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Alcaraz déjà tout-terrain : "Ses adversaires se disent qu'ils ont un monstre en face"

Maxime Battistella

Mis à jour 26/04/2022 à 23:18 GMT+2

Avec trois titres dans la besace en seulement quatre mois cette saison, Carlos Alcaraz n'en finit plus d'impressionner. Membre du Top 10 avant de souffler ses 19 bougies dans le sillage de son triomphe catalan, il a montré qu'il pouvait aussi bien gagner sur dur que sur terre battue. Une polyvalence exceptionnelle à ce si jeune âge que nous vous proposons d'analyser.

Alcaraz dans le grand bain des précoces, Djokovic dans celui des frustrés

Le doute n'aura pas duré longtemps. Quelques jours après sa défaite dès son entrée en lice face à Sebastian Korda à Monte-Carlo, le retour de flamme a été spectaculaire. Soutenu par un public acquis à sa cause, Carlos Alcaraz a étoffé son palmarès en Catalogne, écartant de sa route Stefanos Tsitsipas, vainqueur sur le Rocher, avant d'accomplir un enchaînement demi-finale - finale ahurissant dimanche dernier. Trois titres dont un Masters 1000 sur dur (Miami) et deux ATP 500 - catégorie dans laquelle il est invaincu cette saison - sur terre battue (Rio et Barcelone), voilà déjà le bilan très flatteur du prodige espagnol à la fin du mois d'avril.
Force est de constater que le tennis de celui qui fait désormais partie des dix meilleurs joueurs au monde s'exprime aussi bien sur ces deux surfaces aux propriétés pourtant bien différentes. Le calendrier et le timing de sa percée au plus haut niveau ont voulu qu'Alcaraz se révèle d'abord sur dur à l'US Open l'été dernier avec une explosivité et une agressivité exceptionnelles notamment lors de son 3e tour déjà face à Tsitsipas. Mais il a été élevé sur ocre, comme ses performances catalanes l'ont rappelé.
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Alcaraz dans le grand bain des précoces, Djokovic dans celui des frustrés

Formé sur terre, Alcaraz n'a aucune lacune technique

"Son système de jeu est le même. Ce sont des adaptations seulement. On n'avait pas trop de doutes là-dessus, mais on constate qu'il a un déplacement naturel sur terre battue, qu'il n'a aucun problème pour se décaler comme il le fait sur dur, à glisser ou à défendre, ou encore à utiliser l'amortie", constate ainsi Arnaud Clément. Et pour cause, la position éloignée de l'Espagnol à la relance et sa capacité à retourner long et bombé pour repousser ses adversaires ont montré tout au long de la semaine passée sa maîtrise de la tactique classique du terrien.
Mais ce ne sont que des éléments qui complètent une panoplie déjà très étoffée et qui lui permet d'imposer son jeu partout. "Techniquement, c'est très abouti. Quand on voit un joueur de cet âge, on se dit souvent qu'il y a un travail un peu spécifique à faire sur un secteur en particulier de son jeu, sur un coup. Mais en ce qui le concerne, on voit que tout est déjà bien au point. Sa technique du fond du court est très propre, assez classique, sans fioritures. Il sait volleyer, il sait smasher… Il n'y a aucune lacune, il a été formé de manière assez parfaite", note encore notre consultant.
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Le top 5 de Barcelone dominé par Alcaraz : Smash de revers, coup droit improbable...

Reste que nombre de joueurs frappent très proprement la balle mais n'obtiennent pas les mêmes résultats, et encore moins avant leurs 19 ans. Si Alcaraz est différent, c'est aussi parce qu'il impressionne sur le plan physique. Son développement musculaire à l'intersaison a ainsi marqué les observateurs. Et au-delà de cette simple observation, c'est la combinaison entre sa vitesse, son explosivité et son endurance qui le rend déjà spécial.

