La France de Gauzy et des Lebrun championne d'Europe par équipes de tennis de table - "Avec cette équipe, on peut taper les Chinois"
Christophe Legoût, champion d’Europe par équipes en 1994 au sein de la première Dream Team du ping français aux côtés de Jean-Philippe Gatien, analyse pour Eurosport la performance assez exceptionnelle des Bleus à Zadar cette semaine. Le tonton des frères Lebrun revient sur les progrès assez fantastiques de la France et croit que le fossé avec les champions olympiques chinois s’est réduit.
La France des Lebrun championne d'Europe par équipes
Crédit: Getty Images
La France n’est pas seulement championne d’Europe, elle a écrasé la semaine.
C.L. : C’est hyper impressionnant, ils ont assumé leur statut de favoris avec un sacré match contre l'Allemagne. Ce qui me bluffe le plus, c’est la gestion des émotions, de la pression. Simon est plus âgé mais tous les autres sont très jeunes. Même Thibaut et Flavien sur le banc, tu as l'impression qu'ils dégagent une sacrée sérénité. On voit qu’ils sont préparés pour ce qu’ils vivent. Les Bleus ne vont pas en compétition pour défendre un truc, ils y vont plein d'ambition pour aller chercher quelque chose. Ils sont à la fois sereins et conquérants.
Avec six joueurs dans le top 50, le numéro 1 européen avec Félix, Flavien Coton, une des nouvelles sensations mondiales, le vivier est invraisemblable. Est-ce qu’on a déjà connu une équipe de France aussi forte ?
C.L. : En 2000, nous je crois que nous étions quatre dans les 20 et peut-être 7 dans les 100. Aujourd’hui, ça y ressemble un peu mais c'est vrai qu'ils sont encore plus nombreux, encore plus forts, encore plus dominateurs. La seule chose qui manque aujourd'hui à cette génération, c'est le titre de champion du monde en simple qu'a décroché Jean-Philippe (ndlr : Gatien) en 1993, mais sinon… En Europe, ils ont tout gagné simple, double, par équipes, top 16, Jeux Européens. Ils sont médaillés olympiques… C'est complètement fou.
Félix a connu quelques mésaventures cette année mais a-t-il déjà été aussi fort qu’aujourd’hui ?
C.L. : Je n'ai pas l'impression qu'il était contre-performant au début d'année, il y avait des matchs qui tournaient moins de son côté, mais encore une fois c'étaient des matchs 12-10 à la belle contre des joueurs très forts. Il devait franchir des étapes notamment physiquement, en coup droit. Quand tu bosses sur certaines choses comme ça, les autres, tu les mets un peu de côté, et donc le temps que tout se remette en place, tu perds un peu en niveau. Aujourd'hui tout se remet en place, et effectivement il est meilleur qu'avant. Ce qui est impressionnant, c'est la solidité qu'il a par exemple face à la Belgique. Il n'y a pas un Belge qui a dépassé huit points quand même face à nos trois joueurs. C'est fou.
La France est-elle en train de devenir la Chine de l’Europe avec une marge sur la concurrence et une sélection au-dessus des autres ?
C.L. : Il y a un effet de double balancier. L'équipe dégage une sérénité et confiance en elle folles : même quand Alexis perd face à l'Allemagne, les Bleus savent qu’ils peuvent remonter. Et puis, on l’a vu face aux Roumains, tu as l'impression que, de l'autre côté, les mecs se disent : ‘même si on joue très bien, on n'a aucune chance de s'en sortir. On va peut-être faire un exploit sur un set ou un match mais on ne pourra jamais faire plus.’ Un peu comme nous quand on jouait les Chinois avant, où, même avec nos trois joueurs au top du top, c'est trop dur d'arracher un match. Les Roumains étaient rapidement désabusés et, je pense, qu’ils sont contents d'avoir joué les Français en finale.
Mais alors, justement, est-ce qu’il y a toujours un monde d’écart entre cette équipe de France et la Chine ?
C.L. : Non, c’est fini, il n’y a plus un monde d’écart entre nous et eux. Depuis les JO, on a comblé au moins la moitié de notre retard. Les Bleus ont tous, individuellement, battu des Chinois. Aujourd’hui, ils peuvent les taper et ils le savent. Si on les joue trois ou quatre fois, je suis sûr qu’il y aura au moins une fois où on les battra. Les Chinois ne sont plus inaccessibles. Attention, ils restent favoris, mais c’est beaucoup plus jouable.
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Défenses folles et jeu audacieux : les meilleurs points face à l'ogre chinois
Video credit: Eurosport
Est-ce que les départs de Ma Long ou Fan Zhendong ont aussi diminué l’équipe de Chine ?
C.L. : Oui, je pense qu'il y a peut-être moins de densité. Et ça met un peu plus de pression aux meilleurs qui ont moins de marge. Le temps que les jeunes arrivent, parce que le réservoir est monstrueux, il y a peut-être un coup à jouer. A nous de profiter de ces deux ou trois années. Si, aux JO, on était à 20 et que les Chinois étaient à 100, aujourd'hui on est à 60 et les Chinois à 90. Ils ont un peu baissé, on a beaucoup progressé. Ils sont encore favoris, mais la cote n'est plus du tout la même qu'avant.
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