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ATP - Alcaraz, Auger-Aliassime, Musetti, Rune... Et si la nouvelle "Next Gen" dévorait l'ancienne ?

Maxime Battistella

Mis à jour 25/10/2022 à 13:48 GMT+2

Sacrés respectivement à Anvers, Naples et Stockholm la semaine dernière, Félix Auger-Aliassime, Lorenzo Musetti et Holger Rune incarnent dans le sillage de Carlos Alcaraz une jeune génération ambitieuse, talentueuse et qui n'a peur de rien. Surtout pas de sa devancière, la fameuse "Next Gen" des Stefanos Tsitsipas, Alexander Zverev et autres Matteo Berrettini, qu'elle compte bien supplanter.

Stefanos Tsitsipas et Holger Rune à Stockholm en 2022

Crédit: Imago

A force de voir Carlos Alcaraz brûler les étapes, on en oublierait presque qu'il est (très) bien accompagné. Déjà leader du tennis mondial à 19 ans, le Murcien est aussi le fer de lance d'une génération particulièrement prometteuse. Les résultats de la semaine dernière sur le circuit ATP se sont chargés de le rappeler de manière spectaculaire. Trois tournois ATP 250 étaient au programme et ils ont tous consacré des joueurs qui gravitent autour de la vingtaine : Félix Auger-Aliassime (22 ans) à Anvers, Holger Rune (19 ans) à Stockholm et Lorenzo Musetti (20 ans) à Naples.
En prenant un peu de recul, un autre constat interpelle : Rune et Musetti ont respectivement dominé en finale Stefanos Tsitsipas et Matteo Berrettini, deux des fers de lance de la fameuse "Next Gen" que l'ATP avait tant mis en valeur voici quelques années. Les nouveaux jeunes loups seraient-ils en train de ringardiser les anciens ? Bien que sans doute un peu hâtive - et un brin provocatrice reconnaissons-le -, la question mérite d'être posée, surtout en ce qui concerne Tsitsipas.

Tsitsipas a payé cher sa stagnation

Le Grec réalise assurément une saison très solide avec deux titres sur sept finales jouées, mais il a aussi stagné dans son expression tennistique et même régressé dans ses résultats en Grand Chelem. Pire, il a été supplanté par plus jeune que lui. D'abord par Carlos Alcaraz bien sûr qui l'a battu trois fois en… trois confrontations, et ensuite par Holger Rune qui l'a désormais dominé à deux reprises en autant de duels. Et ce alors qu'il brûlait de remettre les pendules à l'heure.
"Ces gamins veulent vraiment me battre parce qu'ils me chassent. Je chasse aussi les joueurs qui sont devant moi, mais je ne suis pas dans la même position qu'eux… J'ai faim et j'ai envie de les battre aussi. Plus encore maintenant qu'ils m'ont battu : je veux ma revanche", avait ainsi déclaré Tsitsipas après sa première défaite contre le Danois en huitième de finale de Roland-Garros au printemps dernier.
Ces jeunes sont-ils donc déjà plus forts que leurs devanciers ? Gare aux conclusions prématurées. Le Grec mène par exemple face à Jannik Sinner (4-1) ou encore Félix Auger-Aliassime (5-3), et ce même si le Canadien a débloqué son palmarès à Rotterdam lors de leur dernier match. Daniil Medvedev n'a quant à lui jamais perdu face aux meilleurs éléments de la nouvelle Next Gen : il mène 3-0 contre Sinner, 4-0 contre "F2A" et même 1-0 face à… Alcaraz.

Ambitions assumées et professionnalisme précoce

En revanche, ces "gamins", pour reprendre les mots de Tistsipas, ont tous un caractère bien trempé, assument leurs objectifs et font tout pour les atteindre. Patrick Mouratoglou, qui vient tout juste d'intégrer l'équipe de Holger Rune en tant que second coach, ne dit pas autre chose quand il parle de son nouveau protégé. "Il a l'ambition d'être numéro 1 et ce n'est pas une parole en l'air. Il croit vraiment qu'il peut l'être et veut l'être", a-t-il confié à Tennis Majors.
Et Mouratoglou d'ajouter : "C'est un joueur très agressif qui prend son destin en main. Il veut que les choses dépendent de lui. Il ne laisse pas l'adversaire lui imposer sa loi sur le court. Il veut être le patron. (…) Physiquement, il est déjà fort, notamment au niveau des jambes. Il est grand et donne une impression de puissance. Son intensité à l'entraînement m'a impressionné : il frappe la balle très fort, c'est assez dingue, on sent qu'à chaque fois qu'il la tape, il veut en faire quelque chose. Je pense qu'il va encore prendre trois ou quatre centimètres et il mesure déjà 1 mètre 88. Et son haut du corps est encore 'jeune' pour ainsi dire et évoluera encore probablement."
Rune, qui s'est aussi distingué en dominant sèchement Alexander Zverev (6-3, 6-2) sur la route de son premier titre à Munich cette année, a autour de lui une équipe déjà très étoffée. Epaulé par sa mère Aneke et son entraîneur de toujours Lars Christensen, le jeune Danois bénéficie des services d'un préparateur physique personnel Lapo Bercchini ainsi que d'un spécialiste des statistiques (Mike James, détaché de la Mouratoglou Tennis Academy). Ce dernier l'aide à préparer ses matches en analysant ses adversaires, tout en décortiquant ses propres performances pour progresser dans des secteurs bien déterminés.
A 19 ans, Rune est donc déjà un modèle de professionnalisme, une caractéristique qu'il partage avec ses quatre talentueux collègues du même âge (ou presque) qui font déjà partie du Top 25 : Lorenzo Musetti (20 ans et 23e), Jannik Sinner (21 ans, 12e, multiple quart-de-finaliste en Grand Chelem qui a déjà été Top 10), Félix Auger-Aliassime (22 ans, 9e et demi-finaliste à l'US Open) et Carlos Alcaraz, vainqueur de l'US Open et numéro 1 mondial évidemment. Toni Nadal avait d'ailleurs accepté d'aider "F2A" avant tout parce qu'il avait été convaincu par l'état d'esprit et la force de travail du Canadien.

Face au "Big 3", la "Next Gen" a essuyé les plâtres

Juan Carlos Ferrero a fait le même constat avec Carlos Alcaraz, dont il ne cesse de louer l'engagement et la passion. Avec le recul, ses remarques acerbes à l'endroit d'Alexander Zverev avec lequel il avait collaboré pendant une courte période - il s'était plaint notamment des retards de l'Allemand à l'entraînement pour expliquer leur séparation - ont désormais une résonance particulière. Mentalement, ces jeunes loups sont peut-être plus armés, ils mettent en tout cas toutes les chances de leur côté.
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Medvedev est revenu de l'enfer : sa victoire épique contre Auger-Aliassime en vidéo

Reste que les Alcaraz, Sinner, Auger-Aliassime, Musetti et autres Rune ont aussi un avantage fondamental : eux n'ont pas essuyé les plâtres. Si l'ATP a autant mis en avant leurs prédécesseurs et cette fameuse "Next Gen", c'est parce qu'elle cherchait (parfois presque à outrance) des visages pour représenter la relève de l'omnipotent "Big 3". Attendus au tournant, les Zverev, Tsitsipas et Medvedev - même si le Russe a fini par briser le plafond de verre à l'US Open 2021 - ont encaissé parfois de trop sévères critiques devant leur incapacité à faire tomber les géants modernes du jeu.
Roger Federer à la retraite, Novak Djokovic parfois empêché de jouer par son statut vaccinal et Rafael Nadal à la merci d'un corps meurtri, l'espace est désormais plus clair pour s'exprimer. De quoi décupler les ambitions, surtout des plus jeunes qui sentent les opportunités se multiplier. Dans cette perspective, la saison 2023 pourrait faire office de tournant. Car l'ancienne "Next Gen" ne manque assurément pas d'orgueil et ne se laissera pas déborder sans réagir. Et de cette émulation, le tennis ressortira assurément gagnant.
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