Un mélange détonnant de vitesse et d'endurance pour son âge

Pablo Carreno Busta l'a appris à ses dépens dimanche dernier en finale à Barcelone. Censé être plus frais que son jeune compatriote qui avait livré un combat épique quelques heures plus tôt face à Alex de Minaur - sauvant deux balles de match au passage -, il s'est fait marcher dessus. "L'endurance, c'est quelque chose qui se développe. Et en général, on est de plus en plus endurant, plus la carrière avance. Il n'a aucun problème à tenir des matches très longs, à enchaîner donc il récupère aussi très vite. C'est hors du commun d'être capable de jouer 3h20 le matin et de gagner en finale l'après-midi 6-3, 6-2. Si on ne savait pas qu'il avait joué le matin, on n'y aurait pas cru", souligne Arnaud Clément.
Pouvoir compter sur un sacré moteur et un gros réservoir permet assurément d'aborder les matches et les défis avec plus de sérénité et de certitudes. Ce sont des fondations solides sur lesquelles il est confortable de se reposer. Nul doute qu'Alcaraz en bénéficiera en Grand Chelem lorsqu'il sera confronté au long format, et ce pourquoi pas dès Roland-Garros. Mais elles ne constituent pas non plus une assurance tous risques, surtout quand les problèmes tactiques posés par les adversaires ne sont pas les mêmes.
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Trop fort, trop frais, trop régulier : le résumé du nouveau sacre impressionnant d'Alcaraz

Une capacité d'adaptation tactique au-dessus de la normale

Or, le natif de Murcie semble avoir réponse à tout. C'est finalement peut-être cette capacité d'adaptation, à engranger de l'expérience à une vitesse exceptionnelle qui lui permet de réussir aussi vite, partout. "Même dans la manière dont il serre la main à ses adversaires au filet, on a l'impression qu'il a déjà du recul. Pour moi qui ai commenté pas mal de ses matches, j'oublie complètement qu'il a 18 ans quand je le vois. Alors, il y a eu ce fameux match contre Hugo Gaston à Bercy qu'on rappelle. Mais on a l'impression que c'est déjà très loin. En fait, il a pris en quelques mois un ascendant psychologique sur énormément de joueurs, même parmi ceux qu'il n'a jamais affrontés. Pourquoi ? Parce qu'au moment de jouer contre lui, ils ne se disent pas qu'ils ont un gamin de 18 ans en face, mais un monstre. Et il le vit avec détachement et beaucoup de fraîcheur", explique Arnaud Clément, admiratif.
Plus bluffant encore, l'Espagnol est surtout capable de se remettre en cause en plein match et de changer son fusil d'épaule si les circonstances l'exigent. L'exemple de sa demi-finale à Indian Wells contre Rafael Nadal est à ce titre édifiant. Certes, Alcaraz avait fini par s'incliner, mais il avait réussi à faire vaciller l'idole, alors que beaucoup se seraient effondrés à sa place vu la tournure du premier set et les conditions très venteuses du deuxième. Loin de se frustrer, il avait alors baissé le curseur de son agressivité, acceptant davantage le bras de fer du fond. Son calme avait contrasté avec la nervosité de Nadal qui plaidait même pour une interruption du match.
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Un passing les yeux fermés sur balle de match : le miracle signé Alcaraz face à de Minaur

Le gazon, dernière inconnue rapidement levée ?

Une telle patience si jeune en dit long sur le caractère du bonhomme et tempère la dernière inconnue : son acclimatation au gazon, surface frustrante par excellence surtout contre les grands serveurs, dans quelques mois. Là encore, l'optimisme est de rigueur. D'abord parce que la surface a été considérablement ralentie et n'est plus aussi extrême qu'elle le fut. Ensuite et surtout parce qu'Alcaraz a toutes les qualités physiques, mentales et tennistiques pour s'y exprimer au mieux.
Il suffit pour s'en convaincre de constater qu'il dispose déjà d'un slice de revers tranchant utilisé à petites doses lors de ses derniers matches sur terre, et qu'il enchaîne de temps en temps service-volée avec un succès certain. "Il a une puissance au service que peu ont à cet âge-là. Quand on a 18 ans, on prend encore de la force. La plupart du temps, on n'est pas complètement développé. Il est capable de frapper très fort déjà sa seconde balle, ce qui n'est pas très courant non plus chez les jeunes, parce qu'il ne fait pas deux mètres non plus", observe d'ailleurs Arnaud Clément. Décidément, on ne voit pas grand-chose qui pourrait contrarier l'avènement d'Alcaraz, et ce sur toutes les surfaces.
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