ATP Monte-Carlo 2024 | Stefanos Tsitsipas titré et ressuscité : "C'est le signe que je suis capable de grandes choses"

Tout va très vite dans le sport de haut niveau. La formule est particulièrement éculée, mais elle a sans doute rarement été aussi adaptée que pour Stefanos Tsitsipas cette semaine. Moribond depuis près d'un an sur le circuit, en pleine stagnation puis régression et sorti du Top 10 en février pour la première fois depuis 2019, le Grec a semblé renaître sur la terre battue de Monte-Carlo. En quelques jours, il est donc passé de zéro à héros, triomphant avec la manière de Casper Ruud dimanche en finale (6-1, 6-4) pour aller au bout d'un parcours de rêve.

Il avait beau espérer à Miami que le passage sur terre battue changerait son visage, c'était une manière de sauver les apparences face aux caméras du circuit. Et il l'a confirmé en conférence de presse ce dimanche. "J'avais vraiment besoin d'une semaine comme celle-ci, surtout après les derniers mois que j'ai traversés depuis la seconde moitié de saison 2023, a-t-il insisté. Ce n'était pas la meilleure des périodes, donc revenir ici et gagner le titre, c'est quelque chose que je ne visais pas et c'est venu naturellement. Je n'aurais jamais imaginé gagner ce tournoi trois fois, même quand je l'ai gagné la première fois. C'est un super sentiment et ce lieu est spécial pour moi. Obtenir cette Sainte Trinité, comme je l'appelle, c'est quelque chose que je chérirai."

Mais plus que le résultat, aussi important soit-il – il s'agissait de son premier titre depuis 8 mois et son sacre à Los Cabos –, c'est bien la qualité du tennis proposé qui rend le Grec le plus fier. Comme Ruud lui-même l'a avoué face aux journalistes, ses failles si béantes ces derniers temps notamment en revers semblaient avoir disparu cette semaine. Il a été capable d'imprimer beaucoup de rotations à la balle de ce côté et de repousser ses rivaux dans cette diagonale si problématique pour lui. Et en coup droit, il a été redoutable. Tant et si bien qu'en l'espace d'une semaine, il semble avoir raccroché les wagons avec les tout meilleurs, du moins sur ocre.

"Je dirais probablement que cette semaine a été la meilleure, comparée à mes deux précédentes victoires, en termes de niveau, a-t-il estimé. J'ai joué parfois du tennis incroyable. Vous pourriez me dire : 'Stef, tu as gagné la première fois ici sans perdre de set, ne serait-ce pas ta meilleure performance à Monte-Carlo ?' Et je vous répondrais : 'Pas exactement.' En demi-finale, j'ai affronté un joueur de classe mondiale qui a refusé de perdre contre quiconque cette année et qui était sur une très bonne série. Surmonter cet obstacle, c'est le signe que mon tennis progresse. Et confirmer face à Casper, qui est un très bon joueur de terre, comme il l'a montré en atteignant plusieurs finales à Roland-Garros, c'est le signe que je suis capable de grandes choses."

Battre le quasi-invincible Sinner dans le dernier carré – seul Carlos Alcaraz y était parvenu jusqu'ici en 2024 – n'a effectivement rien d'anodin. Et ce même si les circonstances ont été favorables à Tsitsipas avec cette erreur d'arbitrage dont il a bénéficié. Il n'empêche : l'Italien avait tout de même encore un break d'avance et le Grec a su hausser son niveau pour renverser la table. Autre constat intéressant dans ce tournoi : pour aller chercher la gagne, il a battu trois membres du Top 10 d'affilée, ce qui ne lui était plus arrivé depuis son triomphe au Masters en… 2019.

En quelques jours, Tsitsipas est donc sorti du relatif anonymat dans lequel il avait plongé, retrouvant une trajectoire ascendante. Et dans le discours, tout a aussi changé. Lui qui semblait accepter son déclassement dernièrement a retrouvé l'envie d'avancer. "Il faut juste que je garde l'esprit ouvert, que je continue à m'améliorer, a-t-il encore souligné. J'ai vu quelques petites choses que je sens pouvoir faire progresser aujourd'hui. Je le dis souvent après des défaites, mais même après des victoires, il y a beaucoup à apprendre. L'autre jour, Sinner m'a poussé dans mes retranchements, et j'ai dû atteindre un niveau sur le plan physique que je n'avais plus atteint depuis longtemps."

Non seulement il va retrouver le Top 10 la semaine prochaine à la 7e place mais il va aussi refaire vite partie des favoris à Roland-Garros s'il continue sur cette trajectoire. Car avec ce niveau, toutes les ambitions redeviennent possibles et son langage corporel ne trompait pas sur le Rocher. Et qui de mieux pour analyser ce retour de flamme que celui qui le côtoie le plus souvent au plus près ?

"Il mérite des félicitations pour cette semaine et sa coopération avec l'équipe et avec moi parce c'est un aspect très important. Je ne suis pas seulement son coach, je suis son père et il a été très professionnel, a témoigné Apostolos Tsitsipas devant les journalistes. Je n'ai jamais douté qu'il rejouerait à ce niveau. Stefanos, c'est un rêveur. Il est aussi encore jeune dans sa tête, dans son âme. Et comme tous les jeunes, il a besoin de croire en la vie, aux cibles qu'on lui fixe. C'est pour ça que nous sommes là, pour lui rappeler qu'il mérite d'être ce qu'il est."