depuis ce week-end.
Les sept merveilles de Ronnie O'Sullivan en images
Video credit: Eurosport
Qui a dit que le milieu du snooker était trop feutré ? Même autour du tapis vert, le trash talking, ça existe. Dans ce registre, Ronnie O'Sullivan est rarement très loin. Son huitième de finale contre Hossein Vafaei, qui se tiendra vendredi et samedi, promet beaucoup. Les deux hommes n'ont pas manqué de se titiller ces derniers jours, via le studio d'Eurosport installé au Crucible Theater de Sheffield.
Le contentieux remonte désormais à un an. Avant le Championnat du monde, l'Iranien avait dit tout le bien qu'il pensait de la légende anglaise. "Je l'aime beaucoup, je suis fan de lui, mais parfois il manque de respect et ce n'est pas bon pour le jeu", avait commenté le "Prince of Persia", avant d'ajouter : "Pour être franc, je pense qu'il devrait prendre sa retraite et laisser la nouvelle génération faire du snooker un sport encore plus important. Ça fait 20 ans qu'il est là et il n'a rien fait pour les autres."
Peu après, au Crucible, Vafaei avait calmé le jeu pour éteindre ce début d'incendie. "On est toujours amis, on continue de se parler et à déconner ensemble", avait-il assuré. C'était pour rire. Le snooker est parfois très ennuyeux, mais on ne peut pas rester fâché. C'est ce genre de propos qui aide les gens à s'intéresser à notre discipline. J'en ai parlé avec Ronnie et il m'a dit que c'était notre responsabilité de rendre le jeu encore plus grand."
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Hossein Vafaei
Crédit: Getty Images
Non seulement Ronnie O'Sullivan n'a pas pris sa retraite, mais trois semaines après les propos de l'Iranien, il décrochait un septième titre mondial pour renforcer un peu plus sa légende. A priori, l'affaire aurait pu en rester là. Ce fut le cas pendant un an. Jusqu'à samedi dernier. Est-ce l'air du Crucible ? En tout cas, après sa qualification pour les huitièmes de finale aux dépens du Chinois Pang Junxu, le numéro un mondial a remis une pièce dans la machine sur le plateau d'Eurosport.
Interrogé sur de possibles retrouvailles avec Hossein Vafaei (il n'avait alors pas encore disputé son premier tour contre Ding Jinhui), le "Rocket" s'en était donné à cœur joie. "Qu'est-ce qu'il a dit sur moi ?", a demandé le numéro un mondial en faisant mine d'avoir tout oublié. "Je crois qu'il a dit que tu devrais prendre ta retraite", lui a soufflé notre consultant Alan McManus, parfaitement complice. Sourire de O'Sullivan : "Il a encore dit un truc sur moi cette année ? Je crois qu'il a appris à se taire..."
Le septuple champion du monde l'assure, il adore ce petit jeu. "Il ne faut pas me chercher... J'adore quand ils me cherchent comme ça, ça me motive, j'adore ça, vraiment, a-t-il dit sur Eurosport. En fait, j'ai besoin de ce genre de choses, dont j'attends toujours que quelqu'un dise un truc pour me motiver et avoir une bonne raison d'être performant. Mais maintenant, ils ne disent plus rien parce qu'ils ont compris que ce n'était pas une bonne tactique."
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Ronnie O'Sullivan.
Crédit: Getty Images
Vafaei, un jeu dangereux ?
Manifestement, Hossein Vafaei, lui, a très envie d'utiliser cette stratégie, pour peu que cela en soit vraiment une. Après sa victoire contre Ding Jinhui lundi, l'Iranien en a remis une bonne couche. On peut même dire qu'il s'est lâché. "J'ai envie de faire fermer quelques bouches, une surtout", a-t-il confié à nos confrères britanniques. Laquelle ? "Celle de Ronnie O'Sullivan", a-t-il enchaîné sans se défausser. Une référence directe à la tirade du "Rocket" deux jours plus tôt. "Je ne disais rien, j'étais respectueux vis-à-vis de lui, se défend Vafaei. Mais beaucoup de gens m'ont envoyé son interview... Il est comme ça. C'est quelqu'un de bien… quand il dort."
Hossein Vafaei ne veut plus entendre parler de celui qu'il a longtemps considéré comme son "héros". Mais ce n'est plus le cas. "C'est une légende de notre sport. Personne ne peut jouer au snooker mieux que lui. Mais quand vous vous penchez sur la personne... Un héros, vous voulez faire comme lui, être exactement comme lui, mais si je veux devenir une meilleure personne, je dois changer de modèle, de héros."
Hossein Vafaei a décidé de vider son sac. Mais pour l'ancien numéro 2 mondial Jimmy White, il joue un jeu dangereux. "Si Hossein pense que ça peut l'aider, ainsi soit-il, mais ça pourrait aussi avoir l'effet contraire sur lui. A sa place, je laisserai mon snooker parler à la table. Pour moi, tout ça n'a pas beaucoup de sens", estime le consultant d'Eurosport. "Je ne crois pas une seconde que Ronnie sera perturbé. Il est trop professionnel pour ça. Il va juste venir au Crucible faire son boulot et se concentrer sur son jeu", ajoute-t-il.
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Un sommet d'émotion : O'Sullivan en larmes dans les bras de Trump après son titre
Video credit: Eurosport
Même s'il a répondu à la réponse de la réponse de la réponse, Ronnie O'Sullivan n'ira pas plus loin. Il se montre plutôt fataliste : "Je suis habitué à ça. J'y ai déjà eu droit chez les juniors, puis chez les amateurs, à mes débuts chez les pros et ça continue aujourd'hui. Je suppose que je suis une cible facile. Chaque fois que je donne une interview, quelqu'un en retire une phrase, un mot, pour en faire un gros titre. Et quand je ne joue pas, il y a toujours un moment où on demande aux autres ce qu'ils pensent de ce que j'ai pu dire et l'interview ne porte plus sur eux mais sur ce qu'ils pensent de moi. Donc je ne peux jamais être gagnant. Les médias ont toujours une question à poser aux autres à propos de moi. C'est comme ça."
Il est toutefois revenu sur un commentaire spécifique de Vafaei, sur le fait qu'il soit quelqu'un de bien… quand il dort. "Est-ce que je pourrais être une meilleure personne ? Je ne sais pas. J'essaie toujours d'aider les autres sur le circuit, assure-t-il. Demandez à d'autres joueurs, y compris certains qui sont champions du monde, je leur donne des conseils. Parfois, juste un texto pour dire 'Tu es trop bon pour ne pas remporter davantage de tournois que tu ne le fais. Peut-être que tu devrais essayer ceci ou cela.' J'aime faire ça, c'est normal de partager et je l'ai fait avec Hossein plus tôt dans sa carrière…"
Vendredi, sur les coups de 15h30, le snooker reprendra sa place sur la table numéro un. Reste à savoir si la guerre des mots se traduira par une quelconque tension une fois ce huitième de finale commencé. Et si cette joute verbale à distance aura un effet sur le comportement de l'un ou de l'autre. Voire des deux.
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