Mercedes SLS AMG Black Series, l'excellence sur circuit comme sur route

Hans Werner Aufrecht et Erhard Melcher travaillaient sur le moteur de course de la légendaire 300 SE, et parce que le retrait soudain de Daimler-Benz de la compétition automobile leur paraissaient insupportable, ils ont décidé de créer en juin 1967 une société spécialisée dans la préparation des propulseurs. En associant le A d'Aufrecht, le M de Melcher et G de Großaspach, ville de naissance d'Aufrecht, l'acronyme AMG était né...

Avec intelligence, AMG porte la plus grande attention aux trois branches, commence par maximiser la puissance des Mercedes, procède par subtiles retouches... Déménage à Affalterbach, à 20km de Stuttgart, en 1976 pour accompagner sa croissance, se diversifie en customisant les voitures. Le temps lui donne raison : elle collabore officiellement avec Mercedes en 1990, fait entrer la marque à l'Etoile dans son capital en 1999. Jusqu'à se muer en filiale à 100% en 2005. Créée par besoin de compétition, AMG a toujours avancé et s'affiche aujourd'hui comme un véritable label : en DTM, les Classe C sont frappées du sceau AMG, en Formule 1 l'équipe intègre les trois fameuses lettres. Avec 1.100 employés dont 500 ingénieurs, elle dispose donc d'une véritable force de frappe pour se réinventer, entretenir le rêve.

C'est dans ces conditions d'exigence qu'apparaît en 2012 le projet de pousser une déclinaison de la SLS AMG Coupé. L'auto née sur circuit pour le GT3, le tour de force doit consister à obtenir une homologation routière conformément aux critères de la "Black Series". "Ce modèle devait répondre aux exigences d'une utilisation sur circuit", rappelle Raphael Winter, le directeur du développement châssis, au département Performance véhicule chez Mercedes AMG. Qui ajoute : "Nous avions besoin d'un meilleur rapport poids/puissance, nous avons alors installé un essieu arrière allégé - une première chez AMG - et nous avons augmenté la puissance du moteur."

Voilà donc comment l'aspiration à la légèreté du "Sport Leicht Super" - abrégé en SLS - trouve encore toute sa signification. Tout compte fait, la cure d'amaigrissement du projet "Black Series" s'élève à 70kg, ramenant la masse totale à 1550kg. Un axe de travail parmi d'autres évidemment, puisqu'AMG se fait un devoir de booster son V8 de 6.2 litres, là aussi avec un résultat spectaculaire. Avec 60cv de plus que la SLS AMG, la puissance atteint 631cv à 7400t/mn (le régime maxi a évolué de 7200 à 8000 t/mn), le couple maxi à 635N/m, à 5500t/mn. Pas de doute, avec un 0 à 100km/h en 3,6 secondes et une Vmax à 315km/h, l'assembleur de cette belle mécanique peut continuer d'apposer fièrement sa signature sur la plaquette du moteur afin de perpétuer la philosophie maison "Un homme, un moteur".

En sus, le châssis n'est pas oublié dans ces mises à jour, toujours inspirées de la compétition, notamment une suspension à jambes amortissantes arrivée directement de l'expérience de la piste. Le bureau d'études greffe également une direction plus franche, un train de roulement "sport", un différentiel arrière à glissement limité, une voie élargie ou encore une ligne d'échappement "sport". Quant à la carrosserie, elle garde ses galbes et raffinements, et la silhouette les fameuses portes en papillon de l'emblématique 300 SL.

Voilà donc la Mercedes SLS AMG Coupé Black Series - "agressive sur la piste, confortable sur la route" – plus près de sa version définitive. Plus près car l'ultime défi consistait à exprimer ses qualités dynamiques grâce à une monte de pneus spécifique ; appelée à devenir la monte de référence, en avant-première exclusive. Le projet bien avancé du côté de Mercedes, restait à respecter un agenda particulièrement serré. "Ce qui a permis le succès de ce projet Black Series, avec le MICHELIN Pilot Sport Cup 2, c'est que Michelin a été rapidement capable de comprendre ce que nous voulions", souligne Raphael Winter.

Et Dirk Heldmann, chargé du développement et des tests de pneus chez Mercedes AMG, d'ajouter : "Ce modèle devait être un intermédiaire entre la SLS et la voiture de circuit. Dans cette optique, le pneu devait être davantage développé pour une utilisation sur circuit sans pour autant perdre ses qualités lors d'une utilisation quotidienne sur la route." Cinq phases de développements se sont ainsi succédé, "sur des circuits et les pistes d'essai les plus difficiles au monde". Avec méthode, expertise, Clermont-Ferrand a répondu présent. "Le défi technique le plus difficile à surmonter était la recherche du grip sec", se souvient bien Cédrick Polycarpe, ingénieur de développement chez Michelin. "On s'est rapidement rendu compte qu'il fallait trouver un compromis pneu, c'est-à-dire de mélange de gomme, de type de sculpture et de type d'architecture. On a trouvé ce compromis final qu'à la fin du projet, au moment de passer à la phase industrielle. Jusqu'au bout, on a travaillé de façon très intense pour trouver cette solution."

Au fil de ses essais cadencés, les distances de freinage ont raccourci, les accélérations sont devenues plus fluides. "Le point fort de notre collaboration, c'est que lors de chaque séance de test, Dirk [Heldmann] était au volant et j'étais à côté de lui pour bien regarder ses sollicitations de conduite", raconte le technicien Pierre-Antoine Grégoire. "Il pouvait à chaque moment me dire 'Bon là, ça c'est bien on a fit un très beau progrès', 'là par contre on manque encore peu de grip' par exemple. Le fait de passer beaucoup de trains (de pneus), beaucoup temps ensemble dans l'auto est ce qui a vraiment permis d'être très rapidement au fait de ce qu'ils attendaient de nous et de pouvoir converger dans un temps record."

Le cahier des charges réclamaient - entre autres - une transition sécurisante entre un parcours routier réalisé en pneus froids et une exploitation rapide des gommes en configuration sportive sur circuit, une tenue thermique pour des performances constantes au fil des tours, et un comportement routier équilibré et stable spécialement lorsque la météo se dégrade. Les moindres exigences des ingénieurs de Mercedes satisfaites, restait donc l'ultime épreuve du tour de la "Boucle Nord" du Nürburgring. Un examen passé avec mention en 7 minutes et 25 secondes. Sur du velours même, à l'image de la texture d'une partie des flancs extérieurs reproduits selon la Velvet Technology®, un brevet déposé par Michelin. Faisant des Pilot Sport Cup 2 des pneus décidemment à part.