ATP Madrid : De retour de blessure et en quête de triplé, Carlos Alcaraz n'a plus de temps à perdre avant Roland-Garros

Sur le papier, il était peut-être le grand favori de la saison sur terre battue. D'abord en raison de ses références sur la surface ces deux dernières saisons, ensuite parce que Novak Djokovic, vainqueur de Roland-Garros en 2023, s'est aménagé un calendrier ultra-léger. Mais Carlos Alcaraz a dû composer avec une blessure qui a retardé sa transition sur ocre. Touché à l'avant-bras droit, il a fait l'impasse pour la seconde année consécutive sur Monte-Carlo où il n'a toujours pas gagné un match, puis Barcelone dont il était tenant du titre. Autant dire qu'il manque de références à l'heure de s'engager à Madrid, vendredi pas avant 16h sur Eurosport.

"C'était difficile de manquer Barcelone, je ne vais pas mentir, a-t-il confié à Eurosport avant le tournoi. Mais une fois que j'ai décidé de ne pas y jouer, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour récupérer au mieux et être capable de jouer ici à Madrid. C'est un tournoi spécial pour moi et je pouvais sentir l'amour des gens qui me regardaient à l'entraînement cette semaine." Avec Rafael Nadal, Carlos Alcaraz monopolise en effet l'attention dans la capitale espagnole où il a également assisté au Clasico entre le Real et le Barça dimanche dernier et aux Laureus Sports Awards lundi.

Difficile dans ces conditions de rester concentré sur l'essentiel, c'est-à-dire le tennis. Le double tenant du titre sera-t-il vraiment en état de lutter pour un triplé inédit dans la Caja Magica ? A Monte-Carlo, son incapacité à frapper un coup droit à pleine puissance lors des séances avant son retrait de la compétition était des plus préoccupantes. Mais il y a eu des progrès ces derniers jours. S'il se fait encore masser la zone douloureuse et arbore un manchon de protection, il n'a pas semblé gêné outre mesure, sans forcer il est vrai.

Sur ce sujet sensible, son entraîneur Juan Carlos Ferrero s'est d'ailleurs montré optimiste lors des Laureus Sports Awards lundi. "Carlos est très enthousiaste, il a très envie de reprendre. Il a regardé les derniers tournois à la télévision, et ce n'est jamais positif pour un joueur de les manquer d'un point de vue mental. Cette semaine, il commence un peu à voir la lumière au bout du tunnel. Il s'est très bien senti à l'entraînement, ce qui est très positif pour le reste de la semaine et pour tenter de se préparer au mieux", a-t-il considéré au micro d'Eurosport.

Motivé à l'idée de se produire devant le public espagnol, dont ses amis et sa famille, Alcaraz espère se donner les moyens de monter en puissance au fur et à mesure du tournoi. Ce manque de repères pourrait toutefois le pénaliser, surtout dans les conditions particulières d'altitude qui font davantage "voler" les balles, et ce même s'il s'y était très bien acclimaté en 2022 et 2023. L'intéressé, retombé à la 3e place mondiale, ne serait pas contre voir son statut de favori local un peu plus éclipsé par la dynamique remarquable d'un Jannik Sinner, l'homme fort de la saison avec ses 25 victoires pour 2 défaites.

"Il est dangereux. C'est le meilleur joueur du monde en ce moment, a insisté "Carlitos" en conférence de presse d'avant-tournoi. Je pense que certaines personnes croient que son tennis ne s'adapte pas bien à la terre battue, mais il a eu des résultats dessus (demi-finaliste récent à Monte-Carlo, victime d'ailleurs d'une erreur cruciale d'arbitrage, NDLR). Il peut gagner chaque tournoi sur lequel il s'aligne. Et évidemment, c'est un rival comme Novak pour la place de numéro 1. J'essaie de m'accrocher, mais honnêtement, ça va être difficile."

Malgré ce retard à l'allumage sur terre battue, un bon parcours à Madrid suivi d'un autre à Rome suffirait largement à préparer idéalement Alcaraz pour Roland-Garros. Certes, le Murcien ne compterait ainsi que deux gros tournois de préparation mais il a déjà joué sur terre battue cette saison en février à Buenos Aires (avant de se blesser à Rio de Janeiro). Son triomphe à Indian Wells sur dur certes, mais dans des conditions lentes et rebondissantes pas si éloignées de l'ocre, est de nature aussi à lui donner confiance. Et peut-être abordera-t-il le Grand Chelem parisien avec une fraîcheur mentale et physique déterminante en fin de quinzaine…

"L'objectif, c'est d'être en bonne santé, d'avoir de bonnes sensations et d'obtenir des résultats. Evidemment, le sommet de la saison sur terre, c'est Roland-Garros. Il l'a dans la tête et ça arrivera un jour. Quand ? Je ne sais pas. Espérons cette année", a encore considéré son mentor Juan Carlos Ferrero. Reste désormais à passer l'épreuve du feu et à tester cet avant-bras droit lors de son entrée en lice au 2e tour face à Alexander Shevchenko vendredi. Histoire de dépasser l'appréhension et de repasser en mode conquête.