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ATP Buenos Aires - "Son service laisse à désirer" : Carlos Alcaraz a-t-il besoin de se réinventer ?

Maxime Battistella

Mis à jour 14/02/2024 à 16:21 GMT+1

Carlos Alcaraz reprend la compétition cette semaine à Buenos Aires deux semaines et demie après son élimination en quart de finale de l'Open d'Australie. Ce retour sur terre battue sera vraisemblablement l'occasion pour le numéro 2 mondial de reconstruite une dynamique positive alors qu'il semble stagner depuis quelques mois. Dans quels secteurs peut-il encore s'améliorer ?

Alcaraz doit-il changer son jeu ? "Parfois il s'entête et manque d'adaptation"

Le phénomène a tant ébloui la planète tennis ces deux dernières saisons que le voir rentrer dans le rang a quelque chose d'incongru. Mais force est de constater que Carlos Alcaraz fait moins d'étincelles depuis six mois et une finale d'anthologie perdue sur le fil à Cincinnati contre Novak Djokovic. En six tournois joués depuis, il ne s'est d'ailleurs plus battu la moindre fois le dernier dimanche pour un trophée, avec deux échecs majeurs en demie de l'US Open contre Daniil Medvedev en septembre et en quart de l'Open d'Australie face à Alexander Zverev en janvier.
Alors comment peut-il relancer la machine ? Déjà en renouant avec la victoire en tournoi d'où peut-être son inscription sur la terre battue de Buenos Aires comme l'an dernier, un ATP 250 sur terre battue dont il est tête de série principale, tenant du titre et ultra-favori. Mais aussi et surtout en faisant avancer son tennis. Dans son podcast "Served", Andy Roddick a d'ailleurs mis en lumière récemment une faille technique certaine dans l'arsenal pourtant déjà si fourni du Murcien : son engagement.

Sur première, l'exemple Federer

"Je pense que son service laisse beaucoup à désirer. C'est la seule chose qui n'a vraiment pas beaucoup progressé dans son jeu sur les deux dernières années. Je me souviens quand il a gagné à Miami en 2022, il servait aux alentours de 215-220 km/h sur première, maintenant j'ai l'impression qu'il est plus aux alentours de 205. Et il n'y a pas beaucoup d'effet dans sa balle, excepté quand il choisit de kicker", a ainsi considéré l'ex-champion américain qui sait de quoi il parle en matière de service.
Et l'impression de Roddick est largement confirmée par les chiffres. Sur l'ensemble de sa jeune carrière, Alcaraz a servi en moyenne 65 % de premières balles, ce qui n'a rien d'infamant certes, mais pour un taux de points gagnés derrière de 71 % bien modeste pour un numéro 2 mondial. En 2022 comme en 2023, saisons lors desquelles il a gagné ses deux titres en Grand Chelem à l'US Open et Wimbledon, ses statistiques sont sensiblement restées les mêmes (66 % de premières pour 72 % de réussite derrière), ce qui témoigne d'un vrai axe de progression pour l'avenir.
Comment le Murcien pourrait-il s'y prendre ? "A-Rod" a sa petite idée. "Parmi les grands serveurs, certains frappent à 220 km/h à plat, mais si vous arrivez à anticiper, vous pouvez renvoyer la balle comme elle est venue. Et puis, il y a les serveurs comme Federer qui envoient leur première à 190 et la balle glisse de votre raquette, elle vous échappe. Et ça vous force à mal relancer ou à rendre une balle qui n'est pas propre. Il faut qu'Alcaraz mette un peu de rotation sur sa première balle, surtout vu la qualité de son deuxième coup de raquette et sa capacité à dicter en fond de court. En ce moment, même son service slicé semble trop franc en quelque sorte."
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"Alcaraz doit apprendre à gérer certains moments délicats"

Trop de fougue, pas assez de structure

Le service apparaît donc comme un chantier important. Mais y en a-t-il d'autres sur le plan technique ? A vrai dire, ce n'est pas si évident. "Carlitos" possède sans doute actuellement le meilleur coup droit du circuit en termes de puissance pure, il est capable d'agresser en revers croisé comme le long de la ligne, son slice de ce côté étant aussi abouti. L'amortie est également un coup qu'il maîtrise à la perfection et son toucher de balle à la volée fait déjà beaucoup d'envieux. Reste que quelque chose cloche dans son tennis depuis quelques mois.
"Il a certes gagné deux Grands Chelems, ça a été une fusée dans son ascension, mais parfois on sent que les choses ne sont pas encore bien ancrées, relève ainsi notre consultant Arnaud Di Pasquale. Quand les sensations sont moins bonnes, c'est à ce moment-là qu'on voit si un joueur dégage de la sérénité, de l'expérience. Il dégage encore beaucoup de fougue, et quand ça va moins bien, les choses peuvent se dérégler. Il y a de la précipitation. Il ne fait pas forcément les bons choix. Alors il arrive à s'en sortir contre plein d'adversaires parce qu'il est hors normes physiquement, grâce à sa puissance et à son agressivité. Mais il peut se retrouver à faire beaucoup de fautes. On sent presque un jeu un peu fragile parfois."
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Impressionnant face à un pâle Alcaraz, Zverev a fait déjouer l'Espagnol : le résumé

La terre pour travailler tactiquement

Si Alcaraz a tous les outils ou presque, il ne les utilise pas forcément toujours à bon escient. Il le doit à une certaine baisse de confiance depuis quelques mois, mais peut-être aussi à un manque de schémas installés tactiquement, qui le rassurent. A force de vouloir être spectaculaire, il en oublie parfois la construction. Et si certains progrès sont envisageables dans les détails techniquement, c'est peut-être sur le plan tactique qu'il doit se recentrer. Autant pour se rassurer que pour surprendre à nouveau ceux qui ont eu désormais le temps d'étudier son tennis, ses grandes forces, comme ses rares faiblesses.
Ce retour sur terre a aussi du sens dans cette optique : solidifier un niveau moyen, un fond de jeu qui s'est effiloché dernièrement. Mais pas de panique, le loustic n'a après tout pas encore 21 ans… "Ce sera plus facile sur terre de trouver ces petits ajustements, abonde Arnaud Di Pasquale. Vu ses qualités physiques, vu sa palette technique, vu son toucher de balle, vu son ambition, il va faire ces progrès. C'est impossible qu'il n'y parvienne pas vu son envie de travailler. Ces deux dernières années, c'était un Martien quoi qu'il arrive ! C'est de l'ordre du détail. Et le jour où il y arrivera, ça va être monstrueux."
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