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JO Pékin 2022 - Shaun White, la révérence d'une légende du snowboard

Cyril Morin

Mis à jour 11/02/2022 à 14:15 GMT+1

JEUX OLYMPIQUES HIVER - Monstre sacré du snowboard, Shaun White a tiré sa révérence ce vendredi sans amertume mais déjà avec nostalgie. Arrivé 4e du dernier concours de sa vie, l’Américain s’est réjoui que ses successeurs soient déjà en place, histoire de continuer à faire rayonner un sport qu’il a largement porté. Avec Ayumu Hirano et Scotty James, la relève est déjà en place.

White : "Le snowboard c'était l'amour de ma vie"

Souvent, les légendes sont associées au passé. Il faut laisser un temps de latence nécessaire pour apprécier la juste valeur des performances. Parfois pourtant, cette règle implicite vole en éclats face à la magie d’un champion. Depuis ce vendredi, l’anomalie a pris fin pour Shaun White. Désormais, le monstre sacré du snowboard se conjugue au passé après plus de vingt ans d’une carrière hors-norme.
A quoi se mesure une légende ? Sans doute à des titres marquants. Chez White, il y en a une palanquée. Trois sacres olympiques, quatre Coupes du monde, 13 Winter X Games : ne cherchez pas, personne n’a fait mieux que lui dans ce sport. Mais une légende, c’est aussi du panache, celui-là même qui lui aura permis de marquer ces JO malgré sa 4e place obtenue ce vendredi après sa chute en finale.
Mercredi, en danger dans les qualifications, l'Américain avait pris tous les risques pour aller chercher sa place en finale, là où une gestion plus prudente aurait suffi à obtenir le précieux sésame. Mais, comme tous les champions, l’instinct a parlé, offrant à Pékin l’un de ces moments suspendus que l’on retiendra. "Se qualifier (mercredi), c'était comme gagner : faire ce run décisif alors que j'étais dos au mur et que je n'avais pas le choix", a-t-il d’ailleurs reconnu.
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Une chute, une frayeur et une qualif' : White passe mais se fait peur

Événement de ces JO, la retraite de White s’est faite en douceur, à la manière de ses réceptions délicates avec la planche. "Je ne suis pas triste, mais je fais défiler ma vie dans ce sport, a-t-il pris le temps de rembobiner en zone mixte. Je n'arrête pas de penser à ce jour où j'ai eu mon premier snowboard. Je rentrais de l'école en courant et je demandais à ma mère : 'Il est arrivé ?'. Il n'était pas encore là, et le lendemain, non plus. Ça a été pareil pendant 4 jours. Et un jour, elle est apparue dans ma salle de classe avec la planche dans les mains et j'étais comme hystérique. Elle a interrompu tout le monde juste pour me donner mon snowboard. Et à partir de ce moment-là, j'étais en mission".
Je suis tellement soulagé de dormir la nuit, de ne plus penser aux runs
La mission a pris fin mais elle fut réussie avec brio. Personne n’aura incarné aussi bien son sport, son exigence quotidienne, la résilience nécessaire et la magie qui s’opère lors de runs immaculés. "J'aime tellement ce sport, a-t-il souri. Même les moments terribles où je suis assis dans une chambre d'hôpital à me demander la suite, ou quand je passe tout près de la victoire et que je ressens la douleur de la défaite et pense à ce que je dois faire pour revenir gagner à nouveau".
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Le patron tire sa révérence : standing ovation pour White, très ému pour son dernier run

Mais, promis, il n’y aura pas de manque. Parce que sa décision était arrêtée depuis longtemps. Parce que les avantages de la retraite priment dans son esprit pour l’instant. "C'est triste de faire mes adieux, mais je suis tellement soulagé de dormir la nuit, de ne plus penser aux runs, me demander ce qui va se passer si je tape le haut du pipe et que je finis assommé, a-t-il admis. Je n'aurai plus jamais à être en haut du pipe, stressé à me demander si c'est le jour où je vais vraiment me blesser en essayant de repousser constamment les limites".
Mais si White s’en va l’esprit léger, c’est aussi parce que la succession est déjà en place. Toutes ces années, il n’a pensé qu’à ça : porter au plus haut ceux qui viendront après lui. "Ça a été sauvage, franchement incroyable, a-t-il admis à notre micro. C’était presque 'Un jour sans fin'. Comment me faire violence pour réussir la prochaine figure ? Comment réussir à être performant tous les jours et rester au sommet tout en accompagnant les générations d’après ? Je savais que ce jour arriverait et je suis franchement fier d’avoir influencé cette génération".
Alors, comment se juge l’héritage d’une légende ? Sans doute à ce qu’il laisse derrière lui. Loin d’être une terre brûlée, le snowboard mondial n’a jamais semblé aussi relevé. "Les gens me parlent souvent de cet héritage, a-t-il conclu. Je crois que vous l’avez vu aujourd’hui avec Ayumu [Hirano] and Scotty [James]. Vous les avez vu faire des runs de rêve et je suis franchement fier d’y avoir en partie contribué. J’espère simplement les soutenir à partir de maintenant". L’esprit enfin reposé. Ainsi partent les légendes. Avec le sentiment du devoir plus qu'accompli.
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Un dernier run complètement fou et Hirano souffle le titre du halfpipe

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