Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Carlos Alcaraz et Juan Carlos Ferrero, ce si précieux duo

Laurent Vergne

Mis à jour 04/04/2022 à 14:12 GMT+2

MASTERS 1000 MIAMI – Carlos Alcaraz a franchi une étape importante dimanche en glanant à moins de 19 ans le premier Masters 1000 de sa carrière. Mais par-delà le résultat brut, il retiendra sans doute aussi la communion avec son entraîneur. Revenu d'Espagne la veille de la finale après avoir eu la douleur de perdre son père, Juan Carlos Ferrero ne voulait pas manquer l'avènement de son joueur.

De la joie d'Alcaraz aux larmes de Ferrero : la balle de match historique de l'Espagnol en vidéo

Miami, samedi soir. Juan Carlos Ferrero retrouve Carlos Alcaraz, qu'il avait dû laisser seul en Floride. Mais c'est bien l'aîné qui a besoin de soutien et de réconfort. L'entraîneur voit son élève s'approcher de lui et le prendre dans ses bras. Il n'avait pas prévenu son poulain de son retour aux Etats-Unis. "Je ne le savais pas, il m'a fait la surprise, a confié le jeune champion espagnol. L'avoir avec moi dans le box pour ma première finale de Masters 1000, c'était vraiment super."
Ce début de printemps marquera à jamais une étape importante dans la carrière naissante du Murcien. Pour Juan Carlos Ferrero, la confusion des sentiments est à son sommet. En quelques jours, un ineffaçable chagrin, la perte de son père, et une immense fierté avec ce couronnement de son protégé. Personne n'a assisté "en direct" à cette étreinte entre les deux hommes, mais tout le monde a pu voir la seconde, dimanche soir, au Hard Rock Stadium, après la victoire en finale de Carlos Alcaraz contre Casper Ruud.
Une séquence très forte, avec un Ferrero en larmes, qui témoigne de la force du lien entre l'ancien numéro un mondial et celui qui espère un jour atteindre ce sommet. Professionnellement parlant, cette association s'apparente à une union parfaite. Mais humainement, la relation n'est pas moins forte. "Pour connaître le succès dans le travail, vous devez avoir une relation où l'amitié et la loyauté jouent un rôle important", a estimé le vainqueur de Roland-Garros en 2003 dimanche. Après la finale, comme il l'avait déjà fait précédemment cette semaine, Alcaraz a signé la caméra sur le court pour rendre hommage au papa de son coach, Eduardo, avec ce message : "Eduardo toujours avec nous".
picture

Miami et Ruud n'ont pas pu lui résister : les temps forts de la victoire d'Alcaraz en finale

C'est un gamin spécial et un joueur spécial
Malgré la douleur, "El Mosquito" tenait absolument à être auprès de son joueur pour le match le plus important de sa carrière jusqu'ici. "Ce sont des moments très difficiles pour moi, mais une autre chose me rendait triste : avoir laissé Carlos tout seul à Miami", a même expliqué Ferrero. Tout le monde, à commencer par Carlos Alcaraz, aurait compris, compte tenu des circonstances, que son entraîneur ne rentre pas à temps. Mais lui n'imaginait pas autre chose. Et peut-être en avait-il autant besoin que son poulain.
Il y a sans doute pire situation que d'entraîner le prodige Alcaraz pour obtenir des résultats sur le circuit, mais la réciproque est vraie. Depuis qu'il a pris sous son aile le futur grand d'Espagne en 2019 alors que celui-ci avait à peine 16 ans, Ferrero lui a énormément apporté, sur et en dehors du court. "Juan Carlos me parle beaucoup, a-t-il révélé sur le site officiel de l'ATP ce week-end. Ce que j'admire le plus chez lui, c'est tout ce qu'il parvient à m'apprendre. Tout ce que je vais devoir vivre dans ma carrière, il l'a déjà vécu et il peut me le transmettre. Il peut aussi me permettre d'éviter de commettre des erreurs qu'il faisait peut-être à mon âge."
picture

Ferrero - Alcaraz, le duo parfait ?

Crédit: Imago

Quand on s'occupe d'un tel surdoué, l'aspect psychologique n'est pas loin d'être aussi essentiel que la partie technique. Alcaraz a entendu beaucoup de choses ces trois dernières années. Qu'il est le nouveau Nadal. Qu'il sera un jour numéro un mondial. Qu'il est appelé à dominer son sport. Et ainsi de suite. Tout cela est de nature à tourner la tête, et Ferrero s'est toujours attaché à ne pas minimiser son potentiel tout en le protégeant des commentaires extérieurs susceptibles d'agir comme autant d'éléments perturbateurs.
"Il a beaucoup travaillé ces dernières saisons, a rappelé le coach à Miami. Je me souviens que, quand je l'ai vu pour la première fois à Murcie, à 14 ans, il semblait presque perturbé d'avoir marqué ses premiers points ATP. Désormais, je suis certain qu'il se sent beaucoup plus à l'aise avec ce qu'il est. Il est devenu charismatique. Comme joueur de tennis, il a toujours eu un potentiel énorme, mais il a aussi beaucoup travaillé pour le faire fructifier. C'est un gamin spécial et un joueur spécial. Depuis toujours."

Rêves de Roland

Son père, Carlos Senior, a été le premier point de repère du jeune Carlos. Son premier professeur de tennis, aussi. Joueur de très bon niveau qui rêvait de devenir Manuel Santana, il n'a pu atteindre ses rêves, mais a transmis sa passion et son ambition à son fils. En Juan Carlos Ferrero, le nouveau crack du circuit a sans doute trouvé le relais idéal à la figure paternelle. "Juanki" aurait l'âge d'être son père, lui aussi (ils ont 23 ans de différence), mais c'est davantage un rapport de grand frère qui les unit. A l'évidence, ils ont trouvé l'équilibre nécessaire entre rapport professionnel et personnel.
Pour le duo ibérique, cette dernière semaine aura valeur de double confirmation. Celle de la justesse de leur travail commun, qui produit des fruits si précoces, et celle de la force de leur relation. Si Ferrero a évidemment traversé les moments les plus pénibles, Alcaraz aurait pu être perturbé par la situation, lui aussi. Et dans une certaine mesure, il l'a été, selon son entraîneur. "Il m'a dit que mentalement, il avait du mal à être à 100% ces derniers jours, a dévoilé Ferrero. Mais le simple fait d'avoir la lucidité de le sentir est déjà extraordinaire. Il s'est comporté en grand champion. C'est vraiment un gamin spécial."
Juan Carlos Ferrero n'est pas du genre rêveur, mais il a en tête une date symbolique : Roland-Garros 2023. Le vingtième anniversaire de son unique titre en Grand Chelem. Il pourrait coïncider avec le premier de son jeune champion, qui serait alors âgé de 20 ans. C'était le plan. A la vitesse où vont les choses, on peut commencer à se demander si Carlos ne rejoindra pas le Moustique plus tôt que ça.
picture

D'Alcaraz à Cerundolo, Miami a vécu dix jours de dingue

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité