ATP Finals - Toujours plus offensif : comment Alexander Zverev prépare à Turin sa version 2025

De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace. Voilà désormais son credo. Revenu à son tout meilleur niveau en 2024, Alexander Zverev s'est toutefois heurté à ses limites notamment en finale de Roland-Garros. Alors il veut les repousser. Vainqueur du dernier Rolex Paris Masters à Bercy, il avait doublé ses sessions d'entraînement, en ajoutant après ses matches, pour travailler des aspects de son jeu comme le service et le coup droit en vue de la saison prochaine. La méthode avait plus que porté ses fruits sur le court, notamment dans son jeu vers l'avant. À Turin, il prolonge cette dynamique.

L'Allemand, assuré de finir l'année numéro 2 mondial après avoir battu et éliminé Carlos Alcaraz, en est désormais à 8 victoires d'affilée et il jouera samedi pour son 70e succès de l'année, un sacré accomplissement mine de rien. "C'est sympa d'atteindre un nombre si élevé, mais ce n'est pas quelque chose auquel vous pensez trop, a-t-il relevé en conférence de presse. Je pense à essayer de gagner de gros tournois, de progresser en vue de l'année prochaine pour rivaliser avec Carlos et Jannik (Sinner). J'ai plus ça à l'esprit. Mais je suis heureux d'être en demi-finale. J'ai l'opportunité d'affronter Taylor à nouveau, qui m'a battu les deux dernières fois à Wimbledon et à l'US Open. J'ai hâte."

Et pour rattraper son retard sur le duo hispano-italien, un chemin s'impose pour Zverev, celui de l'offensive. L'intéressé a souvent payé sa passivité dans les grands moments. Ce fut le cas évidemment lors de cette finale du côté de la Porte d'Auteuil qui l'a vu mener deux sets à un contre Carlos Alcaraz avant de se liquéfier. Et puis plus récemment à nouveau face à Taylor Fritz en quart de finale de l'US Open. Quelques semaines plus tard lors de la Laver Cup, Roger Federer himself avait regretté publiquement ce manque de prise d'initiative chez l'Allemand.

La remarque aurait-elle piqué Zverev ? Toujours est-il qu'il a fait le même diagnostic. "Tout le monde parle des qualités défensives de Carlos et Jannik. Mais ils ne défendent plus beaucoup. Le tennis de haut niveau ne se joue plus sur la défense. C'était le cas voici quelques années quand le jeu était assez différent, un petit peu plus lent. Maintenant, ces gars ne jouent que l'attaque, 90 % du temps. Il s'agit de s'assurer de pouvoir suivre leur rythme offensivement, en termes de vitesse des coups de fond de court aussi", a-t-il développé devant les journalistes.

Face à Alcaraz à Turin, au-delà du résultat final positif, Zvevev a frappé pas moins de 29 coups gagnants, soit trois de plus que l'Espagnol, connu pour son tempérament offensif. Certes, il a aussi servi trois aces de plus, mais la statistique montre donc bien qu'il a été au moins aussi entreprenant que son rival dont l'identité de jeu est attachée à l'attaque. Quelque chose se passe indubitablement dans le tennis de l'Allemand, conséquence logique d'un changement d'état d'esprit.

"Ne pas reculer, prendre l'initiative dans les moments les plus importants. C'est dans ce domaine où j'ai eu le plus de mal dans ma carrière : faire confiance à mes coups et m'engager totalement quand j'en ai besoin. Je pense que c'est quelque chose que j'ai besoin de continuer à travailler. J'espère que ce sera soit encore mieux l'année prochaine", a-t-il encore estimé.

Zverev ne décroche plus de sa ligne de fond – sauf volontairement au retour pour se donner plus de temps – à l'échange. Au contraire, il a même beaucoup plus tendance à avancer, bien aidé par la formidable rampe de lancement que constitue son impressionnante première balle. A Turin, il s'est de plus en plus aventuré au filet au fur et à mesure des matches : 7 montées contre Andrey Rublev, 12 contre Casper Ruud et… 20 face à Carlos Alcaraz. Sa réussite dans ce domaine est d'ailleurs très intéressante : 100 % de points gagnés à la volée contre le Russe et l'Argentin, 55 % contre l'Espagnol.

Et si Zverev a été nettement moins efficace contre Alcaraz au filet, c'est parce que l'Espagnol est un meilleur passeur mais aussi parce que l'Allemand a pris plus de risques – comme celui payant d'enchaîner service-volée amortie sur seconde en milieu de 2e set –, comme convaincu que c'était la voie à suivre. Et il peut évidemment encore progresser dans ce secteur. "Le jeu au filet est un sujet sur lequel nous travaillons à 100%. Je n'ai pas encore la volée de mon frère (Mischa, gaucher serveur-volleyeur, NDLR). C'est pour ça que je ne suis pas numéro 1 mondial, mais numéro 2", a-t-il lâché dans un sourire.

Zverev le sait : c'est en répétant inlassablement ces schémas offensifs qu'il arrivera ensuite à les utiliser dans les moments de grande tension. Et c'est bien ce qui pourrait faire la différence, comme le fait de ne voir dans le résultat brut que la conséquence logique de cet état d'esprit conquérant. Face à Taylor Fritz, symbole de son dernier échec en Grand Chelem, la méthode va passer un nouveau test intéressant. Le Zverev 2025 est peut-être arrivé avec un peu d'avance.